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Tobias Dunschen

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Tobias Dunschen, rédacteur. Découvrir tous ses articles.

Critique : Toute première fois

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La vitesse à laquelle la représentation des gays au cinéma a accompli son cercle de vie n’est pas vraiment faite pour nous réjouir. Après des décennies de discrimination et quelques années d’affirmation valorisante, elle est désormais arrivée au stade de la ringardise. Puisque tous les cas de figure de découverte et d’acceptation de l’homosexualité paraissent d’ores et déjà avoir eu droit à un film qui en traite, il ne reste plus qu’à emprunter le chemin inverse, c’est-à-dire de fuir la banalité supposée de l’amour entre hommes ou entre femmes, pour mieux redécouvrir la complémentarité d’un couple hétérosexuel. Pareil raisonnement très suspect aboutit à des films aussi navrants que Toute première fois, une comédie mi-figue, mi-raisin, qui ne fait guère rire, mais qui, par contre, en dit long sur l’état d’esprit somnolent des Français au sujet des couples gays.

Critique : Les Règles du jeu

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Difficile de démarrer dans la vie active, alors que le contexte économique est morose et qu’aucun aspect du CV ne permet de se distinguer des milliers d’autres jeunes en quête d’un premier emploi. Pour faire la différence, il faudra alors savoir vendre une personnalité guère séduisante, qui traîne encore avec elle les attributs physiques et mentaux de l’adolescence. Quel est donc notre soulagement de ne pas être au chômage et, en même temps, quelle belle leçon en réalisme social que ce documentaire, qui suit une poignée de jeunes postulants à l’attitude et au destin fort variés !

Critique : Le Temps de l’innocence

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Sublime, tout simplement sublime ! Un mot suffirait pour exprimer ce que ce chef-d’œuvre de Martin Scorsese nous inspire toujours, après l’avoir revisité maintes fois depuis sa sortie au milieu des années 1990. Le faste enivrant des décors et des costumes y est au service d’une histoire, qui traite justement du poids écrasant des obligations sociales, face aux questions plus passionnelles du cœur. Le contexte historique est transcendé par la valeur universelle de cet amour impossible, tout comme Le Temps de l’innocence est un film qui se bonifie avec le temps. A moins que ce ne soit notre regard sur l’existence, enrichi par vingt ans d’expérience de vie personnelle, qui y rajoute progressivement des niveaux de lecture complémentaires.

Critique : La Dame en noir 2 L’Ange de la mort

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En l’absence de Daniel Radcliffe ou de toute autre tête d’affiche au nom à peu près accrocheur, cette suite de La Dame en noir aurait pu n’être qu’une vilaine petite production mercantile, qui profite du succès relatif du premier sans faire preuve d’innovation. Il y a certes un peu de cette paresse en termes d’originalité, aussi vieille que le cinéma lui-même, qui consiste à ne pas modifier une formule qui a porté ses fruits auparavant. Mais ce film d’épouvante très solide s’inscrit surtout dans la tradition des productions Hammer, suspendue depuis les années 1970, qui savaient effrayer leur public selon un cahier de charges diablement efficace.

Critique : Bons à rien

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En seulement trois films, le réalisateur italien Gianni Di Gregorio a réussi ce qui a pris une filmographie entière chez des géants de la comédie cinématographique comme Jacques Tati et Woody Allen : créer un personnage récurrent dans un univers vaguement autobiographique, qui y stagne de la façon la plus amusante imaginable. Son Gianni n’est guère le prototype du séducteur vieillissant, qui n’a plus que son machisme italien pour s’imaginer des conquêtes féminines. Il n’est pas non plus tout à fait un fainéant vulgaire, qui laisserait les autres travailler à sa place. Non, ce personnage magnifique est tout cela à la fois et en même temps animé par un masochisme burlesque qui ne cessera jamais de nous faire rire aux éclats.

Critique : L’Abri

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C’est l’hiver. Il fait un peu froid sur la région parisienne, mais pas non plus assez pour que l’on se fasse des soucis, outre mesure, pour les personnes qui vivent dehors. De toute façon, ces dernières se sont fait voler la vedette, en termes de couverture médiatique, par les événements récents, plus dangereux pour notre ressenti immédiat de sécurité et de confort que la peur diffuse de dégringoler un jour l’échelle sociale jusqu’à devenir un sans-abri. Nous sommes tout à fait conscients de la laideur de ce constat, aussi implacable et objectif soit-il. Heureusement, des documentaires coup-de-poing comme celui-ci existent, qui nous arrachent à notre torpeur et notre indifférence !

