La soirée d’ouverture
L’an dernier, c’est Henri, film de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2013 qui avait fait l’ouverture à Gardanne. Cette année, c’est Bande de filles, film d’ouverture de cette même section à Cannes 2014, qui ouvrait le 26ème Festival Cinématographique d’Automne de l’ancienne cité minière. Bande de filles et le 3ème long métrage de Céline Sciamma, une réalisatrice qui, depuis La naissance des pieuvres et surtout depuis Tomboy, jouit d’une cote très favorable, tant auprès des critiques que du public. Il est probable qu’il en ira de même avec Bande de filles, film dans lequel Céline Sciamma continue de s’intéresser aux thèmes qui lui sont chers, l’adolescence et l’envie d’échapper à un destin que tout vous annonce tracé d’avance. Ce coup ci, ce sont 4 jeunes filles de la banlieue parisienne qui vont petit à petit se construire et s’affirmer. Bande de filles va sortir mercredi 22 octobre.
Rencontre à Berck
La journée de samedi offrait 3 avant-premières aux nombreux spectateurs. A la vie, le premier d’entre eux, est le 5ème long métrage de Jean-Jacques Zilbermann à qui l’on doit Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes et L’homme est une femme comme les autres. Dans A la vie, il nous raconte les retrouvailles à Berck-Plage, en 1962, de 3 femmes rescapées du camp d’Auschwitz et qui ne se sont pas revues depuis 17 ans. Depuis, leurs destins ont pris des chemins très différents mais leur passé commun et ô combien douloureux ne peut que les souder à nouveau. Présenté au Festival de Locarno, ce film est largement inspiré de ce qu’a réellement vécu la mère du réalisateur. Sur cet excellent thème, Jean-Jacques Zilbermann n’arrive malheureusement que dans quelques scènes à montrer ce que le film aurait pu, aurait dû être, la réalisation étant souvent trop molle.
Autour de l’Islam
Les deux autres films de cette première journée ont un rapport avec l’Islam. Timbuktu, du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, a été pour beaucoup un des grands moments de Cannes 2014, ce film y étant présent en compétition officielle. Magnifique au niveau de l’image, c’est également un film important par ce qu’il raconte, la façon dont des frappadingues islamistes, venus d’un peu partout, imposent leur loi dans un pays. Certes, ils arrivent presque à ressembler à des bisounours à côté de ceux qui sévissent actuellement en Irak et en Syrie, mais, quand bien même ils ne décapitent pas, les interdits sont légion et la lapidation et les coups de fouet sont monnaie courante. Ce film restera dans l’histoire du cinéma pour au moins une scène, à la fois tragique et comique, réalisée à la perfection : un match de foot se déroulant sans ballon, les jeux de ballon étant interdits, au même titre que la musique et les cigarettes. Il est regrettable à de nombreux points de vue que ce film, qui sortira le 10 décembre, soit reparti bredouille de la manifestation cannoise.
Qu’Allah bénisse la France est l’adaptation au cinéma du livre homonyme dans lequel le slameur Abd Al Malik raconte sa propre histoire : son passé dans une cité de la banlieue de Strasbourg, entre délinquance et études brillantes, sa conversion à l’Islam, son cheminement vers un islam proche du soufisme, tolérant et ouvert sur les autres. Il est dommage que la réalisation, probablement par maladresse, montre surtout un monde des banlieues qui ne peut que renforcer les thèses d’un Zemmour, le retournement final n’apparaissant que comme une pirouette. Autre maladresse : on entend un homme proférer une phrase qui, là aussi, est gênante par son côté trop général. « Tu as eu la chance de rencontrer l’islam avant de rencontrer les musulmans » : « avant de rencontrer les islamistes » eut été plus heureux ! Par contre, on ne dira que du bien de la photographie en Noir et Blanc de Pierre Aïm, un noir et blanc que le réalisateur a utilisé en référence à La Haine, film dont il dit qu’il l’a beaucoup inspiré. Ce film sortira le 10 décembre.