Rétrospective Charles Belmont, l’éclaireur

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A NE PAS MANQUER, chers parisiens !!!

Retrospective Belmont buron

Du mercredi 8 au dimanche 12 avril, le cinéma La Clef propose de redécouvrir les œuvres du cinéaste Charles Belmont disparu le 15 mai 2011. Il est le premier à avoir adapté le livre de Boris Vian, L’Écume des jours et son œuvre est portée par une observation pudique et sans fard de notre société, de notre monde, avec de l’émotion, de la vie, de la mort, de la maladie et un intérêt sincère pour l’Autre. Il réalisera huit films, un court-métrage qui reste hélas invisible puis sept longs marqués par son humanisme et un engagement intime et politique avec un attachement tout particulier à la musique que l’on ressent dans les compositions d’André Hodeir ou Michel Portal.

Après des débuts comme comédien (il est la tête d’affiche des Godelureaux de Claude Chabrol avec Jean-Claude Brialy et Bernadette Lafont), cet esprit libre préfère passer derrière la caméra et après un galop d’essai (Le Fratricide avec le danseur magique Jean Babilé), il signe donc son premier long-métrage, L’Écume des jours, une belle adaptation, libre et empreinte de vie, du roman de Boris Vian dont la carrière en salles a été la victime innocente de l’agitation de mai 1968. Pourtant célébré par Jacques Prévert, le film est aujourd’hui quasiment invisible et attend une restauration digne de ce nom pour exister à nouveau en salles et en DVD ou bluray. Une ode à la jeunesse, à l’ivresse des sentiments avec de jolies trouvailles visuelles qui jamais n’écrasent l’émotion avec un travail de création magique de Pace qui signe les décors, le pianocktail mais pas seulement. La distribution est magnifique, Jacques Perrin en Colin amoureux de Chloé (la délicieuse Annie Buron dont ce sera le seul rôle), Marie-France Pisier délicieusement féminine, le Chick de Sami Frey emporté par la maladie d’une admiration sans limite pour Jean-Sol Partre, Alexandra Stewart et Bernard Fresson enfin alias Isis et le cuisinier extraordinaire Nicholas. Sacha Briquet, Claude Piéplu ou Sacha Pitoëff font eux aussi de belles apparitions, drôles, dans cet étrange objet cinématographique que l’on ne se lasse pas de revoir.

Cinq autres films complètent ce bel hommage :
Rak (1972), une fiction avec Sami Frey confronté à la maladie de sa mère jouée par la bouleversante Lila Kedrova. La maladie et la perte d’un proche ont rarement été évoqués avec une telle force, sans détour autant dans l’émotion pure de l’intimité d’un fils avec sa mère que dans l’observation du monde médical. Une quête pour la vie perdue d’avance malgré la détermination d’un fils.

Rak
Histoires d’A (1974), un documentaire réalisé avec Marielle Issartel de portée historique sur l’avortement, un an avant sa légalisation par Simone Veil. Une œuvre politique, réalisée pour accompagner le combat pour cette avancée indispensable des droits des femmes et faire changer la loi mais aussi éminemment cinématographique grâce à Philippe Rousselot alors à ses débuts et dont le talent de composition est déjà évident. Une référence majeure sur ce thème.


pour clemence 03

Pour Clémence (1977), où un cadre qui perd son travail tente de réinventer son emploi du temps avec un questionnement passionnant : Faut-il vivre pour travailler ou travailler pour vivre? Une œuvre visionnaire sur l’écologie politique et la culpabilisation de ceux qui ne veulent pas vivre leur rapport au travail comme la société l’ordonne. Le travail sur l’image de Philippe Rousselot est là encore somptueux et original, soutenu par la musique hypnotique de Michel Portal qui enserre le protagoniste principal dans sa solitude. Pour vivre heureux sans travail, faut-il vivre caché ? Belmont offre un superbe rôle à Jean Crubelier, chercheur au CNRS, qui s’il n’est pas un acteur professionnel, capte de façon fascinante l’impossibilité de vivre son utopie de ne pas avoir un emploi.

