Test Blu-ray 4K Ultra HD : Le Pacte des loups

0
5336

Le Pacte des loups

France, Belgique, Venezuela : 2001
Titre original : –
Réalisation : Christophe Gans
Scénario : Stéphane Cabel, Christophe Gans
Acteurs : Samuel Le Bihan, Mark Dacascos, Vincent Cassel
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h31
Genre : Aventures, Fantastique
Date de sortie cinéma : 31 janvier 2001
Date de sortie DVD/BR : 21 octobre 2022

En 1766, une bête mystérieuse sévit dans les montagnes du Gévaudan et fait de nombreuses victimes, sans que quiconque puisse l’identifier ou la tuer. Les gens ont peur. C’est un monstre surgi de l’enfer ou une punition de Dieu. L’affaire prend rapidement une dimension nationale et porte atteinte à l’autorité du Roi. Le chevalier Grégoire De Fronsac, naturaliste de surcroît, est alors envoyé dans la région du Gévaudan pour dresser le portrait de la bête. Bel esprit, frivole et rationnel, il est accompagné de l’étrange et taciturne Mani, un indien de la tribu des Mohawks. Ces derniers s’installent chez le Marquis Thomas d’Apcher. Au cours d’une soirée donnée en son honneur, Fronsac fait la connaissance de Marianne De Morangias ainsi que de son frère Jean-François, héritiers de la plus influente famille du pays. Fronsac se heurte bientôt à l’animosité des personnages influents de la région…

Le film

[4,5/5]

Sorti sur les écrans en 2001, Le Pacte des loups a réuni à l’époque pas moins de 5,2 millions de français dans les salles obscures. Un très joli score pour un film d’aventures conçu comme le premier « Blockbuster » hexagonal : film en costumes dans la plus pure tradition du cinéma populaire français, le film de Christophe Gans ajoutait à l’équation une pincée d’horreur et une bonne dose d’action très influencée par le cinéma Hongkongais des années 90. Encore assez peu connu à l’époque, si ce n’est des lecteurs assidus de Starfix et de HK – Orient Extreme Cinema, le réalisateur et coscénariste Christophe Gans est parvenu avec Le Pacte des loups à bouleverser pour un temps l’industrie cinématographique française, en prouvant que l’on pouvait également, en Europe, réaliser des films d’action à gros budget pouvant rivaliser avec le modèle américain.

La proposition de cinéma de Christophe Gans est audacieuse : Le Pacte des loups est à la fois profondément ancré dans les mythes et légendes de son pays (on y pourchasse la fameuse « Bête du Gévaudan », créature légendaire ayant terrorisé la campagne française entre 1764 et 1767) mais également extrêmement référentiel d’un point de vue cinématographique : le film convoque en effet non seulement le wu xia pian mais également le western spaghetti, tout en saupoudrant son intrigue d’une certaine étrangeté, de magie, de quelques prémisses de la Révolution française et d’un certain mysticisme sexuel à travers le personnage incarné par Monica Bellucci. Le résultat à l’écran est pour le moins majestueux, même si bien sûr il n’est pas tout à fait exempt de défauts, notamment dans son côté un peu fourre-tout, volontiers excessif et sans doute un peu trop long. Cependant, et alors qu’il vient de fêter ses vingt ans, Le Pacte des loups demeure un grand spectacle absolument hypnotique et fascinant, emportant le spectateur avec lui au fil de ses changements de tonalité et de ses séquences anthologiques.

Mais ce qui s’avère probablement le plus impressionnant à la redécouverte du Pacte des loups, c’est le dévouement total de Christophe Gans à son œuvre, qui contribue d’ailleurs à en faire un film sur lequel le temps ne semble avoir aucune emprise, sauf peut-être dans le domaine de l’imagerie numérique, mais les CGI étaient déjà le gros point faible du film il y a vingt ans. Pour le reste, Christophe Gans se donne à fond dans son travail, bien déterminé à aller jusqu’au bout de sa vision. Ce souci du détail en ce qui concerne les costumes, les décors, la photo ou même la mise en scène en elle-même est absolument remarquable, et confère au film une classe visuelle de tous les instants qui contribue clairement à renforcer l’impact des scènes du film versant dans le fantastique – un fantastique hérité du Chien des Baskerville version Hammer Films, avec une pointe de modernité bien sûr.

