Critique : Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans

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Bad Lieutenant Escale à la Nouvelle Orléans afficheBad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans

Etats-Unis, 2009
Titre original : Bad Lieutenant: Port of Call New Orleans
Réalisateur : Werner Herzog
Scénario : William M. Finkelstein
Acteurs : Nicolas Cage, Eva Mendes, Val Kilmer
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 2h02
Genre : Policier
Date de sortie : 17 mars 2010

Note : 3,5/5

Depuis le 3 décembre 2014 et jusqu’au 20 janvier 2015, le Grand Action propose une rétrospective en 30 films du grand cinéaste Werner Herzog, presque tous en version numérique restaurée avec des classiques (Nosferatu, Fitzcarraldo, Aguirre – voir test bluray…) et des documentaires sur des sujets très variés : la peine de mort (Into the Abyss) ou le récit émouvant d’une survivante d’un crash d’avion (Les Ailes de l’Espoir). Parmi les rares longs-métrages en 35mm, signalons ce drôle de film noir barré, épatant, osé dans le ton et la forme qui repasse notamment ce vendredi 2 janvier à 16h30.

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Synopsis : Terence McDonagh est inspecteur dans la police criminelle de la Nouvelle-Orléans. En sauvant un détenu de la noyade pendant l’ouragan Katrina, il s’est blessé au dos. Désormais, pour ne pas trop souffrir, il prend des médicaments puissants, souvent, trop souvent… Déterminé à faire son travail du mieux qu’il peut, il doit faire face à une criminalité qui envahit toutes les vies, même la sienne. Sa compagne, dont il est éperdument amoureux, est une prostituée. Pour la protéger, Terence est obligé de prendre des risques. Parce qu’il est sur les traces d’un gros dealer, sa vie est en jeu. Parce qu’il doit enquêter sur l’assassinat d’une famille d’immigrants africains, il doit mener une enquête impossible. En quelques heures, tous les enjeux de sa carrière et de sa vie vont se combiner pour devenir sa pire épreuve. S’il s’en sort, Terence saura enfin qui il est vraiment…

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Un Bad Lieutenant exubérant et jazzy

En 1992, Abel Ferrara réalisait un Bad Lieutenant resté dans les mémoires pour sa violence, sa crudité, son désespoir. Ici le méchant lieutenant est interprété par un Nicolas Cage exubérant et jazzy dans une composition vraiment originale (sa plus convaincante depuis Adaptation de Spike Jonze), en lieu et place d’un Harvey Keitel très différent dans l’oeuvre originale. Le film surprend constamment par sa folie et ses rebondissements absurdes. Werner Herzog, grand réalisateur allemand installé aux Etats-Unis, met en scène l’histoire d’un flic devenu accro aux stupéfiants après s’être abîmé le dos dans un sauvetage peu enthousiaste dans une prison inondée, en plein passage de l’ouragan Katrina qui détruisit une grande partie de la Nouvelle Orléans. Les seconds rôles sont savoureux et secondent l’interprète principal avec talent.

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L’ex-rappeur Exzibit qui n’a jamais été particulièrement intéressant est un excellent méchant qui s’avère plus dérisoire que terrifiant, Val Kilmer retrouve un talent qu’il n’a plus montré depuis longtemps, sobre en comparse cynique plus destructeur que son partenaire sous influence, Eva Mendes joue à nouveau un personnage victime du sex-appeal dont elle abuse, certes un brin convenu mais qui forme néanmoins un beau couple avec Cage, Brad Dourif est un bookmaker peu conciliant mais amical, Michael Shannon en flic terrorisé par un Cage dont il perçoit la folie ou encore Shea Whigham en fils de notable qui sera suffisamment sage pour savoir modérer son orgueil au bon moment.

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Werner Herzog est-il complètement fou ?

Le réalisateur qui fut longtemps accompagné de Klaus Kinski (Fitzcarraldo, Aguirre ou la colère de Dieu) s’avère au moins autant fou que son ancien comédien, ce que laissait déjà sous-entendre le documentaire Ennemis Intimes. Sa mise en scène, son obsession pour les iguanes, symbole de la perte totale de repères après six mois d’absorptions intenses de substances hallucinogènes illustrent avec un brin de surréalisme la folie du personnage de Nicolas Cage et l’orientation générale du ton du film. Le rythme du scénario et du montage soutient le plaisir de ce spectacle de la déchéance d’un homme qui lutte pour ne pas couler mais qui enchaîne les erreurs de jugement qui le mettront dans des situations très dangereuses, pour lui et pour ses proches. Un polar qui donne la pêche, léger et fou, loin du regard judéo-chrétien cher à Abel Ferrara. Ici les points communs sont finalement très limités, une opportunité pour le producteur des deux films de créer un nouvel univers autour d’un flic drogué qui plonge dans ce qu’il a de plus noir sans négliger les parts de lumières. Werner Herzog confirme qu’il est bien une personnalité à part du cinéma.

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Conclusion

Unique dans son genre, Werner Herzog n’a pas peur de prendre le risque de s’aliéner une partie du public par des idées audacieuses, aidé ici par un deus ex-machine sacrément bienveillant. Les acteurs s’amusent, et le spectateur aussi…

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