Au Pays du Sang et du Miel
Etats-Unis, 2014
Titre original : In the Land of Blood and Honey
Réalisateur : Angelina Jolie
Scénario : Angelina Jolie
Acteurs : Zana Marjanovic, Goran Kostic, Vanessa Glodjo
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 2h05
Genre : Drame, Guerre
Date de sortie : 22 février 2012
Note : 4/5
Pour ses premiers pas derrière la caméra, Angelina Jolie n’a pas choisi la facilité puisqu’elle s’intéresse de près à la guerre de Bosnie-Herzégovine. Par le biais d’une histoire d’amour, elle nous livre un film violent et direct, sur un conflit encore frais dans les mémoires collectives. L’actrice a-t-elle réussi son passage la réalisation ?
Synopsis : Alors que la guerre fait rage en Bosnie, Danijel et Ajla se retrouvent dans des camps opposés malgré ce qu’ils ont vécu. Danijel est un soldat serbe et Ajla une prisonnière bosniaque retenue dans le camp qu’il surveille. Pourtant, avant le conflit, l’un et l’autre partageaient d’autres sentiments. C’était une autre vie, avant la barbarie, avant que cet affrontement ethnique violent ne prenne leur futur en otage. À nouveau face à face dans cet épouvantable contexte, leur relation devient complexe, ambiguë, incertaine. La guerre a miné leur lien.
Voici leur histoire, bouleversante, écrasée par l’effroyable poids qu’une guerre fait peser sur des gens simples qu’aucun pouvoir politique ne semble vouloir sauver.
Petit rappel historique, cette guerre s’est déroulée entre 1992 et 1995, opposant Serbes, Croates et Bosniaques. Un conflit douloureux, ayant fait plus de 90 000 morts, et encore peu abordé par le septième art.
Les histoires d’amour finissent mal, en général
Une explosion, un massacre, un viol, voici les premières images de ce film. L’ambiance est posée, Angelina Jolie n’est pas là pour faire dans la dentelle, mais bien pour dépeindre la guerre avec ce qu’elle recèle de plus tragique et dramatique.
Le récit est centré autour de l’histoire d’amour, souvent en huit clos, mais l’extérieur n’est jamais totalement exclu et vient souvent renforcer la tension entre les protagonistes. La réalisation est efficace et ne se laisse pas aller dans une dramatisation tire-larmes. Pas besoin d’en rajouter, l’horreur est suffisamment immense pour parler d’elle-même.
La romance entre le soldat serbe et la jeune peintre musulmane se révèle comme une victime collatérale de cette guerre. Chacun représentant l’ennemi, l’amour est contaminé par l’angoisse de la trahison. Les acteurs principaux incarnent avec justesse et force ce couple interdit, laissant transparaitre l’ampleur du conflit et leurs désirs contradictoires. Les personnages essayent de s’en tirer au mieux malgré leurs obligations respectives. La fin s’inscrit à la fois comme un véritable choc, mais également comme un évènement inévitable. L’histoire d’amour aurait pu être un choix facile, annexant le vrai problème, mais la réalisatrice arrive à y réfléchir son propos, intensifiant sa force destructrice, sans pour autant désincarner ses personnages.
Angelina Jolie nous rappelle à tous que le viol des femmes est un crime contre l’humanité, trop souvent assimilé comme partie intégrante d’une guerre. Son jugement est sévère, mais réaliste, elle n’hésite pas à mettre en porte à faux chaque côté du conflit, mais également ceux qui n’ont pas souhaité y participer. La réalisatrice remet en question la nécessité de cette guerre lorsque tout le monde avait appris à vivre en paix. Les soldats comme les civils se questionnent : pour qui nous battons-nous ? Les enfants pour satisfaire l’honneur de leurs parents ? Ou les parents pour proposer un monde meilleur à leurs enfants ?
Un premier film bien mené
Angelina Jolie semble avoir déjà quelques avis en matière de réalisation. On sent de l’idée dans les choix de montage (par exemple, transition des mains liées) qui lui permettent d’amener son propos, mais également sur la place de la musique, qui ne tombe que rarement dans la surenchère et le pathos. La réalisation est simple, mais efficace, travaillant sur l’effet de surprise de manière forte, à la fois pour faire ressortir le caractère imprévisible de l’époque, mais également pour provoquer la réaction des spectateurs, qu’il y ait une collision émotionnelle avec le récit.
Petit bémol, le film manque cruellement de rythme, les changements de séquences sont trop rapides et alourdissent la narration. Le récit passe du couple à la guerre, des atrocités à la remise en question, tout ceci dans un cycle sans cesse renouvelé, mais qui du coup, semble faire tourner le film en boucle. La progression des conflits est noyée dans la similitude des actions. Dommage.
Résumé
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[…] Alors que la guerre fait rage en Bosnie, Danijel et Ajla se retrouvent dans des camps opposés malgré ce qu’ils ont vécu. Danijel est un soldat serbe et Ajla une prisonnière bosniaque retenue dans le camp qu’il surveille. http://www.critique-film.fr/au-pays-du-sang-et-du-miel/ […]