Cannes 2015 : direction Quinzaine pour le nouveau Desplechin

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trois souvenirs de ma jeunesse 06

Rien n’est immuable, rien n’est tout à fait différent. Le réalisateur Arnaud Desplechin s’est retrouvé dans la compétition officielle du Festival de Cannes à cinq reprises avec par ordre d’apparition sur la scène internationale : La Sentinelle (1992), Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) (1996), Esther Kahn (2000), Un conte de Noël (2008) et Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines) (2013). Mais pour cette année, pas de sélection dans la compétition officielle et place à la « jeunesse » avec la sélection pour la deuxième fois en compétition de Maïwenn et pour la première fois de Stéphane Brizé et Valérie Donzelli, Jacques Audiard l’étant lui pour la quatrième fois.

Néanmoins, Arnaud Desplechin ne sera pas absent de Cannes qui lui a toujours été fidèle (et réciproquement). Changement de direction pour le réalisateur, adios le bunker de la sélection officielle, bonjour le Théâtre Croisette du Marriott, lieu de projection principal des séances de la Quinzaine des Réalisateurs. Ce qui pourrait apparaître comme un déclassement aux esprits mal aiguisés est en fait comme un juste retour des choses. L’action de Trois souvenirs de ma jeunesse se passant jusqu’à dix ans avant Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) et donc avant La Sentinelle (même si ce dernier n’a absolument rien à voir), le film se retrouve dans une section qui aime bien la jeunesse, une justification tirée par les cheveux et totalement erronée, les œuvres de grands vétérans comme Frederick Wiseman, Alejandro Jodorowski, André Téchiné ou Marcel Ophuls y ont participé ces dernières années. Ainsi le film est présenté sans une pression qui aurait pu lui être dommageable et être apprécié pour ce qu’il est, un voyage dans le temps, dans l’esprit d’un adulte qui revisite sa jeunesse, d’un auteur qui révise son cinéma, avec trois ambiances différentes pour trois souvenirs qui ne se ressemblent pas ni dans ce qu’ils évoquent, ni dans l’atmosphère dans lesquels ils baignent.

La sélection complète de la Quinzaine des Réalisateurs ne sera annoncée que ce mardi 21 avril, cette annonce venant certainement en avance pour rassurer ceux qui s’inquiétaient de l’absence de cet habitué de Cannes qui avait également présenté son moyen-métrage La Vie des Morts à la Semaine de la Critique en 1991. Édouard Waintrop, délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs, se veut plus que rassurant sur la qualité artistique du film :

« C’est avec enthousiasme que nous annonçons la présentation de Trois souvenirs de ma jeunesse, le dernier film d’Arnaud Desplechin, peut être son meilleur et son plus émouvant, à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes, le vendredi 15 mai prochain. On y retrouvera Mathieu Amalric et les jeunes Quentin Dolmaire, Lou Roy-Lecollinet, dans une brillante et déchirante recherche du temps et des amours perdus … »

Que les choses soient claires donc, cette sélection n’est donc pas un rattrapage mais un soutien franc et massif qui ne fait que valider la réponse de Thierry Frémaux à la question d’un journaliste lors de l’annonce de la sélection officielle ce jeudi 16 avril sur cette absence, défendant lui aussi sans réserve Trois souvenirs de ma jeunesse, nouveau jalon de qualité dans le parcours d’un auteur majeur de sa génération, malgré sa non-sélection dans une compétition qui ne lui a pas beaucoup porté chance. Peut-être remportera-t-il l’un des trois trophées remis dans cette sélection parallème ?

 

 

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