Ablations – Festival de Gérardmer 2014

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ablations afficheAblations

France, 2013
Titre original : –
Réalisateur : Arnold de Parscau
Scénario : Benoît Delépine
Acteurs : Denis Ménochet, Florence Thomassin, Virginie Ledoyen
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h34
Genre : Thriller
Date de sortie : 16 juillet 2014

Note : 1/5

Et si vous vous réveilliez avec un rein en moins ? C’est ce qui est presque arrivé au scénariste de ce thriller. En émergeant d’une soirée trop arrosée Benoît Delépine a en effet cru fermement s’être faire déposséder de son organe ! Le résultat : Ablations !

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Synopsis : Pastor Cartalas se réveille dans un terrain vague, sans aucun souvenir de la veille avec une cicatrice au bas du dos. Une ancienne maîtresse, chirurgienne, lui apprend qu’on lui a volé un rein. Obnubilé par ce vol, il va tout sacrifier pour le retrouver : sa famille, son travail… jusqu’à sombrer dans la folie.

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Boire un coup de trop ou écrire un film, il faut choisir…

Comme il ne faut pas gâcher les mésaventures même sorties d’une mauvaise cuite, l’ex-Michaël Kael de Groland et désormais réalisateur de comédies sociales décalées avec son complice Gustave Kervern a décidé de coucher cette gueule de bois sur le papier et de le proposer à un jeune réalisateur recruté via google avec en mots clés de recherche ‘jeune réalisateur fan de Lynch’. Et il est donc tombé sur Arnold de Parscau qui a réalisé un clip pour David Lynch (Good Day Today) devenu par ailleurs le très réussi court-métrage Tommy dans une version développée. Ces deux œuvres courtes laissaient espérer le meilleur pour ce premier long.


Hélas, très vite le scénario se révèle totalement incohérent. Comment accepter ce parti-pris de voir un homme qui n’a pas grand chose à se reprocher ne jamais être tenté d’appeler la police ? Comment peut-il penser que sa femme pourrait ne pas s’en rendre compte ? Ses tentatives pour éviter de se déshabiller en sa présence ou ses refus de lui répondre deviennent prodigieusement agaçants, comme les autres évitements en tout genre ou le glissement ahurissant vers la comédie un brin navrante.

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Un cauchemar pour le personnage et pour les spectateurs

Le potentiel était pourtant là pour un drame étrange, entre réalité impossible et rêve éveillé avec un personnage qui refuse d’agir de façon sensée et glisserait ainsi vers une folie criminelle. Son objectif est plus de récupérer un objet qui lui appartient que d’obtenir justice. Un antihéros avec des motivations étranges peut faire un bon sujet de film fantastique mais l’écriture est tellement maladroite que le film glisse d’un ton à l’autre sans la moindre logique, suscitant d’abord l’indifférence puis le rejet total. L’investissement physique de Denis Ménochet dans le rôle principal est admirable mais comment faire vivre un personnage si inconséquent ? Son jeu est forcément limité par des actions totalement incompréhensibles dans le contexte.

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L’ex médecin (Florence Thomassin) a un côté strictement fonctionnel, Virginie Ledoyen n’est pas gâtée par un rôle impossible à défendre d’épouse neurasthénique et Philippe Rebbot en vétérinaire comique relève du grand n’importe quoi tout, de l’intermède au zoo où il apparaît jusqu’à son intervention chez Serge Riaboukine lui aussi très mal utilisé. Cette quête aurait pu rappeler celle de L’Homme qui voulait savoir de George Sluizer mais l’échec de cette œuvre est flagrant. Le résultat aurait pu être une plongée dans la psyché dans un homme qui perd la raison en parallèle de l’observation clinique des activités criminelles d’un couple de chirurgiens du crime. Les deux lignes n’avaient pas besoin de se croiser pour rendre le projet intéressant. Ce duo interprété par Yolande Moreau et Philippe Nahon aurait pu être singulièrement inquiétant mais eux non plus ne sont guère aidés par un scénario abscons et des dialogues peu inspirés, pour le moins.

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Si l’on peut épargner quelques plans comme celui ci-dessus, la photo est si plate qu’une consoeur éclairée ne cesse d’errer dans les rues de Gérardmer hurlant à la mort ‘Nan, mais il est où le chef-op ?‘. Pourtant, il y en a un, et nul autre que François Catonné, césarisé pour Indochine de Régis Wargnier mais là en effet les rares tentatives de s’éloigner des standards anonyme de la télévision ne sont que des copies peu inspirées du travail de Conrad L.Hall dans American Beauty de Sam Mendes plus que du travail d’inspirateurs cités par les auteurs : David Cronenberg et surtout David Lynch. Ablations n’est pas à la hauteur de ses ambitions et se révèle surtout ennuyeux.

ABLATIONS 10

Résumé

La seule raison d’être de la présence de ce film en compétition à Gérardmer semble être sa nationalité, histoire d’avoir un représentant francophone et de s’assurer de la présence de l’équipe. Hélas, le résultat est un désolant échec qui n’a rien de fantastique, ni dans le genre exploité ni dans sa qualité artistique.

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