Aussi bien visuellement que techniquement, Le Pacte des loups est une véritable merveille. Bien sûr, on n’irait pas jusqu’à affirmer que le film redéfinisse complètement le genre action / aventure, mais on admire tout de même la façon très premier degré et déférente avec laquelle Gans aborde son sujet, ce qui lui permet finalement de mélanger les genres sans jamais réellement tomber dans les clichés. Pour autant, la multiplication de sous-intrigues au cœur du film nuit par moments un peu à son rythme : les personnages sont (trop) nombreux, autant que les relations de respect ou d’hostilité qui se tissent entre eux, et le tout est encore un peu alourdi par une série d’imbroglios romantiques et de sociétés secrètes. Pour autant, ne boudons pas notre plaisir : Le Pacte des loups demeure un spectacle foncièrement réussi et réjouissant, en plus de constituer une véritable « date » dans l’histoire du cinéma français.

Le Combo Blu-ray 4K Ultra HD + 3 DVD + Livre (Storyboards)

[5/5]

A l’occasion des vingt ans du film, Le Pacte des loups a été intégralement « reconstitué » en 4K à partir des négatifs originaux. Comme l’avait affirmé Christophe Gans lui-même dans l’entretien qu’il nous avait accordé en juin dernier, le Blu-ray du film jusqu’ici disponible chez StudioCanal n’était pas de bonne qualité, tout simplement parce qu’il n’existait jusqu’ici aucune copie Haute-Définition du Pacte des loups. La redécouverte du film en Blu-ray 4K Ultra HD, disponible aujourd’hui sous les couleurs de Metropolitan Vidéo, n’en sera que plus spectaculaire. Restaurée et étalonnée en 4K sous la supervision de Christophe Gans et de l’équipe technique d’origine, cette présentation 4K du film est tout simplement magnifique.

Comme on pouvait s’y attendre étant donné le soin maniaque de Christophe Gans à maîtriser son film de A à Z, le rendu Ultra Haute-Définition s’avère vraiment épatant, et rend aux compositions de plans et à la photo leurs lettres de noblesse. Comparativement à la précédente édition Blu-ray, l’upgrade en termes de définition et de piqué est éblouissant, et l’amélioration de la tenue des couleurs sautera littéralement aux yeux dès les premières minutes du film. Le léger grain argentique a été respecté, et l’ensemble y gagne très nettement en finesse : ce nouveau master fait littéralement exploser le rendu des textures, des contrastes et nous permet de profiter d’une toute nouvelle intensité sur les différentes sources de lumières et autres reflets. Les scènes les plus riches en couleurs s’affichent avec d’avantage d’éclat (les rouges sont éblouissants) et des nuances des plus subtiles, et la restauration du film a également permis aux effets spéciaux numériques de s’intégrer un peu mieux qu’avant au reste du film. Du grand Art ! Côté son, Le Pacte des loups s’offre également un remixage Dolby Atmos absolument ébouriffant, que les amplis non compatibles décoderont en Dolby TrueHD 7.1. Préparez-vous à une immersion exceptionnelle au cœur du Gévaudan du XVIIIème Siècle – toutes les enceintes seront de la partie, avec des sons positionnés absolument partout dans l’espace sonore : le rendu acoustique multicanal est enveloppant et très dynamique, précis, avec des basses vrombissantes. La superbe BO de Joseph Lo Duca bénéficie également d’un placement optimal, bref c’est vraiment époustouflant.

