L’Attentat
France, Belgique, Qatar, Égypte : 2012
Titre original : L’Attentat
Réalisateur : Ziad Doueiri
Scénario : Ziad Doueiri, Joelle Touma, d’après L’Attentat de Yasmina Khadra
Acteurs : Ali Suliman, Reymonde Amsellem, Evgenia Dodina
Distribution : Wild Bunch
Durée : 1h45
Genre : Drame
Date de sortie : 29 mai 2013
Globale : [rating:3][five-star-rating]
À première vue, L’Attentat pourrait passer pour un film politico-polémique, sans grande saveur face à l’oeuvre de Yasmina Khadra qui l’a inspirée. Pourtant, la mise en scène et l’intrigue du film déjouent les pronostics, en accentuant la descente aux enfers d’un homme, meurtri par la trahison de sa femme. Ce long métrage vibrant de réalisme s’avère être agréablement surprenant et profondément universaliste.
Synopsis : Tel Aviv. Une bombe explose en plein coeur d’un restaurant où des enfants déjeunaient. L’attentat tue de nombreuses personnes et tous les blessés sont rapatriés vers l’hôpital le plus proche. Le docteur Amine Jaafari, médecin israélien d’origine arabe, opère immédiatement les victimes. Rapidement, on lui annonce que la kamikaze est sa femme, Siham. Amine refuse de les croire et se lance dans une quête de la vérité, qui le conduira vite sur les routes de Palestine.
Cruel sera ton destin
Transposer une oeuvre littéraire n’est jamais chose aisée. Toutefois, le film ne fait pas fit de l’horreur. Rien n’est dissimulé, rien n’est suggéré : tout est montré. Les détails sanglants d’un acte barbare injustifié ne sont pas non plus enjolivés, à l’image du corps de Siham qu’on devine coupé en deux. Le parti pris du réalisme est édifiant et la mise en scène renvoie brutalement les images au spectateur. Néanmoins, le long métrage ne peut se résumer à ces seules peintures de la souffrance humaine puisqu’il privilégie l’accès à l’intériorité du personnage.
Dès lors, les images qui ponctuent le rythme du film contribuent à le rendre singulier : à la fois belles, bien cadrées et surtout lyriques, elles se démarquent par la mise en évidence du passé du personnage et des paysages environnant. Cette surprenante tonalité est un avantage indéniable. Le lien étroit qui se tisse peu à peu entre un passé merveilleux et un présent dont la souillure semble impardonnable permet d’en saisir les nuances. C’est autour de cette quête de la vérité que le film s’oriente, valorisant l’alternance entre les scènes d’extérieur et d’intérieur qui expriment la tension entre les valeurs personnelles et les enjeux politiques.
À la recherche de la confiance perdue
Le point culminant de cette quête menée tambour battant, tient à son universalité. Le scénario conserve sa pertinence au regard des enjeux qui sont sous-jacents. Le film reprend le choix audacieux de Yasmina Khadra, en refusant de prendre le parti d’une cause et en soulignant la condition d’un homme, pris en tenaille par des forces qui le submergent. C’est en cela que le producteur ne fournit aucune réponse et renvoi le spectateur à ses propres réflexions. Les lieux de Tel Aviv puis de Palestine sont les théâtres d’une cruauté indicible et témoignent de la vacuité des espérances. Le tragique destin du personnage d’Amine s’établit par son abattement, qui le pousse en porte à faux avec ses origines et ses valeurs.
Le personnage n’est que le jouet de forces qui le dépassent, sur lesquelles il n’a aucune prise et qu’il ne parviendra pas à comprendre. Le jeu des acteurs est à l’image du film : subtile et juste dans les faits, profond et intense dans l’émotion. Malheureusement, L’Attentat souffre parfois de longueurs à peine dissimulées. Elles sont déterminées par l’interprétation elle-même puisque la quête de la vérité a un prix. Le film le paie par des appesantissements dans l’action et des passages parfois inutiles par opposition à un bon démarrage in media res.
Résumé
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