Quand vient la nuit
États-Unis : 2014
Titre original : The drop
Réalisateur : Michaël R. Roskam
Scénario : Dennis Lehane, d’après sa nouvelle « Sauve qui peut »
Acteurs : Tom Hardy, Noomi Rapace, James Gandolfini
Éditeur : 20th Century Fox
Durée : 1h42
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 12 novembre 2014
Date de sortie DVD/BR : 19 mars 2015
Bob Saginowski, barman solitaire, suit d’un regard désabusé le système de blanchissement d’argent, basé sur des bars-dépôts, qui sévit à Brooklyn. Avec son cousin et employeur Marv, Bob se retrouve au centre d’un braquage qui tourne mal. Il est bientôt mêle à une enquête qui va réveiller des drames enfouis du passé…
Le film
[4/5]
On avait remarqué Michaël Roskam il y a quelques années, quand le flamand nous avait proposé une immersion étouffante dans la petite mafia des éleveurs bovins et du trafic de viande aux Pays-Bas dans Bullhead. Avec Quand vient la nuit, le cinéaste choisit d’aborder, pour son premier film américain, un genre très codifié et sans doute plus familier du spectateur : celui des truands New Yorkais, cher à Martin Scorsese ou James Gray, à qui on pense souvent pendant le film. Plongeant au cœur des affres personnelles et « professionnelles » (qui se rejoignent parfois) des petites frappes de la mafia tchétchène, le film de Roskam nous dresse le portrait d’un quartier qui se désintègre lentement mais sûrement, sous la pression d’une société en mutation et de plus en plus violente, pourrissant au fur et à mesure tous ceux qui vivent à Brooklyn : le personnage incarné par Tom Hardy, contaminé, acculé par cette violence qu’il renie et rejette en bloc, en est le symbole le plus flagrant. En face de lui, une Noomi Rapace lumineuse et intense ainsi qu’un chien, font office, paradoxalement, de derniers vestiges d’une humanité en déliquescence. Le chien comme reflet de l’âme humaine en quelque sorte…
Impossible d’évoquer la réussite de Quand vient la nuit sans aborder la prestation exceptionnelle de Tom Hardy. Après Locke, également découvert en salles en 2014, l’acteur nous livrait en effet une nouvelle composition littéralement extraordinaire. Rappelant naturellement autant le jeu de Robert De Niro (auquel on pense à cause du contexte du film) que de Matthias Schoenaerts (pour la carrure et le côté « autiste »), Hardy trouve devant la caméra de Michaël Roskam une certaine forme de grâce animale, qui explose littéralement dans le dernier acte du film : gauche dés qu’il s’agit d’exprimer des sentiments humains, son personnage trouvera une réelle dimension dans la bestialité, où il trouve, malgré ses réticences et son déni, sa place réelle.
Le DVD
[4/5]
Le DVD de Quand vient la nuit, édité par 20th Century Fox est à l’image des sorties vidéo d’un éditeur décidément bien aguerri au format : la galette propose un impressionnant piqué et un encodage bien maîtrisé. En deux mots, le transfert compose parfaitement avec les limites du support DVD (on note certes une granulation un peu excessive durant les scènes nocturnes, mais il s’agit d’une des limites intrinsèques du format) et offre un spectacle très propre, sans écueil majeur à déplorer. Niveau son, VF et VO anglaise sont encodées en Dolby Digital 5.1, avec une nette prépondérance laissée aux voix sur la version française, et une dynamique plus ample sur la version originale.
Dans la section suppléments, et outre un commentaitre audio de Michaël Roskam sur le film, on trouvera une série de featurettes composant, bout à bout, un making of d’une vingtaine de minutes. C’est intéressant, et on notera tout particulièrement l’hommage à James Gandolfini, figure mythique du film –et de la série– de truands New Yorkais. Une galerie photos et une bande-annonce ferment le bal.