Critique : Oblivion

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Oblivion

afficheÉtats-Unis : 2013
Titre original : –
Réalisateur : Joseph Kosinski
Scénario : Joseph Kosinski, Karl Gajdusek, Michael Arndt
Acteurs : Tom Cruise, Olga Kurylenko, Morgan Freeman
Distribution : Universal Pictures International France
Durée : 2h06
Genre : Science fiction
Date de sortie : 10 avril 2013

4,5/5

En 2011 Joseph Kosinski surprit son monde avec la sortie de Tron l’héritage, sorte de clip halluciné de Daft Punk de deux heures, une mise en scène spectaculaire, un univers artistique riche et recherché en plus évidemment d’une très bonne BO. On n’en attendait donc pas moins d’Oblivion à ce niveau ; cela dit la grande faiblesse de Tron résidait dans son scénario trop simpliste, il ne fallait pas reproduire le même schéma. Le film comporte de nombreux twists mais la critique est garantie 100% sans spoilers. Ne nous en voulez pas si nous sommes parfois diffus.

2077 : Jack Harper, en station sur la planète Terre dont toute la population a été évacuée, est en charge de la sécurité et de la réparation des drones. Suite à des décennies de guerre contre une force extra-terrestre terrifiante qui a ravagé la Terre, Jack fait partie d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources nécessaires à la survie des siens. Sa mission touche à sa fin. Dans à peine deux semaines, il rejoindra le reste des survivants dans une colonie spatiale à des milliers de kilomètres de cette planète dévastée qu’il considère néanmoins comme son chez-lui. Vivant et patrouillant à très haute altitude de ce qu’il reste de la Terre, la vie « céleste » de Jack est bouleversée quand il assiste au crash d’un vaisseau spatial et décide de porter secours à la belle inconnue qu’il renferme. Ressentant pour Jack une attirance et une affinité qui défient toute logique, Julia déclenche par sa présence une suite d’événements qui pousse Jack à remettre en question tout ce qu’il croyait savoir…

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D’un développement un peu hésitant

On sait que Tron était encore en cours d’écriture au moment du tournage, fait malheureusement bien trop courant dans l’industrie hollywoodienne qui impose des dates de sortie très rapprochées, souvent même alors que le film n’en est qu’à un état embryonnaire. Apparemment conscient et frustré de cette gageure, Joseph Kosinski a mûri son scénario d’Oblivion de nombreuses années, même si le résultat en demi-teinte de Tron au box-office a poussé Disney a se séparer du réalisateur qui a pu trouver Universal pour monter son nouveau projet. Pourtant un buzz négatif a parcouru la toile, le film ayant apparemment du mal à être fini dans les temps. Il faut avouer que l’unique projection française à laquelle nous avons assisté a été interdite à bon nombre de rédacteurs web. Ce type de consigne n’est pas si rare mais n’aide pas à alimenter un bouche à oreille positif autour d’un film que l’on suspecte d’être au mieux moyen et au pire raté, raison pour laquelle on ne le montre pas. Dans le cas d’Oblivion c’est une grossière erreur de jugement car il est très réussi. Dés les premières minutes avec Tom Cruise en voix off introduisant la situation de la Terre en 2077 on est happé dans un autre monde, une impression qui persistera pendant tout le film. Preuve que la sf est encore un genre permettant de s’évader. À vrai dire, les deux seuls points d’ombre d’Oblivion sont sûrement un didactisme un peu trop appuyé, certains développement inutiles typiquement américains, et un symbolisme biblique parfois irritant. Mais ça ne gêne pas vraiment.

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Au coup de cœur caché

De tous les sous-genres de la science fiction, le post-apocalyptique est sûrement le plus bateau car très souvent usité (rien que dans les jeux vidéo) et le moins propice aux extravagances. Et pourtant Oblivion à l’intelligence de poser tout de suite une limite : ce qui a fait basculer l’univers en question n’est pas clairement expliqué, se révèle trouble, diffus. Si on ajoute à cela les rêves récurrents du personnage principal, à qui on a effacé la mémoire, qui voit un New-York dans toute sa splendide civilisation à l’opposé des ruines actuelles, on se dit qu’il y a anguille sous roche. Dés lors le spectateur se demande si Oblivion ne tournerait pas autour du voyage temporel, autre genre de prédilection de la sf. Si nous ne révélerons pas ici les tenants et aboutissants de l’histoire, dites vous bien qu’elle se montre riche en surprises et en rebondissements. Si certains risquent de trouver les transitions un poil longuettes malgré une première partie aguicheuse, ces « temps morts » entre deux révélations ne hachent pas la narration la rendant inégale, bien au contraire ! Ils servent à refléter le parcourt mental et les errements du personnage de Jack, incarné avec un vrai brio par Tom Cruise. Cela fait de nombreuses années qu’il n’avait pas été si en forme ; depuis Collateral sûrement dans ce type de personnage « sérieux ». Il est tour à tour, drôle, émouvant, percutant et – fait rare – faible dans toute son humanité. Des quelques personnages secondaires notons surtout Andrea Riseborough qui contrairement à son binôme accepte selon toute vraisemblance cette froide réalité. Enfin Olga Kurylenko pare l’univers d’un atout charme indéniable, et pour ne rien gâter son personnage se révèle émouvant et d’une importance capitale dans l’intrigue. La direction artistique est ultra inspirée : cette tour au milieu des nuages, la piscine au-dessus du vide, la station spatial, les paysages d’Islande… Agrémenté d’une réflexion sur le deus ex machina et d’un montage vraiment pêchu sur sa fin, on ne boude pas son plaisir.

Sublimé par la magnifique bande originale composée par M83 (mise en valeur si vous voyez le film en Dolby Atmos), Oblivion vous restera en tête. Franchement, en entrant dans cette salle de projection on n’en attendait pas autant.

 freeman

 

Résumé

Un vrai film de SF, riche, travaillé, avec un scénario subtil à embranchements, une mise en scène puissante, une direction artistique fabuleuse. Dommage parfois que le film nous rappelle un peu trop son origine US (symbologie, didactisme…) sinon c’est quasiment du parfait.

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