A Touch of Sin

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a touch of sin afficheA Touch of Sin

Chine, Japon : 2013
Titre original : Tian Zhu Ding
Réalisateur : Jia Zhang Ke
Scénario : Jia Zhang Ke
Acteurs : Wu Jiang, Wang Baoqiang, Zhao Tao, Luo Lanshan
Distribution : Ad Vitam Distribution
Durée : 2 h 10
Genre : Drame
Date de sortie : 11 décembre 2013

Globale : [rating:2][five-star-rating]

En 1998, Xiao Wu artisan pickpocket, le premier long métrage de Jia Zhang Ke, avait été sélectionné au Festival de Berlin. Depuis, tous les films de ce réalisateur chinois ont été sélectionnés dans les plus grands festivals et, en 2006, Still Life a obtenu le Lion d’Or du 63ème Festival de Venise. Concernant le Festival de Cannes, Jia Zhang Ke avait déjà eu deux films présentés en compétition et un film dans la sélection Un Certain Regard. Cette année, A Touch of Sin était en compétition au Festival de Cannes 2013 et le jury présidé par Steven Spielberg lui a décerné le prix du scénario.

Synopsis : Dahai, mineur exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, décide de passer à l’action. Zhou San, un travailleur migrant, découvre les infinies possibilités offertes par son arme à feu. Xiao Yu, hôtesse d’accueil dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d’un riche client. Xiao Hui passe d’un travail à un autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, un seul et même reflet de la Chine contemporaine : celui d’une société au développement économique brutal peu à peu gangrenée par la violence.

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Un film en 4 volets

Jian Zhang Ke fait partie de ce qu’on appelle la 6ème génération de cinéastes chinois, celle qui regroupe les cinéastes apparus après les événements qui se sont déroulés en 1989 sur la place de Tian’anmen à Pékin. Des cinéastes qui traitent frontalement et de façon presque documentaire des problèmes de la Chine contemporaine et qui ont beaucoup plus de succès à l’étranger que dans leur propre pays. Des cinéastes qui, par ailleurs, ont régulièrement des problèmes avec la censure. Pour Jian Zhang KeA Touch of Sin représente un pas important dans une nouvelle direction, pas qui, par certains côtés, le conduit dans la lignée de Kitano et de Tarantino. Son dernier film se compose de 4 volets filmés dans 4 régions différentes de la Chine continentale. La première est centré sur le personnage de Dahai, un mineur qui ne supporte plus la corruption et les injustices qui règnent dans son entourage. Elle a été tournée dans le Shanxi, province du Nord-Est de la Chine. La deuxième, tournée dans la ville de Chongqing, au sud-ouest de la Chine, nous parle de Zhou San, un homme qui éprouve un plaisir certain dans une activité de tueur. La troisième partie, tournée dans une ville de l’Hubei, au centre du pays, s’intéresse à Xiao Yu, une hôtesse d’accueil dans un sauna, qui, lassée par les humiliations et les violences physiques subies en tant que femme, se métamorphose en tueuse. Quant à la quatrième partie, elle nous emmène à Dongguan, dans la province du Guangdong, au sud-est de la Chine. Après avoir pris la fuite suite à une faute très grave commise dans une entreprise de textile, Xiao Hui est devenu hôte d’accueil dans un night-club fréquenté par les riches et les puissants. Toutes ces histoires, Jian Zhang Ke les a tirées de faits divers qui se sont réellement déroulées dans son pays.

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Un objet hybride qui fonctionne mal

Le tableau que dresse Jian Zhang Ke de son propre pays est particulièrement accablant et déprimant. D’un bout à l’autre du film, on croise la corruption, la violence, l’insécurité, la prostitution et la misère. Certes, il y aussi une histoire d’adultère et le sentiment fleur bleu d’un jeune chinois qui nous éloignent un peu de ce tableau particulièrement noir, mais le réalisateur, sans aucune pitié pour le spectateur, n’hésite pas à terminer ces 2 histoires de façon tragique. Après tout, pourquoi pas : manifestement, il pense que la Chine contemporaine se dirige à grande vitesse vers une forme d’apocalypse, autant le montrer de façon claire et nette. Si on ajoute qu’il sait utiliser ses qualités de documentariste pour nous offrir de nombreuses scènes très intéressantes sur les métiers et sur les lieux, on pourrait penser qu’on a à faire avec un film certes très dur mais très documenté, très fort et bien réalisé. Malheureusement, le sentiment qu’on a à la fin du film est tout autre. Est-ce le fait que A Touch of Sin ait été produit par la compagnie de Takeshi Kitano, toujours est-il que Jian Zhang Ke s’est cru obligé d’emprunter à ce dernier ainsi qu’à Tarantino les éléments d’hyper violence qui sont un peu leur marque de fabrique : personnages renvoyés 10 mètres en arrière à la suite d’un coup de feu, impacts des balles, sang qui gicle. Au final, on se retrouve face à un objet hybride, entre cinéma réaliste à la Ken Loach et film de violence plus ou moins parodique et ça ne fonctionne qu’à de trop rares moments. Si on peut sans problème sauver le premier volet du film, assez passionnant, on ne peut pas en dire autant de la suite du film, qui part vraiment dans tous les sens. On en arrive vite à se perdre dans les personnages, ce qui donne d’ailleurs des scènes cocasses à la sortie du film, les spectateurs s’interrogeant les uns les autres pour savoir si, par exemple, telle femme qu’on voit à la fin du film est la femme de X, vue au début du film ou la femme de Y vue au milieu ! Par ailleurs, il est surprenant d’apprendre que Jia Zhang Ke, habitué à rencontrer la censure dans son pays, ne l’a pas rencontrée pour un film qui, pourtant, donne la pire des images de la chine d’aujourd’hui. Deux explications plausibles : le côté parodique de la réalisation peut laisser croire que le spectateur ne prendra pas pour argent compté ce que le film lui montre ; par ailleurs, combien de spectateurs ce film va-t-il attirer dans son pays d’origine ?

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La fidélité de Jia Zhang Ke

Dans ce film dont le titre renvoie de façon évidente à A Touch of Zen de King Hu, on ne sera pas étonné de trouver Zhao Tao dans la distribution, interprétant le rôle de Xiao Yu : à l’exception de Xiao Wu artisan pickpocket, elle a joué dans tous les films de fiction de celui qui, il y a peu, est devenu son mari. Wu Jiang, qui interprète le mineur Dahai, est, depuis Vivre ! de Zhang Yimou en 1993, un acteur important du cinéma chinois. Quant au Directeur de la photographie, il s’agit de Yu Likway, abonné aux films de Jia Zhang Ke.

Résumé

Face à un film comme A Touch of Sin, dont le synopsis est très prometteur, on ne peut qu’être déçu par le résultat final. Ce qui aurait pu être un film très fort sur les maux qui rongent la société chinoise contemporaine s’avère au final relever davantage de l’exercice de style mal maîtrise, brouillon et à l’intérêt limité.

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