American Nightmare
États-Unis : 2013
Titre original : The Purge
Réalisateur : James DeMonaco
Scénario : James DeMonaco
Acteurs : Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder, Adelaide Kane
Distribution : Universal Pictures International France
Durée : 1h26
Genre : Thriller, Horreur
Date de sortie : 07 août 2013
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Un scénario aussi alléchant on ne dit pas non, surtout quand le genre du thriller d’anticipation devient si rare. Quelques éléments horrifiques en perspective, un quasi inconnu derrière la caméra et les très bons Ethan Hawke et Lena Headey devant. Bref tout est réuni sur le papier pour passer un moment intéressant. Et intéressant American Nightmare l’est plutôt même s’il se vautre également sur des points inattendus.
Synopsis : Dans une Amérique rongée par une criminalité débridée et des prisons surpeuplées, le gouvernement a donné son accord pour qu’une fois par an, pendant 12 heures, toutes activités criminelles, meurtres inclus, soient légalisées. La police ne peut intervenir. Les hôpitaux suspendent leurs services. Une nuit durant, les citoyens sont à même de définir leurs propres règles et de faire leur propre loi, sans avoir à craindre de sanctions. Au cours d’une telle nuit hantée par la violence et le crime, une famille va devoir faire un choix – bourreau ou victime ? – face à un inconnu venu frapper à sa porte.
Blanc et Noir
Les États-Unis, dans un futur proche, ressembleront à un monde parfait ou presque. La chômage presque nul, tout comme la violence et la criminalité. Bref l’utopie. À une exception près : une fois par an pendant 12h les lois n’existent plus et la liberté est totale. Ces 12h servant d’exutoire à l’humanité entière, qui pourra faire le choix de massacrer son prochain en toute impunité si tel est son plaisir. Sous couvert de cet excellent pitch, le réalisateur et scénariste James DeMonaco décide donc d’explorer la psyché humaine. Son film est en forme d’étude sur la lutte des classes poussées à son paroxysme : les plus riches ont les moyens de se protéger de cette purge annuelle et se cloîtrent dans leurs forteresse lors de ces 12h fatidiques tandis que logiquement, les premiers à prendre son les plus pauvres, les sans abri, les gens en marge de la société. Le moyen de réguler cette fameuse lutte des classes et de rendre une société hyper productive réside encore dans le fait de supprimer ceux qui ne peuvent participer à cette productivité, qui ne créent pas de richesses. Bref les riches s’enrichissent à l’extrême et les pauvres sont exterminés, tout en trouvant par cette voie un exutoire à la violence naturelle de l’homme qui pourra à loisir se déchaîner.
Avouez que sur le papier, toutes les questions d’ordre politiques et morales soulevées par American Nightmare sont passionnantes ! Et dans les faits c’est aussi le cas pour ne rien gâcher. Si ce type de production est trop souvent l’occasion de faire dans l’effusion d’horreur et de violence gratuite sans véritablement d’histoire derrière, là pour le coup le sujet est mûri, réfléchi, pensé et développé. Quelle morale insufflons-nous à nos enfants ? Est-ce que pour une fin donnée il faut y mettre les moyens, même si ceux-ci sont extrêmes ? Toute la première partie d’exposition est en cela très intéressante et pose le constat d’une civilisation en plein déclin moral, et la frontière entre utopie et dystopie est plutôt mince. Le film dresse un constat plutôt que tirer des leçons et rempli logiquement son rôle d’anticipation. Là où le bas blesse mais vraiment, vient de la mise en scène opérée par James DeMonaco, à la limite de la stupidité totale parfois.
En effet, les incohérences sont légion, les personnages ont bien trop souvent des réactions stupides, et la gestion de l’espace est aberrante. Pour ce dernier point, l’accent est mis de suite sur le lieu : oui nos protagonistes principaux sont riches et ont une grande maison. Mais ce n’est pas non plus un château. Il est donc pénible de voir certains personnages se chercher pendant des temps ridiculement longs donnant une impression de vaste domaine, ils hurlent sans être entendus quand l’instant d’après ils se ramènent au quart de tour et que l’endroit paraît avoir la taille d’un placard à balais ! Ensuite la réaction des personnages est souvent du niveau de bots décérébrés qui n’ont pas l’air de réfléchir beaucoup : l’innocence du fils par exemple qui ne comprend pas cet état de fait est trop soulignée, il paraît assez intelligent pour avoir une réflexion morale poussée mais bête au point d’avoir des réactions insensées. De même que la fille un peu crétine qui ne comprendra que les intentions de son petit copain au dernier moment et disparaîtra pour on ne sait quelle raison dans ce manoir gigantesque où elle demeurera introuvable. Cet enchaînement de maladresses de débutant fait mal à voir, surtout quand en parallèle le propos demeure très intéressant, c’est même presque rageant. Niveau frayeur, hormis quelques jump scares ultra prévisibles, le film ne fait pas très peur ce qui n’est pas vraiment un reproche comme ce n’est pas son objectif premier. La fin relève le niveau, se montrant vraiment glaciale et bien réalisée, concluant le film sur une note positive.
Résumé
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