Critique : Comment l’esprit vient aux femmes

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Le titre français de cette comédie hollywoodienne du début des années 1950 déborde carrément de sous-entendus misogynes. Or, au lieu d’administrer la prétendue sagesse masculine à la gente féminine sur le ton d’une condescendance paternelle, ce film constitue un pamphlet plutôt sophistiqué et légèrement en avance sur son temps en faveur d’un personnage pas aussi bête qu’il ne paraît. Simplement irrésistible grâce à son mélange de féminisme et d’érotisme, l’actrice Judy Holliday y interprète avec bravoure son rôle le plus mémorable, aussi parce qu’elle avait su s’imposer à l’époque dans la course à l’Oscar de la Meilleure actrice face à deux monstres sacrés dans des chefs-d’œuvre intemporels : Bette Davis dans Eve de Joseph L. Mankiewicz et Gloria Swanson dans Boulevard du crépuscule de Billy Wilder.

Critique : Sud Eau Nord Déplacer

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L’eau devient une ressource naturelle de plus en plus rare, au fur et à mesure que la population mondiale s’accroît et que les effets secondaires du changement climatique s’accentuent. Alors que sa pénurie ne constitue pas encore une urgence vitale en Europe, elle devient déjà palpable en Chine. Ce géant asiatique sur le chemin de la croissance aura en effet du mal à fournir une eau propre à ses milliards d’habitants, face à de vastes paysages en voie de désertification. Le problème n’est pas nouveau, même si la mise en chantier de l’opération gigantesque de déviation indirecte des principaux fleuves du pays s’est faite assez abruptement. Ce documentaire français cherche à tenir compte d’une multitude d’aspects du programme « Sud Eau Nord Déplacer », au risque de s’éparpiller et de ne pouvoir s’appuyer que sur une certaine virtuosité visuelle pour rendre son sujet attrayant.

Critique : Bébé tigre

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Derrière les chiffres froids et impersonnels de l’immigration se cachent souvent des destins personnels bouleversants. Il appartient alors au cinéma de fiction d’en témoigner, de préférence sans misérabilisme, ni chantage émotionnel. Pari réussi pour cette histoire au fond plutôt banale, qui sait néanmoins convaincre par son optimisme mesuré. La face angélique de l’acteur principal, amplement mise en valeur sur l’affiche de Bébé tigre et dans le film lui-même, y est un leurre astucieux pour nous rendre plus accessible le parcours d’un jeune homme, en plusieurs points emblématique de la forme actuelle de l’immigration pour raisons économiques.

Critique : Les Nuits d’été

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Si être homosexuel n’a jamais été facile, en dépit d’une récente poussée de tolérance dans certains pays occidentaux, obtenue au bout de longues années de lutte, être un travesti signifie de faire partie d’une minorité au sein d’une autre minorité, tout en étant la cible de railleries de tous bords. Cette envie de faire siens les attributs extérieurs féminins tout en restant un homme renvoie à une iconographie du mépris et de l’exclusion, dont la figure de proue cinématographique reste hélas jusqu’à ce jour La Cage aux folles. Le premier film de Mario Fanfani a le bon goût de ne pas du tout s’engager sur cette voie d’une discrimination plus ou moins larvée. Il va même plus loin en esquissant délicatement une sorte d’état des lieux et des mœurs dans la France profonde de la fin des années ’50, où la guerre d’Algérie préoccupait l’opinion publique au point de mal la préparer au choc moral de ’68.

Critique : Les Héritiers

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Les Américains adorent les contes édifiants, dans lesquels des femmes d’exception, interprétées par Michelle Pfeiffer, Meryl Streep ou Hilary Swank, sauvent des classes entières d’adolescents de la délinquance et de l’exclusion, grâce à leurs méthodes d’enseignement ludiques. En France, le cinéma est généralement plus attaché à une vision réaliste des choses, ce qui n’empêche pas une certaine poésie filmique d’accompagner ces sursauts d’humanité, comme dans Entre les murs de Laurent Cantet. Cependant, la tentation de céder au chantage sentimental s’avère parfois trop grande pour y résister. C’est ainsi que des films comme Les Héritiers voient le jour. D’un point de vue moral, nous souscrivons d’office à ces leçons de tolérance et de respect, qui ont par contre le plus grand mal à rester exemptes d’un manichéisme sommaire.

Critique : Disparue en hiver

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En digne successeur de Bourvil, Kad Merad est surtout abonné aux rôles de souffre-douleur comique, qui subit stoïquement les frasques de Dany Boon, inspirées de près ou de loin par celles de Louis De Funès. Ce fond de commerce populaire semble lui être si convenable, qu’il ne sort que très rarement de sa zone de confort. Or, sans pouvoir prétendre au statut d’acteur dramatique de premier plan, Kad Merad avec sa trogne de chien battu véhicule une tristesse profonde, qui sied parfaitement aux personnages tourmentés de l’intérieur et de l’extérieur. Comme celui qu’il interprète avec une sobriété remarquable dans ce thriller très solide.