Alyah
France : 2011
Titre original : –
Réalisateur : Elie Wajeman
Scénario : Gaëlle Macé, Elie Wajeman
Acteurs : Pio Marmai, Cédric Jahn, Adèle Haenel
Distribution : Rezo Films
Durée : 1h30
Genre : Drame, Thriller, Romance
Date de sortie : 19 septembre 2012
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Pour son premier long métrage, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2012, le jeune réalisateur français Elie Wajeman n’a pas choisi la facilité. En effet, le choix de placer son film Alyah à la frontière entre plusieurs genres était a priori plutôt casse-gueule. In fine, on ne peut que le féliciter d’avoir déjouer les pièges que ce choix n’allait pas manquer de mettre sous ses pas et se réjouir d’avoir dans notre pays un nouveau réalisateur de talent, la cerise sur le gâteau étant que ce réalisateur a su d’emblée s’écarter des différentes « écoles » du cinéma français pour trouver sa propre voie.
Synopsis : Paris 2011. Alex a vingt-sept ans. Il vend du shit et vit dans l’ombre de son frère Isaac, lequel après avoir été son soutien est devenu son fardeau. Alors quand son cousin lui annonce qu’il ouvre un restaurant à Tel-Aviv, Alex imagine le rejoindre pour changer enfin de vie.
Déterminé à partir, Alex doit dès lors trouver de l’argent et faire son Alyah.
Mais il devra aussi tout quitter : Paris qu’il aime tant, Esther son ancien amour, Mathias son ami de toujours et Jeanne qu’il vient de rencontrer.
Saisi entre son Alyah, la vente de drogue, ses amours complexes et un frère destructeur, Alex devra trouver sa voie.
Alex et ses problèmes
En hébreux, Alyah signifie élévation spirituelle. Ce terme est utilisé pour désigner le fait, pour un juif, d’immigrer en Israël. Enquêtant pour les besoins de son film, Elie Wajeman s’est fait passer pour un candidat au départ auprès de l’Agence Juive, l’organisme qui prend en charge les démarches des candidats à l’immigration vers Israël. Lors de ses visites à cet organisme, il a pu constater qu’Israël était très souvent une terre de fuite, nombre de ces départs ayant pour origine une situation française plus ou moins détériorée. Tout à fait le cas d’Alex, le héros du film. Alex est un jeune juif de 27 ans pas très porté sur la religion, le premier à se moquer de ses amis ou de ses cousins qui partent s’établir en Israël. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de gagner sa croûte en pratiquant son petit boulot : vendeur de shit. Il faut dire qu’avec son frère aîné, Isaac, qui n’arrête pas de le taper pour pouvoir payer ses dettes, il a vraiment besoin de cash. Côté cœur, il a un peu de mal à oublier Esther, son ex petite amie, juive comme lui, alors qu’une nouvelle relation avec Jeanne, une goy, semble pourtant partir sous de bons hospices. Dans cette vie de petit bourgeois hors-la-loi, Alex ne se sent pas toujours à l’aise et il sent bien que son boulot peut l’amener plus ou moins vite derrière les barreaux. Aussi , lorsque son cousin Nathan lui apprend qu’il souhaite ouvrir un restaurant à Tel-Aviv et lui propose de venir le rejoindre, Alex oublie ses railleries envers les juifs qui quittent la France pour Israël et, à la grande surprise de son ex Esther, il commence à entreprendre les démarches nécessaires. C’est sur le laps de temps s’écoulant entre la décision d’Alex et son départ que va se concentrer le film.
Un mélange de genres
Pour réussir à rejoindre Israël, Alex doit impérativement réunir 2 conditions : répondre aux critères de l’Agence Juive et trouver les 15 000 Euros nécessaires pour être accepté dans l’affaire du restaurant. D’où des leçons d’hébreu prises auprès d’Esther et, en terme de trafic de drogue, une escalade avec son copain Nathan vers des drogues plus lucratives que le shit. De façon un peu plus facultative, il lui faut également arriver à rompre la relation avec son frère et faire fi de son amour naissant pour Jeanne. Tout cela permet donc à Elie Wajeman et à sa co-scénariste Gaëlle Macé de placer Alyah au carrefour du polar, du film sur le changement de vie et des films sur les liens familiaux, amicaux et sentimentaux. Fort heureusement, le scénario et la réalisation arrivent à glisser sans effort d’un genre à l’autre et les transitions n’apparaissent jamais artificielles.
Un réalisateur très bien entouré
Prenant modèle sur le cinéma américain qui attribue souvent des rôles de juifs à des acteurs d’origine italien, Elie Wajeman a choisi Pio Marmaï pour interpréter Alex. Ayant eu le réalisateur Cédric Kahn comme professeur à la Femis, il a décidé de lui donner son premier grand rôle en tant qu’acteur : Cédric Kahn est très convaincant dans le rôle d’Isaac, le frère d’Alex. Pour le reste de la distribution, Elie Wajeman a fait le choix de piocher dans une nouvelle génération de comédiens, peu connus mais excellents : Adèle Haenel. Sarah Le Picard, Guillaume Gouix, … Comme le réalisateur, le directeur de la photographie David Chizallet, qu’Elie Wajeman a connu à la Femis, signe ici son premier long métrage en nous offrant une qualité d’image très prometteuse. Quant à la musique, elle est peu présente, mais de qualité : Beethoven y rencontre le trop peu connu (Sixto Diaz) Rodriguez et sa chanson « Sugar Man » qui, en 1970, racontait l’histoire d’un dealer, l’histoire d’Alex, en quelque sorte. Coïncidence : dans quelque temps, nous devrions avoir sur nos écrans le documentaire Sugar Man, du suédois Malik Bendjelloul, consacré à Rodriguez et doublement primé au Festival de Sundance 2012.
Résumé
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