Satanic Panic
États-Unis : 2019
Titre original : –
Réalisation : Chelsea Stardust
Scénario : Grady Hendrix, Ted Geoghegan
Acteurs : Hayley Griffith, Ruby Modine, Rebecca Romijn
Editeur : Program Store
Durée : 1h29
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie DVD : 26 juin 2020
Date de sortie VOD : 21 avril 2020
Note : 4/5
C’est le premier jour de travail de Sam Craft comme livreuse de pizzas. La jeune fille est déçue par la pingrerie des clients, qui ne lui donnent pas de pourboire. Lorsqu’on lui confie une livraison dans un quartier huppé, elle pense que sa chance a tourné. Monumentale erreur : tout droit tombée dans les griffes d’une secte sataniste à la recherche d’une vierge à sacrifier, elle devra se battre pour sa vie – et son pourboire…
Fangoria Films, cuvée 2019
Satanic Panic est un film d’horreur américain estampillé « Fangoria Films ». Pour ceux qui l’ignoreraient, Fangoria est un magazine américain de cinéma publié depuis 1979. Spécialisée dans les films d’horreur / exploitation et plus spécialement dans le « gore », la revue avait il y a de nombreuses années donné naissance à une société de production, Fangoria Films, ayant produit trois longs-métrages entre 1990 et 1992 avant de mettre la clé sous la porte.
Le cinéma d’horreur s’étant largement démocratisé en l’espace de trente ans, Fangoria Films renaît finalement de ses cendres en 2018 en produisant Puppet Master : The littlest Reich, reboot de la saga créée par David Schmoeller en 1989, et ayant la particularité notable d’avoir été écrit par S. Craig Zahler (Bone Tomahawk). En 2019, Fangoria Films crée à nouveau l’événement en produisant deux films d’horreur : VFW, avec Stephen Lang, William Sadler et Fred Williamson, et ce fameux Satanic Panic, disponible depuis le 21 avril en VOD sur Orange, Canal VOD et UniversCiné.
Girl power
La première particularité notable de Satanic Panic, qui s’avère pour le coup absolument dans l’air du temps, est de mettre en avant deux femmes à des postes-clés : Chelsea Stardust en tant que réalisatrice, et Hayley Griffith en tant qu’actrice principale. Le plus étonnant dans l’histoire est surtout que ces deux jeunes femmes sont de parfaites inconnues, à la filmographie quasi-vierge. @StardustChelsea et @hayl_griffith ; toutes deux sont assez présentes sur les réseaux (Twitter, Instagram) mais du haut de leurs 5000 / 7000 abonnés et des brouettes, on ne pourra pas non plus pour le moment les considérer comme de solides « influenceuses ». D’où sortent-elles donc, on l’ignore, mais le fait est que leur entrée dans le petit monde du cinéma d’horreur est plutôt réussie.
Avec son intrigue potache, ses effets gore peu ragoutants et ses outrances sexuelles en pagaille (on n’oubliera pas de sitôt ce gode-ceinture surmonté d’une énooooorme mèche de foreuse d’un mètre semblant destinée à percer des trous dans le béton armé !), Satanic Panic semble avoir été conçu par ses auteurs comme un pur « film de festival », destiné à faire marrer à l’unisson des salles de cinéma remplies de gentils geeks amateurs de gore et d’humour gras. La présence au casting de quelques têtes connues est assez réjouissante, de Rebecca Romijn (X-Men) à Jerry O’Connell (Sliders) en passant par Ruby Modine (Happy Birth Dead) ou encore Jeffrey Daniel Phillips (3 from Hell).
Héritière d’Alexandra Daddario
Un autre détail n’échappera probablement pas aux aficionados du genre horrifique : la ressemblance entre l’actrice principale Hayley Griffith et Alexandra Daddario. Même genre de rôle, traits physiques communs, on en vient à se demander si le rôle de Sam, l’héroïne livreuse de pizzas de Satanic Panic, n’était pas à l’origine pensé pour Alexandra Daddario. Peut-être a-t-elle décliné, peut-être était-elle trop chère pour Fangoria Films, ou peut-être estime-t-elle ne plus pouvoir jouer les vierges effarouchées (littéralement) à l’âge de 34 ans.
Quoiqu’il en soit, il semble qu’Hayley Griffith se pose ici clairement en héritière d’Alexandra Daddario, ce qui pourrait éventuellement lui ouvrir les portes d’une grande carrière au sein du genre horrifique. Alexandra Daddario a en effet toujours été une des grandes favorites des fanboys d’horreur à travers le monde – à un tel point que le fanzine français « Toutes les couleurs du Bis » lui a même carrément consacré un numéro en 2018.
Gore mais bon enfant
Délicieusement amusant et prévisible, pensé comme une « récréation » gorasse et un peu provoc’, Satanic Panic permet donc au scénariste Grady Hendrix de mélanger horreur extrême et comédie, nous proposant une satire sociale héritée de Brian Yuzna à base de magie noire et de lutte des classes. Le script est suffisamment généreux en passages « choc », en gags et en rebondissements pour permettre à la débutante Chelsea Stardust d’assurer sans que le spectateur n’ait le temps de s’ennuyer ou de se poser des questions. Bien sûr, avec un tel point de départ, on sera en droit de trouver le développement de l’intrigue un peu timoré tant il aurait pu aller beaucoup plus loin et beaucoup plus trash dans bien des domaines, mais on comprend cela dit que l’idée n’était pas d’aller chercher l’horreur viscérale, la bizarrerie ou le malaise.
Ainsi, Satanic Panic ne quitte jamais réellement les rails du divertissement bon enfant. Mais ce choix de proposer au spectateur un récit fun et globalement assez « feel good » (même si on pourra émettre quelques réserves sur la morale de l’histoire, semblant tout droit sortie d’une chanson de Motörhead) réserve également au récit le loisir de s’organiser quelques digressions assez inhabituelles dans le genre. On pense par exemple à cette originale scène de confession express alors que l’héroïne est en train de pratiquer un rituel, qui s’avère narrativement assez gonflée et qui au final fonctionne plutôt bien. On pense aux apparitions de la petite fille en robe blanche, qui fait naturellement écho à la virginité de Sam. On pense aussi aux amusantes luttes intestines et aux jeux de pouvoir au sein du clan des sorcières, et surtout à l’opposition entre Danica (Rebecca Romijn) et Gypsy (Arden Myrin). On pense enfin à cette « attaque de drap » qui ne sera pas sans rappeler les délires de Sam Raimi et son équipe sur la saga Evil dead.
Sympathique petit film d’horreur gentiment trash, Satanic Panic s’imposera comme le petit film idéal, efficace et rigolo, afin de fêter le déconfinement entre amis. Le film est disponible depuis le 21 avril 2020 en VOD à l’acte et en téléchargement définitif sur Orange, Canal VOD et UniversCiné. Une édition DVD aux couleurs de Program Store est prévue le 26 juin.
On notera néanmoins que la version française de Satanic Panic, réalisée en Espagne par une boite de doublage genre AudioProjects ou New Connection, est malheureusement assez faible et souffre d’un ton relativement monocorde un peu agaçant. On notera également qu’en l’absence de Blu-ray, les amateurs de cinéma en Haute-Définition devront se tourner vers le téléchargement définitif afin de pouvoir profiter à leur juste valeur des qualités formelles du film de Chelsea Stardust.