Voici le palmarès de la 9ème édition de ce Festival dédié au cinéma japonais contemporain :
Soleil d’or du meilleur film (prix du public) : La Maison au toit rouge de Yoji Yamada
Sortie en France le 1er avril 2015 de ce 82ème long-métrage d’un grand cinéaste né en 1931, nommé en 2003 à l’Oscar du film étranger pour Le Samouraï du crépuscule. La comédienne Haru Kuroki a reçu l’Ours d’Argent de la meilleure actrice pour son interprétation.
Synopsis officiel : Japon, 1936. Taki quitte sa campagne natale pour travailler comme bonne dans une petite maison bourgeoise en banlieue de Tôkyô. C’est le paisible foyer de Tokiko, son mari Masaki et leur fils de 6 ans. Mais quand Itakura, le nouveau collègue de Masaki, rentre dans leurs vies, Tokiko est irrésistiblement attirée par ce jeune homme délicat, et Taki devient le témoin de leur amour clandestin. Alors que la guerre éclate, elle devra prendre une terrible décision. Soixante ans plus tard, à la mort de Taki, son petit neveu Takeshi trouve dans ses affaires une enveloppe scellée qui contient une lettre. Il découvre alors la vérité sur ce secret si longtemps gardé.
http://youtu.be/BqZyqxXnkY4
Prix de la critique : Disregarded People d’Hideo Sakaki
Yûsuke Mamiana, un homme d’âge moyen, arrive dans une ville portuaire de campagne. Laid et antipathique, ses affaires ne marchent pas et ses relations avec les gens sont tout aussi chaotiques. N’ayant nulle part où aller, il retourne dans sa ville natale où il a été abandonné très jeune par ses parents. Personne ne se souvient de lui et tous le regardent avec suspicion. Seule Kyôko semble avoir de l’affection pour lui. Cette jeune femme au visage marqué cherche un peu d’amour dans cet homme déchiré. Ne sachant comment réagir, Yûsuke répond par le sexe et la violence. Bien qu’elle soit dégoûtée par lui, Kyôko continue malgré tout à le voir car elle se sent enfin traitée comme une femme désirable.
Prix Canon de la meilleure photographie : Forma d’Ayumi Sakamoto
Ce long-métrage est l’impressionnnante étude tragique d’un harcèlement en milieu professionnel qui évite les outrances habituelles dans ce type d’oppression morale qui glisse vers l’affrontement physique. Le rythme est lent mais l’effet ressenti dépend de ce rapport à la lenteur. Ce prix est d’autant plus légitime que le rapport à l’image via des caméras ou le regard de l’autre est un outil narratif majeur de cette très belle réussite, hélas sans date de sortie en France pour le moment.
Le programmation de Kinotayo s’achève à Marly du 4 janvier au 5 février (voir agenda) avec les films de la compétition et quelques autres révélés hors-compétition dont Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi qui risque de rester dans l’histoire comme la dernière production des studios Ghibli, fondé par les réalisateurs Hayao Miyazaki et Isao Takahata dont le parcours est retracé dans un documentaire non hagiographique réjouissant.
The Kingdom of Dreams and Madness est réalisé par Mami Sunada qui se révèle comme un nom majeur du film non fictionnel du cinéma asiatique après un autre grand moment de cinéma du réel, Death of a Japanese Salesman, consacré aux derniers jours de son père victime d’un cancer. Ici, elle saisit le studio lors des productions respectives du Vent se lève de Miyazaki (critique) et du Conte de la Princesse Kaguya de Takahata et révèle deux caractères très différents, le premier étant plus fiable pour ses collègues mais un peu plus cassant, capable d’un humour noir terrible sur les personnes âgées notamment, le deuxième étant plus discret mais non moins admiré des autres et notamment de Miyazaki qui reconnaît lui devoir beaucoup, même s’il se montre parfois agacé par ses retards dans son tournage ! Deux rapports différents à la création dans cette oeuvre passionnante qui révèle des choses factuelles mais surtout des états d’esprit de créateurs et de leur hyper sensibilité. Le résultat est émouvant, drôle et pédagogique. L’on apprend notamment comment le casting vocal du Vent se lève a été effectué et toute cette partie est particulièrement plaisante dans ce qu’elle révèle du hasard de la création.
http://youtu.be/z5IM2IwA7FU
La compétition incluait également les fictions Backwater de Shinji Aoyama, The Light Shines Only There de Mipo O (représentant officiel du Japon pour l’Oscar du film étranger 2015, déjà éliminé), Seventh Code de Kiyoshi Kurosawa et Tamako in Moratorium de Nobuhiro Yamashitaet ainsi que les documentaires The End of the Special Time We Were Allowed de Shingo Ota sur les derniers jours de la vie du musicien Sota Masuda qui s’est suicidé pendant le tournage et The Horses of Fukushima de Yoju Matsubayashi.