Critique : Jackie Brown

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Jackie Brown

Jackie Brown afficheÉtats-Unis : 1998
Titre original : Jackie Brown
Réalisateur : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Acteurs : Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert de Niro, Robert Forster, Michael Keaton, Bridget Fonda
Distribution : Bac Films
Durée : 2h30
Genre : Drame, police
Date de sortie : 1 avril 1998

5/5

Entre Pulp Fiction et Kill Bill, « Jackie Brown » peut tenir une place à part dans la filmographie de Tarantino. Le film a connu moins de succès que ses précédentes réalisations et l’a conduit, volontairement ou non, à rester six ans éloigné des plateaux.

Jackie Brown, hôtesse de l’air, arrondit ses fins de mois en convoyant de l’argent liquide pour le compte d’un trafiquant d’armes, Ordell Robbie. Un jour, un agent fédéral et un policier de Los Angeles la cueillent à l’aéroport. Ils comptent sur elle pour faire tomber le trafiquant. Jackie échafaude alors un plan audacieux pour doubler tout le monde lors d’un prochain transfert qui porte sur la modeste somme de cinq cent mille dollars.

La revanche …

Jackie Brown, quadragénaire, sensuelle, pulpeuse, seule, a peur de vieillir et ne trouve rien de rassurant ni dans sa vie, ni dans son boulot hôtesse de l’air au sein d’une compagnie minable.

Elle arrondit ses fins de mois en passant de l’argent du Mexique pour Ordell Robbie, un trafiquant d’armes sans scrupules qui ne va pas hésiter à tenter de la supprimer quand elle est serrée de trop près par les flics. Elle retourne la situation à son avantage en doublant à la fois les flics et le truand et en ramassant pour elle une petite fortune.

Elle se révèle une femme de tête, toute en sang froid et en détermination et au passage séduit – chastement et sans le vouloir – Max Cherry, le prêteur de caution qui deviendra son complice. C’est donc la revanche de cette femme sur la vie qui ne l’a pas ménagé et ne lui a guère donné sa chance jusqu’alors.

En confiant le rôle de Jackie Brown à Pam Grier, icône de la « blaxploitation » des années 70 – ce courant du cinéma américain qui a revalorisé le rôle des noirs sur les écrans- Tarantino a également offert sa revanche à cette actrice alors un peu oubliée.

Jackie Brown pam grier

… D’une femme fragile

Mais si Jackie réussit son coup sans faiblir malgré la pression de la police, malgré les menaces d’Ordell, malgré le risque d’être tuée, d’aller en taule ou juste de perdre son boulot, c’est qu’elle est avant tout une femme qui fait le bilan de sa vie. Bilan douloureux pour elle, pas d’amour, un corps pourtant désirable mais qu’elle voit vieillir, peu d’argent…..

C’est cette fêlure en elle qui la fait réagir, saisir cette opportunité comme elle aurait pu saisir toutes autres, honnêtes ou non, qui se seraient présentées. Elle ne veut pas louper sa dernière chance selon elle de s’assurer une autre vie, sinon meilleure, du moins plus légère, plus « confortable », loin de ces banlieues californiennes minables et sordides (et oui Tarantino ose ne pas surfer sur la Californie, soleil, fric et luxe).

Jackie Brown robert de niro samuel l jackson

Orchestrée par Tarantino et ses acteurs

Tarantino mène la danse avec une réalisation laissant à la fois le temps de l’action et le temps du doute à son héroïne. Il multiplie aussi les scène tournées à partir des points de vues différents des participants, comme il aime le faire.

Son film est cependant moins fortement violent que d’autres (hormis quand même 3 meurtres … pratiquement pas montrés à l’écran). Ses acteurs célèbres … ou moins font tous mouche.

Samuel L. Jackson en trafiquant d’armes et vraie ordure, Robert de Niro en comparse un rien demeuré, Bridget Fonda en nymphette défoncée, Michael Keaton, en flic accompagnent Robert Forster, Max Cherry, remarquable, quinquagénaire plutôt rassurant et qui fait passer avec une économie de geste et de regard le sentiment que développe chez lui Jackie. Pam Grier, enfin, comme en osmose avec son rôle, et qui revenait elle aussi à la quarantaine d’une certaine galère. La sensualité dégagée par ces deux-là fait presque regretter que Jackie et Max ne partent pas ensemble à la fin du film. Ils le regrettent d’ailleurs eux-mêmes mais Max ne veut pas pousser plus loin la complicité.

Résumé

Jackie Brown est certes un polar – et à ce titre il peut rejoindre les « grands classiques » du genre (Asphalt Jungle, L’ultime razzia par exemple) – mais c’est aussi le portrait quasi existentialiste d’une femme. Un film de genre au double visage qui mérite d’être revu et même redécouvert.

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