Test DVD : Tuer un homme

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Tuer un homme

Tuer un homme dvdChili : 2014
Titre original : Matar a un hombre
Réalisateur :  Alejandro Fernandez Almendras
Scénario : Alejandro Fernandez Almendras
Acteurs : Daniel Candia, Alejandra Yáñez, Daniel Antivilo
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h19
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie cinéma : 1 octobre 2014
Date de sortie DVD : 5 mai 2015

 

 

Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes gens, menée par un ancien délinquant du quartier. Son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l’angoisse envahissent peu à peu la famille dont le quotidien devient infernal.

 

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Le film

[4/5]

Tuer un homme : Au Chili comme dans notre pays, il s’agit d’un acte qui, aujourd’hui, n’est autorisé qu’en cas de légitime défense ou lorsque la défense du pays en fait un acte valorisé, un acte qui, s’il se répète, peut même vous valoir une, voire plusieurs médailles. Depuis sa naissance, le cinéma a toujours montré un intérêt certain pour cet acte et, reconnaissons le, pas toujours pour des raisons honorables.
En prenant frontalement comme titre Tuer un homme pour son 3ème long métrage, que va chercher à démontrer le réalisateur chilien Alejandro Fernandez Almendras ? Ce réalisateur dont le premier long métrage, Huacho, avait fait sensation à la Semaine de la Critique de Cannes 2009 par la rigueur de sa mise en scène et sa façon de filmer de façon intime le quotidien de « petits » paysans chiliens, on est près à parier qu’en filmant cette histoire adaptée d’un fait réel, il ne va pas nous faire du Charles Bronson. Et pourtant, si on lit ce que Wikipedia dit de Un justicier dans la ville, un des plus gros succès de ce dernier, on a pratiquement le résumé de Tuer un homme : un film sur l’insuffisance de la justice et le recours à la violence pour arrêter la violence. En effet, le film d‘Alejandro Fernandez Almendras raconte l’histoire de Jorge, un homme honnête et travailleur, poussé à bout par Kalule, délinquant de son quartier, géant par la taille, pois chiche par le cerveau, qui l’agresse sans raison, qui agresse son fils, qui violente sa fille. Dans l’esprit de Jorge, il n’y a pas de sentiment de vengeance, mais sa famille doit être protégée. Alors que son ex-femme n’arrête pas de « péter les plombs » face à la tournure que prennent les événements, Jorge s’efforce de rester calme.

Que doit-il faire ? L’aide de la police et de la justice ? Dans le Chili du néo-libéral Sebastián Piñera, dont on voit la photo dans les bâtiments de l’administration, il ne vaut mieux pas compter sur elles. Jorge est-il capable d’une action solitaire permettant de mettre sa famille à l’abri ? Est-il capable, après, d’assumer cette action ? C’est tout cela que nous montre avec beaucoup de talent un réalisateur dont on va dorénavant attendre avec impatience les prochains films. La sobriété dont il fait preuve dans la mise en scène et sa façon de peindre le comportement d’un homme ordinaire face à l’enfer qu’un individu lui fait vivre montrent combien il est dangereux de se fier au court synopsis d’un film pour « renifler » à l’avance l’atmosphère qu’on va y trouver : Tuer un homme peut se résumer dans les mêmes termes que Un justicier dans la ville et, pourtant, les deux films sont à l’opposé l’un de l’autre !

Comme pour ses deux longs métrages précédents, Alejandro Fernandez Almendras a tourné Tuer un homme dans la province de Bio-Bio, dans une petite ville à 400 kilomètres au sud de Santiago du Chili. Pour mettre en image ses plans séquence le plus souvent tournés à distance, il a de nouveau fait appel au Directeur de la photographie Inti Briones, présent dans la plupart des films chiliens de ces dernières années, dont la plupart des derniers films de Raoul Ruiz. C’est ensemble qu’ils ont choisi de ne pas rajouter d’éclairage à celui déjà disponible sur les lieux de tournage pour les nombreuses scènes nocturnes, choix qui rajoute une touche tragique aux tourments vécus par Jorge. Le rôle de ce dernier est interprété par Daniel Candia qui tenait un rôle secondaire dans Près du feu, le deuxième long métrage d’Alejandro Fernandez Almendras. Pour le rôle de Kalule, il a fait appel à Daniel Antivilo, rencontré lors de tournages de court-métrages effectués par ses élèves. Récompensé, entre autres distinctions, par le Grand Prix du meilleur film étranger au Festival de Sundance 2014, Tuer un homme confirme la grande qualité du cinéma sud-américain, surtout lorsqu’il s’agit de traiter des faits de société de façon honnête et passionnante.

Si vous n’êtes pas encore vraiment convaincus, un conseil : allez lire la critique de Marie-France Aubert, écrite lors de la sortie en salle de ce film !

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Le DVD

[4.5/5]

On le sait tous : les films ne naissent pas égaux en droit. A côté de quelques films, bons ou mauvais, qui ont la possibilité de toucher un vaste public parce qu’ils bénéficient d’une campagne de lancement importante et d’un nombre de copies qui leur permet d’arroser le pays tout entier, il y a de nombreux films qui n’ont pas cette chance et qui ne sont visibles en salles que par un public restreint. Heureusement, aujourd’hui, un rattrapage est possible grâce au DVD et à des éditeurs courageux comme Blaq Out qui sélectionnent régulièrement des films méritant de trouver un nouveau public quelques mois après la sortie en salles. Indéniablement, Tuer un homme fait partie de cette famille. Visuellement, le rendu qu’en fait Blaq Out est excellent, malgré l’abondance de scènes nocturnes peu éclairées, déjà difficiles à rendre sur grand écran, encore plus sur un DVD. Concernant la partie audio, le choix est restreint mais suffisant : Version originale en Dolby Stéréo 2.0 ou en Dolby Digital 5.1, avec des sous-titres en français, bien évidemment. Quant aux suppléments, ils sont au nombre de trois, dont deux sont particulièrement intéressants. En effet, en plus de 17 minutes de scènes coupées, le DVD propose une interview d’Alejandro Fernandez Almendras, d’une durée de 20 minutes, dans laquelle il explique ce qui a donné naissance à son film, pourquoi ses choix de mise en scène et de mise en image sont différents dans les trois long métrages qu’il a réalisés, comment il a travaillé avec Inti Briones, son Directeur de la photographie, et, enfin, comment il a choisi ses deux comédiens principaux. Et puis, la cerise sur le gâteau : en guise de troisième supplément, Blaq Out offre la location VOD sur Universciné de Près du feu, le deuxième long métrage d’Alejandro Fernandez Almendras, jamais sorti en DVD.

Ce DVD est disponible chez Blaq Out.

 

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