Créé en 1979 par Jackie Buet (toujours à la barre avec une énergie indéfectible) et Elisabeth Tréhard pour réagir à la sous-représentation des femmes cinéastes dans les grands festivals, le Festival de Film de Femmes de Créteil continue son engagement féministe et cinématographique. L’édition 2015 a commencé ce vendredi avec l’avant-première de L’Astragale de Brigitte Sy, avec Leïla Bekhti, Reda Kateb et Esther Garrel, une nouvelle adaptation du roman d’Albertine Sarrazin déjà mis en images par Guy Casaril en 1968, avec Horst Buchholz, Marlène Jobert et Magali Noël. L’histoire d’un amour fou entre une jeune fille évadée de prison et l’homme qui l’a recueillie, en noir et blanc, qui sort en salles le 8 avril.
Le programme complet est sur le site officiel du festival mais quelques événements sont à ne pas manquer pour cette deuxième moitié de dix jours de projections ininterrompues, les séances commençant dès 13h. Voici un bref éclairage sur les séances à ne pas manquer.
Le premier événement de la sélection est le nouveau long-métrage documentaire de Cecilia Mangini, l’un des plus grands noms du cinéma italien. Née en 1927, elle avait l’objet d’une rétrospective de ses films et de ses photographies en 2011, ce qui avait permis de rappeler le talent de cette grande documentariste qui sera à nouveau présente pour accompagner son nouveau film, In Viaggio Con Cecilia réalisé avec Mariangela Barbanente, constitué en partie d’extraits de ses films sur le passé des Pouilles et des deux usines qui ont empoisonné la région. Il sera précédé de Tommaso, un court-métrage réalisé en 1965, sur la production industrielle à grande échelle via le regard d’un jeune garçon. À ne pas manquer, le samedi 21 Mars à 14h30.
Un hommage sera rendu en sa présence à l’actrice Béatrice Dalle le vendredi 20 mars, avec à 19h Bye Bye Blondie de Virginie Despentes (critique) et à 21h Trouble Every Day de Claire Denis, en présence des deux réalisatrices. Deux films qui soulignent la versatilité et l’énergie passionnelle de la comédienne qui aime les cinéastes à l’univers affirmé. Également au programme : La Vengeance d’une femme de Jacques Doillon, La Belle Histoire de Claude Lelouch (une œuvre étrange, entre sublime et ridicule appuyé), Night on Earth de Jim Jarmush (hélas en VF), J’ai pas sommeil de Claire Denis encore, H Story de Nobuhiro Suwa et L’Étoile du jour de Sophie Blondy, inédit en salles (ou presque) malgré sa distribution où apparaissent Denis Lavant, Tchéky Karyo, Natacha Régnier, Brunu Putzulu et… Iggy Pop !
À l’occasion de la sortie du livre « Jacqueline Audry, la femme à la caméra » de Brigitte Rollet (Presses universitaires de Rennes, 19 €), rétrospective immanquable de l’une des rares réalisatrices prolifiques des années 40-50, une pionnière de sa génération, oubliée aujourd’hui et dont il est temps de se rappeler avec Mitsou, Gigi (deux films avec Danièle Delorme en tête d’affiche), Les Malheurs de Sophie et Le Secret du Chevalier d’Éon, quatre longs-métrages parmi les seize longs métrages qu’elle a tournés entre 1945 et 1969. Comme le rappelle l’auteur de cet ouvrage, elle fut aussi la première réalisatrice à participer au jury de la compétition officielle à Cannes en 1963. Horaires des séances : Les Malheurs de Sophie, le vendredi 20 à 19h, Le Secret du chevalier d’Eon le samedi 21 à 21h, Gigi, le dimanche 22 à 13h et Mitsou le même jour à 17h.
Dans la compétition fiction (voir news détaillée sur la sélection), signalons une rare occurrence ici avec la présence de deux films américains, une cinématographie peu représentée dans la sélection annuelle, au moins en dehors des rétrospectives et des documentaires, et encore. Des deux films, le plus prometteur est Thou Wast Mild & Lovely de Josephine Decker, présenté les mardi 17 Mars à 19h et mercredi 18 à 13h00, une adaptation (subtilement érotique dit le programme) de «A l’Est d’Eden» de John Steinbeck avec Sophie Traub et Joe Swanberg, un proche de Ti West et Adam Wingard apparu dans les films You’re next, V/H/S ou The Sacrament, lui-même réalisateur et sacré bon comédien, inquiétant et drôle selon la performance.
À voir encore dans la compétition fiction, Price of love de Hermon Hailay, le premier film éthiopien à concourir pour le Grand prix du jury de Créteil ou Todos están muertos de Beatriz Sanchis, avec Elena Anaya et Nahuel Pérez Biscayart, et avant-première annuelle Arte avec le téléfilm Deux d’Anne Villacèque avec Lola Créton, Bastien Bouillon, Rebecca Marder et Christa Theret réunis dans cette adaptation du roman d’Irène Némirovsky.
https://youtu.be/n6F_L4rvA3E
Dans le reste de la programmation, autre événement à ne pas manquer, le documentaire The Sound Before the Fury (en compétition) qui revient sur l’enregistrement de l’album Attica Blues d’Archie Shepp en hommage à la sanglante rébellion de la prison d’Attica, à l’occasion du concert que le célèbre jazzman a revisité lors d’un concert pour son 40ème anniversaire. Archie Shepp et 15 de ses musiciens du groupe “Attica Blues” seront présents à la projection du film de Lola Frederich et Martin Sarrazac le mercredi 18 mars à 21h.
En bref enfin, l’excellent The Chicken d’Una Gunjak (Semaine de la critique 2014) fait partie de la compétition de courts-métrages, avec le nouveau film expérimental de Momoko Seto (Planet Σ) ou de Iranian Ninja, documentaire… sur la première femme ninja d’Iran (non produit par la Cannon, hélas), des thématiques Turbulences et autour des réalisatrices équitables (à voir sur cette page) voir ici, ainsi qu’une programmation autour des écritures dans le cadre de la série Femmes et cinéma, avec plusieurs films et un colloque sur l’évolution des écritures cinématographiques le jeudi 19 mars de 10h à 13h30.
La grille complète ci-dessous :