Critique : Colorado

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Colorado

Italie, 1966
Titre original : La resa dei conti
Réalisateur : Sergio Sollima
Scénario : Sergio Donati et Sergio Sollima
Acteurs : Lee Van Cleef, Tomas Milian
Distribution : Park Circus
Durée : 1h50
Genre : Western
Date de sortie : 4 juin 1969

Note : 3/5

Les effets de style pop sont abondants dans le générique au début de ce western italien. Finalement beaucoup plus sobre en termes formels que ne pouvait le laisser croire cette introduction criarde, Colorado est avant tout fidèle aux préoccupations de son époque à travers le traitement nullement manichéen d’une chasse à l’homme aux multiples rebondissements. Le réalisateur Sergio Sollima suit en effet d’une façon remarquablement exhaustive la voie ouverte par le maître Sergio Leone, en nous concoctant un western moderne tout à fait efficace.

Synopsis : Le chasseur de primes Jonathan Corbett est si redoutable que son travail soigné a fini par vider le Texas de tous les bandits. Il ne reste plus qu’une carrière politique à Washington pour satisfaire les ambitions mesurées de cet homme à la morale irréprochable. Le riche entrepreneur Brokston compte soutenir généreusement la campagne de Corbett, à condition que celui-ci appuie son projet d’un chemin de fer entre les Etats-Unis et le Mexique. Le futur candidat a déjà accepté ce marché, quand il doit reprendre le service lors d’une dernière affaire : la poursuite du Mexicain Cuchillo Sanchez, accusé d’avoir violé et tué une gamine avant de s’enfuir vers le sud.

Règlement de compte à trois balles

La modernité de l’approche se manifeste au plus tard dès la troisième séquence du film. Alors que le prologue – où Corbett élimine à lui seul les trois derniers truands du Texas et se fait ensuite payer par un shérif pas tellement enchanté par cette oisiveté nouvellement gagnée – s’inscrit encore dans la tradition plutôt longue du justicier sans états d’âme, l’image héroïque du protagoniste accuse quelques fissures dès qu’il devra naviguer à travers le terrain miné des mondanités politiques. Il accepte presque sans broncher de devenir l’objet de Brokston, tout en sachant que cette alliance risque de ternir sa réputation éclatante. L’occasion de mettre entre parenthèses ce marché avec le diable s’avère alors trop bonne pour la refuser, même si Corbett ne tarde pas à retomber dans sa philosophie digne d’un prédateur. Car tout ce qu’il lui faut pour partir au quart de tour, c’est de savoir qui il est censé chercher et la direction prise par sa proie. Bien sûr, ce mode opératoire simpliste s’enrayera face à un adversaire, plus espiègle, mais aussi ingénieux que ce personnage taciturne, que Lee Van Cleef interprète avec une impassibilité à toute épreuve.

Un match nul couru d’avance

Le duel jusqu’à la mort qu’il part se livrer avec Cuchillo se complique justement à cause de la désinvolture de ce dernier. Même si Tomas Milian n’a pas grand-chose d’un Mexicain, avec son allure de Romain sophistiquée, difficilement démentie par des grimaces autour d’une bouche constamment ouverte, il sait préserver une certaine innocence enfantine à ce bandit aux intentions troubles. La grande faiblesse du scénario est d’ailleurs qu’il n’arrive jamais à nous faire croire sans l’ombre d’un doute en la culpabilité supposée de Cuchillo, ce petit bouffon bien trop enjoué pour commettre un crime si atroce. Cependant, les traits de caractère diamétralement opposés des deux personnages principaux se complémentent parfaitement, sans s’abaisser au niveau de la farce caricaturale pratiquée à l’époque par le duo Bud Spencer et Terence Hill. Leur interaction n’est jamais plus saisissante que lors de la séquence autour de la morsure de serpent, peut-être la plus brillante au cours d’un film qui n’accuse pourtant aucune baisse de régime notable.

Conclusion

Un petit maître du western italien, le réalisateur Sergio Sollima s’acquitte honorablement de cette chasse à l’homme sans temps mort. La narration s’appuie certes un peu trop irrégulièrement sur des effets d’ellipse. Mais dans l’ensemble, nous ne bouderons point notre plaisir face à ce western guère mineur, puisque ses répliques thématiques et formelles se font ressentir jusqu’à ce jour, avant tout chez cette encyclopédie ambulante du cinéma que reste Quentin Tarantino et son Django unchained.

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