American Pie 4
États-Unis : 2012
Titre original : American reunion
Réalisation : Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg
Scénario : Jon Hurwitz , Hayden Schlossberg
Acteurs : Alyson Hannigan, Jason Biggs, Seann William Scott
Distribution : Universal Pictures France
Durée : 1h54
Genre : Comédie
Date de sortie : 2 mai 2012
Note : 2/5
Afin de rester dans un mode trivial, rappelons les faits. American Pie, « premier du nom », 13 ans déjà, était crédité d’un joli score au box-office avant même que le film ne sorte sur les écrans français. Le film eut son petit effet, surfant sur son humour très limite et une bande son Rock FM, tendance à l’époque. Comme souvent, les deux suites furent sans intérêt et en dessous de tous exercices narratifs et divertissants du genre. American reunion, s’il s ‘affiche dans ce même créneau, s’octroie tout de même l’aspect nostalgique en résonance des débuts de la franchise. Pour le coup, divertissant sans être amusant.
Comme le temps passe…Souvenez-vous de cette année 1999 où quatre lycéens d’une petite ville du Michigan décidèrent d’en finir avec… leur virginité. Quête héroïque, burlesque, inoubliable… Une décennie plus tard, Jim et Michelle sont mariés, Kevin et Vicky sont séparés, Oz et Heather se sont éloignés à contrecœur, tandis que Finch soupire encore après… l’extravagante mère de Stifler. Quant à Stifler, rien ne le changera jamais. Amis d’hier, amis de toujours, ces jeunes hommes attendaient depuis longtemps de pouvoir se réunir le temps d’un week-end pour se remémorer leurs exploits d’antan et y puiser de nouvelles inspirations. Que la fête commence, l’heure du check-up hormonal a sonné…
Plaisir coupable de retrouvailles.
Comme une sortie en forme d’obligation dans un cinéma figé et contre-productif, American Reunion (qu’on préfèrera tout de même au titre français) s’offre au moins l’intégralité du casting original. Force de constater que dans ce mouvement, certains ne sont ici présents que comme figures obligatoires de l’entreprise. On se satisfera donc de leur simple passage, parfois à la limite du cameo.
En résulte un léger parfum d’une petite quinzaine d’années passées où notre regard était plus indulgent sur le genre et où les personnages pouvaient avoir notre âge. On en avait oublié la photo de classe, et tant mieux.
Les questionnements d’ados se préparant pour la prom night et « au passage à l’âge adulte » fonctionnaient relativement bien à l’époque et sur un premier scénario. En revanche, décalquer le concept sur des trentenaires n’ayant aucune problématique d’individus majeurs est plus délicat. Tous les personnages de ce quatrième opus évoluent donc ainsi, en reflet d’un passé figé, cloisonné dans ce que le spectateur à découvert sur une heure trente il y a 13 ans. Depuis, rien, leur vie s’est arrêtée, aucun relief n’est donné à chacun. Les ellipses de vies sont remplies par des faits et gestes communs, presque clichés tant leur vie représente un panel de tout ce qui pourrait être arrivé par clichés.
On en attendait peut-être plus sur ce point, on avait tort. Cela mis à part, reste à niveau égal de la déception, la joie de les retrouver comme des potes de classe perdus de vue.
De B+ à D-
Le point le plus dérangeant de cet ensemble est le traitement des protagonistes. On ne peut faire évoluer ces personnages dans les mêmes comportements et situations ridicules comme les années lycée et la juvénilité le permet. Les blagues qui fonctionnaient autant dans leur mécanique que sur le fond n’apportent ici que de rares sourires quand les rires, eux, se perdent totalement. On se surprend alors à faire ce constat froid comme si on tenait tout de même à sauver la tourte du four avant qu’elle ne brûle, qu’American Reunion doit être pris pour ce qu’il est, un dernier sursaut, un essai non transformé d’écrire un futur à des personnages qui n’en avaient sans doute pas besoin, du moins de cette manière. L’humour gras, gros, voir lourd parfois ne résonne décidément plus de la même manière. On ne rit plus vraiment, on esquisse un sourire de temps en temps, voir restons de marbre sur certaines situations. Mais, pour qui s’amuse des retrouvailles du passé, il y a le ressort que certains personnages trouvent encore (plaisir honteux de retrouver Seann William Scott en Stiffler), tout comme un certain burlesque totalement décadent et presque acceptable, reste alors une dernière part, froide certes, mais au goût connu comme si on retombait sur une canette de Dr. Pepper ou un Whopper après des années de disette. On apprécie d’en retrouver le goût tout en sachant que ce n’est pas forcément bon pour le corps, ici les neurones. À plaisir coupable, dégustation assumée.
Essoufflé et peu surprenant. Décevant.