Palo Alto
Etats-Unis : 2014
Titre original : Palo Alto
Réalisateur : Gia Coppola
Scénario : Gia Coppola, James Franco
Acteurs : Emma Roberts, James Franco, Nate Wolff, Jack Kilmer
Distribution : Pathé
Durée : 1h40
Genre : Drame
Date de sortie : 11 juin 2014
Note : 3/5
Dans la famille Coppola, je voudrais… Gia ! Premier film à 27 ans pour la nièce de la talentueuse Sofia, Palo Alto est une oeuvre énigmatique et inquiétante, qui s’appuie sur un traitement esthétique aléatoire et incertain. Accompagnée du duo Franco-Roberts, deux têtes d’affiches aussi douées qu’aguicheuses, quel est le résultat pour la franchise Coppola ?
Synopsis : Palo Alto, une ville moyenne, noyée dans la banlieue de San Fransisco, est le théâtre des expériences de quatre adolescents : Teddy, April, Fred et Emily. Entre premiers ébats amoureux et accès de violence incontrôlés, les désirs de ces jeunes mêlent fantasme et réalité, au point de mettre leur vie en danger…
Le temps de l’inconscience
Le jeune Franco n’est plus. C’est peut-être ainsi que l’adaptation du recueil du polyvalent acteur d’Hollywood (d’ailleurs professeur, peintre, acteur, romancier et mannequin) se présente aux spectateurs. La galerie de portraits, dévoilée par le regard omniscient de la caméra, pénètre le mal-être adolescent que le cinéma a déjà surexploité. On retrouve des accents de Virgin Suicides dans la beauté fragile de la jeune Emma Roberts. On se prend presque à rêver à un Lauréat inversé. Pourtant, le film n’atteint pas l’extase fulgurante de ses prédécesseurs, puisque la caméra montre mais ne signifie rien. Elle laisse l’interprétation voguer à travers le destin d’une banlieue cernée par la brume. La ville de Palo Alto est sommaire, banale : de belles piscines attenantes à des maisons quelconques, un terrain de football et des casiers d’écoliers. Berceau de la Silicon Valley, elle est désormais le théâtre de l’ennui.
Une fois ce cadre planté, l’envolée lyrique des dialogues ne répond plus à la surdité d’un mal-être sans visage. Les quelques effusions d’adolescents en rut, ne brossent que le portrait timoré d’une société en vadrouille. Franco et Coppola pataugent au milieu de ce magma informe, cherchant en vain à le sortir de sa torpeur. Les plans, nourris par les exemples de la belle endormie et de l’érotisme candide, se succèdent avec plus ou moins de brio.
Primo Franco
A contrario, le film se laisse entrevoir par les joues échancrées de son héroïne, qui montre à nouveau les contours de son aisance. Pour lui donner la réplique, le jeune talent de Jack Kilmer (Teddy) est une réjouissance. Ses traits juvéniles brutalisent la maturité de ses gestes. D’ailleurs, le casting forme une merveilleuse symbiose avec ce que le film, finalement, nous révèle : la perdition de jeunes dans un entre-deux effrayant. L’immensité du néant, symbolisé par les pulsions érotiques et les désirs de violence, tendent à montrer l’absurdité de leurs conditions. Cette lutte entre Eros et Thanatos, fil rouge des relations humaines, rejettent sans cesse les personnages à mille lieux sous la terre.
Face à ce vide laissé par la fin de l’enfance, le personnage interprété par James Franco ne représente guère le modèle de l’autorité et de la stabilité. Son personnage complexe n’est malheureusement traité qu’avec superficialité, ce qui galvaude la dimension autobiographique originelle. Sa présence à éclipse n’en fait qu’un médiocre faire-valoir, dont le spectre habille tout de curieusement le long-métrage. Le problème de Gia Coppola se retrouve alors porté au nu : un film qui se noie dans un flot de sentiments et de non-dits, qui manifeste parfois trop le souci de détails insignifiants, au détriment d’une profonde originalité.
Résumé
Palo Alto est un essai à demi-transformé. Grâce à quelques belles tentatives de sublimation de la fragilité adolescente, le trio Coppola-Franco-Roberts réussit à transposer de belles scènes d’inconscience. Seul le temps nous dira si, oui ou non, Gia mérite de porter haut et fort l’étendard Coppola.