Critique : Alabama Monroe

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Alabama_Monroe_afficheAlabama Monroe

Belgique : 2012
Titre original : The Broken Circle Breakdown
Réalisateur : Felix Van Groeningen
Scénario : Felix Van Groeningen, Carl Joos
Acteurs : Johan Heldenbergh, Veerle Baetens, Nell Cattrysse
Distribution : Bodega Films / Help ! Distribution
Durée : 1h52
Genre : Drame
Date de sortie : 28 août 2013

4/5

De l’émotion il y en a, du rythme aussi. De la réflexion, de l’amour, de l’espoir, du romantisme et des larmes, il y a de tout ça dans ce très beau long-métrage. Le rythme suit les balancements du métronome parfaitement réglé par le jeune cinéaste Felix Van Groeningen. L’ensemble est harmonieux. L’histoire est touchante. Les deux personnages principaux sont un mélange de deux couples de musiciens : Johnny Cash et June Carter en mode « sédentarité » et de le gars (Glen Hansard) et la fille (Markéta Irglová) de Once réalisé par John Carney. Le réalisateur belge est sorti de l’ombre grâce au film La merditude des choses en 2009 pour lequel il a reçu le Art Award Cinéma en mention spéciale lors de la quarante-et-unième édition de la Quinzaine des Réalisateurs la même année. 

Synopsis : Didier et Élise vivent une histoire d’amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l’Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle…

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Une adaptation récompensée

Trois ans après La merditude des choses, Felix Van Groeningen nous ravit avec cette adaptation de la pièce de théâtre « The Broken Circle Breakdown featuring the Cover-Ups of Alabama » de Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels. Le film a reçu le Label Europa Cinemas à la Berlinale et le prix du meilleur scénario au Tribeca Film Festival. Pour offrir un chef d’œuvre au cinéma, Johan Heldenberg a non seulement autorisé cette adaptation mais également accepté de jouer l’un des rôles principaux (celui de Didier) comme il le faisait au théâtre. L’acteur et le réalisateur ont déjà travaillé ensemble dans La merditude des choses en 2009 et Steve+Sky en 2004. Le duo est inspiré et productif. De la même façon, Van Groeningen a eu un véritable coup de foudre pour Veerle Baetens qui a été récompensée pour son interprétation d’Elise.

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Un conflit américano-belge

L’histoire peut être décrite de différents points de vue. Retenons celui de la petite fille (interprétée par Nell Cattrysse) , fruit d’un amour inconditionnel, dont la vie est fauchée par la maladie. Le débat autour de la recherche scientifique sur les cellules souches s’immisce dans le film le marquant d’une connotation sociopolitique. Les médias – vecteur de l’information – sont utilisés pour attiser le feu de la rébellion. Les opinions américaines et belges s’affrontent sur le sujet. L’hommage qu’a voulu rendre le réalisateur à l’Amérique en ressort quelque peu terni. On comprend rapidement que les belges ne consomment pas de produits alimentaires américains mais qu’ils apprécient des chanteurs d’Outre-Atlantique tels que Billy Monroe. Ils ne prennent que le meilleur. Le réalisateur n’a pas présenté l’Amérique sous son meilleur jour. L’annonce des attentas du 11 septembre 2001 à la télévision sert de repère temporel à l’histoire. Pour la petite Maybell, les progrès scientifiques des américains et des belges ne sont malheureusement pas assez avancés.

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Un drame destructeur

Un autre point de vue serait celui de Didier emporté par la spirale infernale de l’amour qui devient père malgré lui. La mort de sa fille l’entraîne dans une autre spirale aux effets destructeurs. Le réalisateur aborde alors un autre sujet plus personnel, plus fort, plus touchant : celui de la perte d’un enfant. Pour certaines personnes, ce film pourrait faire revivre de douloureux souvenirs. L’injustice et la fatalité sont au cœur de l’histoire comme elles le sont au cœur de la vie de chacun d’entre nous. Pour soulager le poids impunément posé sur notre cœur, le réalisateur propose la musique comme exutoire émotionnel. Les chansons occupent le premier rang dans la confection de l’ambiance générale. Chanter pour le plaisir, chanter pour dire « adieu », chanter pour rassurer, tout est prétexte à chanter. Le soulagement n’est que provisoire mais il est nécessaire.

Résumé

Au final, ce film est une véritable merveille. Tout est réfléchi sans que cela ne se ressente. On rit, on pleure, on prie et surtout on chante. Les chansons font découvrir le genre du bluegrass. La caméra se faufile partout. Le ton un peu pesant est à la mesure de la réalité du XXIème siècle. La vie ne tient qu’à un fil à peine plus solide que celui d’une toile d’araignées. Quelques soient vos croyances et vos convictions, profitez !

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