Atomik Circus, le retour de James Bataille
France : 2004
Réalisateur : Didier Poiraud, Thierry Poiraud
Scénario : Didier Poiraud, Thierry Poiraud
Acteurs : Benoït Poelvoorde, Vanessa Paradis, Jason Flemying
Distribution : TFM distribution
Durée : 1h30
Genre : Comédie, fantastique, western
Date de sortie : 21 juillet 2004
3,5/5
Au sein d’un cinéma français où fourmillent comédies, drames, et films d’époque, le fantastique a beaucoup peiné. Peu de recettes, donc souvent une prise de risque jugée trop importante par les producteurs. Il existe pourtant un public, de niche peut-être, qui a besoin de se rassasier; si possible, avec autre chose qu’une américanisation de notre culture (des très mauvais Brocéliande, ou Promenons-Nous Dans Les Bois, à l’intégralité des productions Europa). Heureusement pour eux, la naïveté de TF1 a permis à une anomalie de voir le jour.
Synopsis : Interdit aux moins de 12 ans
Skotlett City est toujours traumatisée par la catastrophique grande fête de la tarte à vache. James Bataille a d’ailleurs fini en prison et cette fois-ci il s’en échappe, bien décidé à retrouver Concia, sa fiancée qui veut devenir chanteuse de country. Mais malheureusement, tout ne se passe pas comme il l’aurait souhaité…
Les éléments se déchaînent contre lui : des étoiles de mer en provenance d’un autre monde se collent sur les visages des gens, le futur impresario de Concia, Allan Chiasse, se transforme en monstre tentaculaire, sa bimbo, la sexy Kitty également, le Sam Paradiso bar est décimé. Cela paraît beaucoup pour ce petit village et pourtant ce n’est qu’un début…
Aussitôt le film commencé, il déroute: une voix-off déprimée et monotone digne d »une parodie de la nouvelle vague, sur des images d’un astronaute en chute libre dans un vortex; c’est en général à ce moment précis que le spectateur vérifie qu’il est dans la bonne salle, ou qu’il a lancé le bon DVD. « Bah, c’est le film avec Vanessa Paradis et Poelvoorde, là? », hé bien oui.
Parce qu’avant d’aller plus loin, il faut préciser que le film est produit par TF1, qui n’a visiblement pas lu le scénario. Il y a les deux acteurs sus-cités, plus Jean Yanne (finalement remplacé par Jean-Pierre Marielle) qui ont donné leur accord pour jouer dedans, il y a une histoire d’amour, et à la fin ça se fait des bisous. Certes. Mais si elle avait réalisé que le film comprenait également plusieurs décapitations (entre autres passages gore), la chaine se serait certainement retenue de le produire. Au final, TF1 a fait en sorte de limiter la distribution et la promo du film, pas de passage télé, et aucune sortie en bluray prévue à ce jour. Le film de la honte. Même si, je l’avoue, ça m’a fait rire de voir des jeunots rentrés applaudir le nouveau Poelvoorde, et de sortir en tirant la tronche, le film a tout pour gagner sa place dans le cœur des amateurs de bizarreries.
Car les frères Poiraud paraissent bizarrement avoir sauté la définition de « long-métrage » dans le dictionnaire, tant le film semble avoir été prévu pour être un court. Comme si, pris dans leur élan, ils avaient continuellement rajouté des choses sans se soucier de la durée finale… Certains aspects (esthétiques, notamment) semblent être expérimentaux et se retrouvent à plusieurs moments du film, comme si certaines scènes étaient prévues pour être de toute façon abandonnées sur la table de montage. Pourtant, le film réussi là où la logique l’aurait poussé à échouer: à aucun moment le film n’apparaît comme une succession de scènettes. Cette assemblage de curiosités surprend, appuie son histoire de bout en bout, et au final il est impossible de dire trés précisément LE détail qui fait qu’on a pas aimé Atomik Circus. Alors, oui, le film n’est pas commun, et il ne plaira pas à tout le monde. Mais si on accroche pas, c’est plus à l’univers du film qu’à un détail d’içelui. Tout comme les œuvres de Caro & Jeunet, il faut comprendre que si quelque chose ne va pas, c’est par rapport à notre façon de penser, à notre réalité; et c’est un tord de dénoter ce détail, puisqu’il faut le rapporter aux personnages, aux décors, aux histoires, plutôt qu’aux spectateurs.
Dans ce genre de film peu académique, le choix des acteurs est crucial: le surjeu est obligatoire, mais doit rester contenu. Partir en roue libre ne ferait que souligner l’absurdité des situations, et toute approche sérieuse sortirait le spectateur du film. La candeur de Paradis fonctionne à merveille face à l’exubérance de Poelvoorde, et Marielle fait son Marielle de la meilleure des façons. Quand a Jason Flemyng, son flegme très britannique suffit à donner un minimum d’épaisseur à son personnage qui, bizarrement apparaît comme le moins intéressant alors qu’il est le James Bataille du titre.