 

Les Médiateurs du Pacifique (1997), un documentaire autour des Accords de Matignon qui ont permis de mettre fin au conflit en Nouvelle Calédonie et qui est toujours une référence aujourd’hui dans la question de la médiation des conflits. La première partie revient sur ce qui a mené au massacre de la grotte d’Ouvea avec le témoignage de Philippe Legorjus, capitaine du GIGN à l’époque, avec des commentaires cinglants sur la responsabilité des politiques au moment des élections, la suite revenant sur la mission elle-même avec les membres de cette équipée pour la paix. (critique)

mediateurs Joseph et Benoit Tangopi3
Océanie (2001), Nouvelle-Calédonie encore avec Marie-Claude Tjibaou et Ariane Mnouchkine qui assistent avec enthousiasme au 8ème Festival des Arts du Pacifique qui célèbre les musiques et les danses de vingt-six peuples du Pacifique. La caméra accompagne et anticipe les mouvements chorégraphiques, permettant de conserver une trace de ces danses rituelles envoûtantes, avec une réflexion sur la culture et la politique de cette région. Là encore le sens du cadre et du plan de Charles Belmont est une évidence, autant dans les plans tournés de jour que ceux enregistrés la nuit avec les rares lumières qui créent un climat singulier. Le documentaire marque aussi l’amorce d’une réconciliation, Marie-Claude Tjibaou ayant été approchée à cette occasion par le fils de l’assassin de son mari.


Qui de nous deux (2006), récit d’apprentissage d’une adolescente rebelle, écrit avec sa fille Salomé Blechmans (Donoma) qui en est l’interprète principale sur une musique de l’aérien Silvain Vanot et dont le titre est évidemment celui de la chanson de M que l’on entend dans le film. Speed alone ou avec les autres. Le meilleur film tourné au sein du lycée Claude Monet à Paris dans le treizième arrondissement. Ce n’est que l’avis d’un de ses anciens élèves…

Voir l’entretien avec Marielle Issartel qui évoque la carrière de Charles Belmont en détails, avec un regard tout particulier sur L’Ecume des jours et la critique du documentaire Les Médiateurs du Pacifique (critique).

Retrospective Belmont

Les séances :

oceanie
mercredi 8 avril 2015 à 20h30 : Océanie (1h25)

suivi d’un débat « Dessine-moi un continent ! » avec Ariane Mnouchkine (sous réserve), cocktail d’ouverture à partir de 19h30

jeudi 9 avril 2015 à 20h00 : Pour Clémence (1h40)

suivi d’un débat « Travail, sors de ce corps ! » avec Patrick Viveret, philosophe, Marielle Issartel, coscénariste et monteuse du film et Julie Coudry, Entrepreneure, fondatrice de LA MANU et de Jobmakers

vendredi 10 avril à 20h00 : Les Médiateurs du Pacifique (1h55)

suivi d’un débat « La médiation et après » avec Wallès Kotra, directeur de Nouvelle-Calédonie 1ère

samedi 11 avril à 16h00 : RAK (1h30)

suivi d’un débat « Dessine-moi une personne » avec Marik Cassart et Alain Gourhant de la Revue Santé Intégrative

samedi 11 avril à 20h00 : L’Écume des jours (1h45)

suivi d’un débat «Adapter Vian, un tabou ? » avec les actrices Annie Buron et Alexandra Stewart, le producteur André Michelin ainsi que Christelle Gonzalo et François Roulmann, spécialistes de Boris Vian
dimanche 12 avril à 16h00 : Histoires d’A (1h25)

suivi d’un débat « Le corps du délit » avec l’historienne Hélène Fleckinger et Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d’Osez le féminisme.

dimanche 12 avril à 20h00 : Qui de nous deux (1h35)

suivi d’un débat « Expressions adolescentes » avec Salomé Blechmans, auteure et comédienne et l’équipe du film.
Pass 3 séances : 15€

 

Tarif unique pour chaque séance 6.5 €, Carte UGC et Gaumont Non acceptées

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