Critique : 71

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Grande-Bretagne, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Yann Demange
Scénario : Gregory Burke
Acteurs : Jack O’Connell, Sean Harris, Richard Dormer
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h39
Genre : Action, Drame
Date de sortie : 5 novembre 2014

Note : 3/5

Quelques mois après Les Poings dans les murs, l’acteur Jack O’Connell revient dans ce thriller situé au cœur du conflit entre irlandais et anglais avec un soldat inexpérimenté isolé dans les rues de Belfast, traqué par l’IRA et la police secrète anglaise…

Synopsis : 1971 en Irlande. Jeune recrue de l’armée anglaise, Gary Hook est envoyé en patrouille avec son bataillon dans les rues de Belfast. Lors d’un début d’émeute, il est séparé de son groupe avec l’un de ses camarades. Lorsque ce dernier est abattu sommairement d’une balle dans la tête par un membre de l’IRA trop heureux de bénéficier de cette opportunité, Gary s’enfonce dans la nuit et va passer les heures qui suivent à tenter de survivre à tous ceux qui veulent sa tête, aidé par quelques âmes bienveillantes.

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After Hours à Belfast

D’origine française, le réalisateur Yann Demange a grandi en Angleterre et a été témoin des tensions entre les deux communautés protestantes et catholiques. Il évoque cette période à travers un film de genre ancré dans un cadre historique mais qui ne se vaut pas réaliste malgré un cadre crédible. Contrairement à Black Hawk Down de Ridley Scott, il ne s’agit pas du tout de faits réels mais plutôt comme dans After Hours de Martin Scorsese, le récit d’un homme seul poursuivi de tous sans discrimination dans un temps d’unité et d’action, le temps d’une nuit autour de quelques pâtés de maison dont il est incapable de fuir, cerné de toute part, entre les membres de l’IRA et la milice secrète pro anglaise MRF qui mène des actions clandestines au nom de l’état de droit anglais pour discréditer leurs adversaires. Témoin accidentel d’un attentat fabriqué par la MRF, il ne bénéficie même pas de soutien de ceux qui sont supposés le protéger. Menacé par toutes les factions, il est néanmoins aidé par des âmes charitables, les irlandais se révélant généreux malgré leur rejet viscéral du pouvoir anglais qui ne leur accorde aucune liberté. Yann Demange évite le piège du manichéisme sans pour autant se livrer à un brûlot politique qui n’aurait pu être que maladroit. La photo de Tat Radcliffe, qui avait déjà travaillé avec le réalisateur sur la mini-série de zombies The Dead Set, saisit la rugosité nocturne de Belfast dans sa topographie digne d’un survival à la Mad Max.

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Le charisme de Jack O’Connell

Le jeune cinéaste filme caméra à l’épaule dans une tension permanente et ne fait pas de son protagoniste inexpérimenté une machine à tuer. Il subit plus qu’il n’agit, jeté dans ce conflit où son amateurisme est flagrant après une formation très accélérée avec un cours (trop) rapide de géographie pour que cela soit utile lorsqu’il est poursuivi. Vu dans Eden Lake en inquiétant chef d’un groupe d’adolescents criminels et cette année dans Les Poings dans les murs en petite teigne envoyée en prison pour actes de violence, le jeune Jack O’Connell se montre subtil, effacé, fragile, inquiet dès qu’il est sur le point de faire une rencontre potentiellement fatale à chaque fois. Cet acteur qui monte est attendu dans le deuxième long-métrage de l’actrice Angelina Jolie, Invincible (Unbroken) où il est Louis Zamperini, un athlète olympique qui sera fait prisonnier de guerre par l’armée japonaise et récemment décédé à l’âge de 97 ans. Sean Harris (Délivre-nous du mal, Prometheus) est l’un des membres peu scrupuleux de la MRF et Sam Reid l’officier lui aussi débutant qui commande maladroitement le bataillon envoyé maîtriser la manifestation à l’origine de cette nuit folle pour le pauvre Gary malmené dans un conflit qui le dépasse.

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Résumé

En ancrant son thriller dans un cadre historique longtemps houleux, Yann Demange prenait le risque de ne pas trouver la juste distance mais il parvient à insuffler la bonne énergie dans ce qui relève plus du survival post-apocalyptique (l’Irlande des années 70 n’est guère accueillante) que du film politique.

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