Le Chant de la Mer
Irlande, 2014
Titre original : Song of the Sea
Réalisateur : Tomm Moore
Scénario : Will Collins, Tomm Moore
Acteurs : Nolwenn Leroy, Jean Stan Du Pac, Pascal Sellem (voix françaises)
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h33
Genre : Animation
Date de sortie : 10 décembre 2014
Note : 4/5
Avec cette légende celtique, l’Irlandais Tomm Moore nous offre un nouveau joyau du cinéma d’animation après Brendan et le Secret de Kells et semble s’imposer comme l’un des nouveaux grands auteur du cinéma animé.
Synopsis : Ben vit avec ses parents dans un phare en Irlande. À la naissance de sa petite soeur Maïna, leur mère disparaît mystérieusement dans l’océan. Six ans plus tard, Ben est devenu un petit garçon énergique mais qui a une peur panique de l’eau et ne quitte pas son gilet de sauvetage. Lorsque son père meurtri s’inquiète pour la sécurité de sa fille muette, il l’envoie chez sa mère en ville. Maïna a un secret : comme sa maman, elle est une selkie, une créature mythologique mi-humaine mi-créature aquatique qui peut se transformer en phoque lorsqu’elle porte un manteau aux propriétés magiques. Pour protéger les peuples de la mer menacés par Macha, une méchante sorcière secondée par ses hiboux inquiétants, Ben et Maïna devront se lancer dans une quête à travers leur pays.
Un mythe celtique enchanteur et inquiétant
Tomm Moore revient avec ce superbe hommage aux mythes celtiques qui enchantera les petits et les inquiétera aussi un peu et séduira tout autant les adultes par la complexité de son récit. L’histoire est belle et profonde, le graphisme original et maîtrisé. La magie de ce récit et des sentiments nous emporte grâce à cet univers inédit sublimé par de superbes dessins, autant ceux des personnages que des décors signés Adrien Mérigeau. Le style de ces décors possède un sens merveilleux des perspectives magnifiés par une réelle grâce dans sa mise en scène.
Le scénario joue avec l’image du doubles, les personnages du monde réel étant parfois des sosies des personnages mythologiques de l’histoire (la grand-mère et la sorcière, le père et le fils maudit de la sorcière, le voisin et le druide…) créant un léger trouble sur la perception de ce que l’on voit sans que cela soit pourtant remis en cause. L’effet est ainsi discret, presque invisible et enrichit notre vision de ce conte étrange aux multiples niveaux de compréhension.
La voix de Nolwenn Leroy
Ce récit d’initiation voit un garçon qui voit la vie autrement grâce à ses lunettes 3D (à l’ancienne dans ce film en plat qui joue avec cet outil à la mode dans le cinéma d’animation contemporain) et sa soeur muette se rapprocher dans l’adversité avec les dangers qui les guettent. Leur relation fraternelle est joliment captée, autant dans les instant où la jalousie domine que lorsque leur complicité s’épanouit enfin. Aidés d’un druide excentrique dont chaque long cheveu est un souvenir qui s’efface s’il est coupé, il vont tenter de libérer les créatures changées en pierre par la sorcière et permettre à Maïna de retrouver ses pouvoir de Selkie.
La voix de Nolwenn Leroy enchante, autant dans le rôle de la mère que lorsqu’elle interprète le thème principal créé par Bruno Coulais et Kila qui signent une très belle bande-son que l’on entend à intervalles réguliers sans jamais s’en lasser, les paroles en gaëlique conservant une part de mystère. Les enfants sont doublés par de vrais enfants, ce qui n’est pas toujours le cas et ils sont eux aussi excellents à l’image des personnages jamais infantiles dans lesquels les plus jeunes pourront se reconnaître.
Conclusion
Un conte pour Noël parfait par l’un des nouveaux grands créateurs du cinéma d’inspiration inspiré par le cinéma d’animation écologique et poétique de Hayao Miyazaki et qui n’hésite pas à aller vers un peu de noirceur pour approfondir son sujet. Comme dans La Petite Sirène (voire Splash de Ron Howard), les héros devront affronter un choix cornélien, l’appel de la mer ou celui de la terre ferme, ou plus symboliquement l’appel de la mère ou celui du père.