Critique : The Immigrant

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immigrant afficheThe Immigrant

Etats-Unis, 2013
Titre original : –
Réalisateur : James Gray
Scénario : James Gray
Acteurs : Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Jeremy Renner
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h53
Genre : Drame
Date de sortie : 27 novembre 2013

Note : 3,5/5

À travers le destin tragique de la polonaise Ewa, le cinéaste James Gray rend un hommage émouvant à ses grands-parents entrés en Amérique par la porte de Ellis Island.

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Synopsis : Ellis Island était encore aux débuts des années 1920 la principale porte d’entrée vers l’Amérique. Ewa et sa soeur Magda arrivent de Pologne en rêvant d’une vie meilleure mais sont séparées à la douane. Magda, atteinte de tuberculose, doit rester en quarantaine. Ewa, accusée de mauvaises moeurs, se voit retirer son passeport et se retrouve alors sous la coupe de Bruno qui va la faire sombrer dans la prostitution.

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Le martyre d’une émigrée polonaise

Candidat malheureux de l’édition 2013 du Festival de Cannes (ce n’était hélas pas une première), James Gray rend hommage à ses grands-parents venus de Russie à cette même période. Il dépeint l’aspect le plus sordide de l’immigration à travers le destin d’Ewa, piégée dans un triangle passionnel entre Bruno, proxénète médiocre et son cousin Orlando, prestidigitateur qui lui accordera une brève lueur d’espoir.

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Marion Cotillard adopte l’accent polonais pour ce qui est l’un de ses plus beaux rôles, celui d’une femme prête à tout pour protéger sa soeur, jusqu’à en devenir une martyre. Elle est dirigée avec précision par un maître du film noir qui change de registre sans négliger ses thèmes fétiches, comme la violence de l’intégration dans un monde qui n’est pas le sien ou l’observation de membres d’une même famille qui se déchirent jusqu’au sang. Dans la peau d’un être trouble, Joaquin Phoenix désarçonne avec une interprétation d’une étonnante fragilité, loin des caricatures de ce type de personnage et bien différente de celle de Jeremy Renner dans un registre volontairement plus aérien.

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Une esthétique expressionniste

Esthétiquement, le film est d’une beauté époustouflante qui évoque dans ses cadres et les lignes géométriques le cinéma expressionniste allemand en général et le cinéma de Murnau en particulier, essentiellement dans son exil américain. L’imagerie irréelle de Darius Khondji (Seven) accompagne dans une tonalité sépia les décors d’un New-York qui rappelle par le regard accordé à son architecture celui de Sergio Leone dans Il était une fois en Amérique. Les réserves que l’on peut avoir sur l’émotion recherchée ne s’appliquent pas à cet aspect du film, le film étant d’une rare exemplarité visuelle.

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Résumé

Ce portrait ambigu d’une femme entre courage et résignation révèle avec trop de parcimonie son lyrisme latent et le rythme souffre de cette trop grande retenue. Pourtant, si ce mélodrame se regarde avec une passion limitée à sa première vision, il devrait trouver sa force avec le temps grâce à l’élégance de sa mise en scène et ce malgré les caractérisations fluctuantes de ses protagonistes.

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