Du côté des suppléments, on tient vraiment là l’édition définitive du Pacte des loups, car en plus d’un supplément inédit et absolument passionnant, ce nouveau coffret nous propose de retrouver l’intégralité des suppléments déjà disponible sur l’édition DVD « Collector » de 2001. Vous vous souvenez ? Cette édition en forme de vieux bouquin relié de cuir, qui contenait des tonnes et des tonnes de bonus… Hé bien on les retrouvera tous ici, sur trois disque DVD dédiés. On commencera tout d’abord avec un commentaire audio de Christophe Gans, qui nous dévoilera tout sur ses influences ainsi que sur la fabrication de son film. On continuera ensuite avec un commentaire audio de Samuel Le Bihan et Vincent Cassel : les deux acteurs y évoqueront le tournage du film et les difficultés qu’ils ont pu rencontrer. Dans les deux cas, les anecdotes et petits secrets de fabrication abondent. On continuera ensuite avec un long making of (1h20) intitulé « Les entrailles de la bête ». Réalisé par Pascal Laugier (Saint-Ange, Martyrs), ce documentaire reviendra, étape par étape, sur la genèse du Pacte des loups. De l’écriture du projet par Stéphane Cabel à la rencontre avec Christophe Gans, on passera ensuite au casting, puis à la photo, à la chorégraphie des scènes de combat par Philip Kwok, et bien sûr aux effets spéciaux (animatronics et images de synthèse). On continuera ensuite avec une poignée de modules internet qui dévoilent un autre aspect du tournage, ainsi qu’avec un entretien avec Michel Louis, historien (17 minutes), qui revient sur la véritable histoire de la bête du Gévaudan, naturellement assez éloignée de celle qui nous est racontée dans le film.

Ce n’est pas tout, puisqu’on aura également droit à une intéressante série de scènes coupées (36 minutes), introduites par Christophe Gans, qui nous explique pourquoi elles ont été écartées du montage final. On y trouvera une version rallongée de la première scène de combat, qui faisait participer Samuel Le Bihan au combat, une scène liant Mani (Mark Dacascos) à un corbeau (clin d’œil évident à la série TV The Crow), un face à face entre Fronsac et le père Sardis (Jean-François Stévenin), une jolie scène romantique prenant place sur un étang gelé, et une scène qui suit Sylvia (Monica Bellucci) et Fronsac dans une pièce secrète permettant d’espionner chaque chambre de la maison close. On continuera avec un making of alternatif (1h20), toujours réalisé par Pascal Laugier, qui nous dévoile l’envers du décor du tournage d’une façon moins glamour, sans langue de bois : problèmes techniques, prises de bec, acteurs épuisés… Passionnant ! On terminera enfin avec les bonus issus de l’édition DVD de 2002 dite « Ultimate Edition », à savoir le téléfilm La Bête du Gévaudan, réalisé en 1967 par Yves-André Hubert dans le cadre de la série Le Tribunal de l’impossible, qui traitait de faits divers fantastiques. Très marqué par ce téléfilm dans sa jeunesse, Christophe Gans nous proposera par ailleurs un entretien avec Michel Subiela, producteur de la série (26 minutes). Enfin, on terminera avec un entretien entre Christophe Gans et Jean-Pierre Jackson (18 minutes), qui permettra au cinéaste d’aborder son œuvre sur le ton de la discussion informelle.

Mais avec Metropolitan Vidéo, quand y’en a plus, y’en a encore ! L’éditeur nous propose pour terminer un entretien inédit entre Christophe Gans et Jean-Baptiste Thoret (1h29), qui sera l’occasion de revenir sur Le Pacte des loups avec vingt ans de recul : Thoret ouvrira les hostilités en évoquant le fait que le film s’imposait, à sa sortie, comme un véritable « gamechanger » dans le petit monde du cinéma français, mais que finalement, il ne fut pas suivi d’autres blockbusters du même genre. Ils échangeront ensuite sur le film en lui-même, son montage financier et ses thématiques, évoqueront les rapports entre Gans et la critique de cinéma en général, et bien sûr la restauration du film en 2021. On notera par ailleurs que cette édition est présentée dans un étui rigide de toute beauté, contenant également un Steelbook ainsi qu’un livre-storyboard de 200 pages ! Une édition indispensable pour un film qui l’est sans doute tout autant.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici