Tusk
États-Unis : 2014
Titre original : Tusk
Réalisateur : Kevin Smith
Scénario : Kevin Smith
Acteurs : Justin Long, Michael Parks, Haley Joel Osment
Éditeur : Sony Pictures Entertainment
Durée : 1h41
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 11 mars 2015
Un célèbre podcaster rend visite à un vieil homme totalement fasciné par les morses. La rencontre va très vite dégénérer…
Le film
[4/5]
Il y a eu, dans la carrière de Kevin Smith, un moment de flottement il y a quelques années, une panne d’inspiration, qu’il admet d’ailleurs volontiers lui-même. Évoquant cette période dans les bonus du Blu-ray de Tusk, il explique que la facilité l’a poussé à accepter divers compromis artistiques avant de se rendre compte de ses erreurs, et de se mettre en retrait de la réalisation pour se concentrer sur ses activités annexes, passionnées et souvent passionnantes, mais peu relayées en dehors des États-Unis (podcasts, émissions de TV, spectacles sur scène…). En 2011 néanmoins, Red state marquera la renaissance artistique du réalisateur de Clerks : s’il changeait radicalement de registre en abandonnant ses glandeurs et ses geeks vieillissants, le film marquait pour lui un retour aux sources d’un cinéma indépendant et libre, riche en dialogues savoureux. Même s’il ne s’agissait pas à proprement parler d’un film d’horreur, Red state voyait la naissance d’un Kevin Smith « nouveau », indéniablement habile pour mélanger le thriller et la comédie très noire. Porté par la prestation immense d’un Michael Parks en état de grâce, le film s’avérait un excellent petit thriller noir et engagé, délivrant une charge pour le moins féroce à l’encontre des intégristes catholiques.
De l’humour noirissime porté par une nouvelle prestation hallucinante de Michael Parks, c’est aussi ce que l’on trouvera au cœur de Tusk, le nouvel effort de Kevin Smith dans le genre de la comédie horrifique. Mais c’est aussi un film unique, vraiment déroutant et iconoclaste, au sujet duquel il vaut mieux ne rien savoir avant de se lancer dans l’expérience. En ce sens, le pitch proposé par Sony Pictures Entertainment sur la jaquette du Blu-ray (et disponible ci-dessus) fait son boulot de la meilleure des façons possibles : si l’on évite tout spoiler, le choc et les multiples surprises que nous réserve le script n’en seront forcément que plus grands. Et comme Kevin Smith annonce cet opus comme le premier d’une nouvelle trilogie, on croise les doigts pour qu’il garde au fil des films ce niveau de qualité et cet extraordinaire impact sur le spectateur.
Le Blu-ray
[5/5]
Comme à son habitude, Sony Pictures Entertainment nous livre un Blu-ray techniquement irréprochable. Piqué d’une précision à couper le souffle, couleurs éclatantes et naturelles, noirs denses, contrastes parfaits. On ne déplore pas la moindre baisse de définition, c’est du haut niveau de A à Z, l’édition parfaite, d’autant plus qu’à la fois la VF et la VO sont proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, dans des mixages amples et d’un dynamisme littéralement bluffants. Bien sûr, on ne saura trop vous conseiller de visionner le film en version originale, les prestations de Justin Long, mais surtout de Michael Parks et de l’acteur se cachant sous le pseudonyme de « Guy Lapointe » valant vraiment d’être découvertes sans l’intermédiaire d’un doublage français.
Dans la section suppléments, Sony Pictures Entertainment fait très fort en revenant, de A à Z, sur le film de Kevin Smith. L’idée du film est en fait née pendant un podcast de Kevin Smith et Scott Mosier (Smodcast), dont on retrouve l’intégralité ici : le réalisateur y lisait la très sérieuse petite annonce d’un homme proposant une chambre double en échange de menus -et très bizarres- services de la part du locataire. Cela dure trente minutes, et c’est à la fois un bon gros délire entre potes vraiment très drôle à écouter, mais en plus, une fascinante tranche de pure création artistique, les trois quarts du film étant balancés sous forme d’idées brutes sur la table. Un complément indispensable, indissociable du film à proprement parler, et lui donnant un éclairage encore un peu plus particulier et unique. L’éditeur nous propose également une courte version animée dudit podcast. Dans la section des scènes coupées, on trouvera une scène étendue, ainsi qu’une scène animée censée prendre place durant l’histoire des orphelins de Duplessis. Le module 20 ans pour Tusk est un entretien passionnant avec Kevin Smith, où ce dernier évoque l’importance de Tusk dans son parcours professionnel, le comparant à son premier film en 1994, Clerks. Vous pensiez avoir fait le tour de la question ? Hé bien NON car Sony Pictures Entertainment vous offre également un commentaire audio de Kevin Smith (passionnant, comme à son habitude, on sent bien que le lascar a l’habitude de la radio et sait maintenir l’intérêt de son auditoire en éveil), ainsi qu’un making of divisé en plusieurs featurettes, dont certaines ont la particularité d’être animées par Jason Mewes, ce qui permettra aux amoureux de Jay & Silent Bob de retrouver les deux compères à nouveau réunis sur la même galette. Bref, un film à découvrir et un Blu-ray parfait en tous points : c’est un véritable plaisir. Merci Sony.