Critique : Vie sauvage

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vie sauvage afficheVie sauvage

France, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Cédric Kahn
Scénario : Nathalie Najem, Cédric Kahn, d’après l’oeuvre de Laurence Vidal, Okwari Fortin, Shahi’Yena Fortin et Xavier Fortin
Acteurs : Mathieu Kassovitz, Céline Sallette, David Gastou
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h46
Genre : Drame
Date de sortie : 29 octobre 2014

Note : 3/5

 Il y a 6 mois sortait La belle vie, le premier long métrage de Jean Denizot, un film inspiré par l’affaire Fortin, du nom de ce père, Xavier, qui, en 1998, à l’issue d’un droit de visite parental, a décidé de ne pas ramener ses 2 fils à leur mère qui en avait la garde et est parti en cavale avec les 2 enfants, alors âgés de 6 ans et de 7 ans ½. Xavier Fortin n’a été retrouvé par la police que 11 ans plus tard. C’est le même fait divers qui a inspiré Vie sauvage à Cédric Kahn.

 

Synopsis : Philippe Fournier, dit Paco, décide de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde.
Enfants puis adolescents, Okyesa et Tsali Fournier vont rester cachés sous différentes identités. Greniers, mas, caravanes, communautés sont autant de refuges qui leur permettront de vivre avec leur père, en communion avec la nature et les animaux.
Traqués par la police et recherchés sans relâche par leur mère, ils découvrent le danger, la peur et le manque mais aussi la solidarité des amis rencontrés sur leur chemin, le bonheur d’une vie hors système : nomades et libres.
Une cavale de onze ans à travers la France qui va forger leur identité.

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Comment raconter un fait divers ?

Lorsqu’un réalisateur choisit de s’inspirer d’un fait divers qui, lorsqu’il s’est déroulé, avait été l’objet d’une couverture médiatique importante, on imagine qu’il est conscient que la fin de l’histoire qu’il va raconter sera connue par le plus grand nombre. La façon de raconter cette histoire ne peut donc qu’être influencée par ce contexte qui, d’une certaine façon, exclut la notion de suspense. Ce contexte met également à l’aise le critique qui, du moins croit-il pouvoir le faire, peut se permettre de raconter davantage l’histoire que lorsqu’il s’agit d’une pure fiction. Dans Vie sauvage, Cédric Kahn a choisi de débuter son film par la rupture entre le père et la mère : Nora quitte la caravane dans laquelle elle vit avec Paco et ses 3 fils et elle part se réfugier avec ses enfants chez ses parents, aux Adrets-de-l’Estérel. La façon dont Nora et Paco se sont rencontrés ne sera dévoilée que plus tard dans le film. La façon de raconter la suite est relativement conventionnelle : les querelles entre familles en ce qui concerne la garde des enfants, la cavale du père et de ses 2 fils, le fils aîné de Nora, fruit d’une union que Nora avait eue avant de rencontrer Paco, qui reste avec sa mère, la fin de la cavale, les retrouvailles entre Nora et ses 2 fils devenus de grands adolescents.

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Les deux périodes extrêmes de la cavale

Plutôt que de raconter les 11 ans de cavale au travers d’éléments choisis régulièrement au fil du temps, Cédric Kahn et sa co-scénariste Nathalie Najem ont choisi de se concentrer sur 2 périodes : les deux premières années de la cavale, lorsque Tsali et Okyesa sont de jeunes garçons pour qui cette vie dans la nature et la nécessité de se cacher font l’effet d’un jeu ; la fin de la cavale, lorsque Tsali et Okyesa sont arrivés à saturation de cette vie de clandestinité, de fuites perpétuelles et de promiscuité avec des animaux. Pour commencer, l‘adoration pour le père qui les fait vivre comme des indiens, pour finir, la rébellion et des histoires de fric.

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Des bémols et des applaudissements

Dans ce film qui commence de façon très forte et qui se termine par quelques scènes très réussies, on se demande pourquoi toute la période de cavale, qui représente quand même les ¾ du film peut apparaître un peu trop souvent aussi peu passionnante. On peut apporter quelques éléments de réponse. Tout d’abord, une bonne partie de la cavale fait se répéter des scènes relativement similaires. Ensuite, Cédric Kahn et Nathalie Najem ont choisi de nous faire perdre le contact avec la mère, dont on peut regretter de ne jamais voir la façon dont elle a vécu ces 11 années. Certes, on nous montre de temps en temps des coupures de presse évoquant son mal-être mais, pour le spectateur, c’est insuffisant. Enfin, dans un film tourné en pleine nature, on pensait échapper à LA scène de la boite de nuit, la scène qui plombe bon nombre de films : eh bien non ! Certes la boite de nuit est remplacé par une fiesta autour d’un feu de camp, mais l’effet sur le film est malheureusement le même. Par contre, rien à dire au niveau des comédiens, tous excellents même si on ne peut s’empêcher de détacher particulièrement la prestation de Céline Sallette dans le rôle de Nora, cela quand bien même on la voit peu, tellement elle est sidérante de justesse, aussi bien quand elle décide de quitter Paco que lorsqu’elle retrouve ses 2 fils.

Résumé

Vie sauvage est un film inégal qui vaut surtout par la prestation des comédiens. Il n’est pas interdit de penser qu’il aurait pu être proche de l’excellence si tout le film avait été au niveau des scènes où apparait Céline Sallette, à son début et à sa fin. Cédric Kahn et sa co-scénariste avaient bien sûr le droit de faire le choix scénaristique qui a été le leur, en escamotant la mère pendant les 3/4 du film. Il n’est par contre pas certain que la majorité des spectateurs soit d’accord avec ce choix !

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