Playoff
Israël, Allemagne, France : 2011
Titre original : Playoff
Réalisateur : Eran Riklis
Scénario : Eran Riklis
Acteurs : Danny Huston, Amira Casar, Max Riemelt
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h 47min
Genre : Drame
Date de sortie : 4 juillet 2012
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Après sa fameuse trilogie du Moyen-Orient (Cup Final, La fiancée syrienne, Les Citronniers), le réalisateur Israélien Eran Riklis nous revient avec un film à première vue moins engagé, s’inspirant d’une histoire vraie pour raconter une tranche de vie. Pourtant, le film parle en filigrane d’énormément de sujets forts et politiquement tranchés. Autant vous dire que Playoff est une franche réussite.
Synopsis : 1982. Entraîneur de basket israélien d’origine allemande, Max Stoller s’est imposé comme une véritable légende dans son pays. Toujours en quête de nouveaux défis, il accepte de prendre en charge l’équipe nationale d’Allemagne de l’Ouest pour l’amener au championnat du monde. Or, Max doit non seulement entraîner des joueurs démotivés, mais il lui faut aussi faire face aux attaques de la presse israélienne qui le considère comme un traitre. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa mission, sans doute parce qu’il est venu là pour autre chose: repartir sur les traces de son enfance brisée par la guerre, un jour de 1943.
La vie de Ralph Klein
Le film s’inspire en effet du célèbre entraîneur de basket Ralph Klein, né à Berlin en 1931 et issu d’une famille de juifs hongrois qui regagne Budapest à la veille de la seconde guerre mondiale. Son père est déporté mais lui et sa famille son sauvés grâce à un ami. Après la guerre, Klein joue pour l’équipe de basket nationale de Hongrie avant d’émigrer en Israël et de débuter sa carrière professionnelle au Maccabi Tel-Aviv, avec qui il est auréolé de succès. C’est en 1970 qu’il devient entraîneur de cette même équipe avant d’être à la tête de l’équipe nationale du pays. En 1983, il suscite la polémique en acceptant d’entraîner l’équipe nationale de la RFA.
Une thématique profonde
C’est ainsi que commence le film: Max Stoller -l’alter égo librement inspiré de Ralph Klein- arrivant en Allemagne de l’est, pris d’assaut par des journalistes se demandant les raisons de sa présence et s’intéressant plus à l’homme, sa religion, son retour qu’ils veulent expliquer par la vengeance, plutôt qu’à son travail. Le film aborde plusieurs problèmes, notamment celui de l’émigration, le fait de se sentir étranger dans un pays dans lequel on a pourtant vécu. Ensuite il parle des gens qui doivent affronter leur passer pour se reconstruire et prendre des risques. Enfin, il aborde les préjugés que tout un chacun peut avoir, sur la religion, la société, et sur autrui.
On perçoit dés le début que malgré sa présence dans ce pays dans lequel il a passé son enfance, Max Stoller a un secret, secret qu’il cache derrière son ambition d’entraîneur, exilé en Allemagne pour redresser une équipe et l’amener à la victoire. Ce que Max semble cacher au monde et au spectateur, en réalité il le cache à lui même. Considéré comme un traître dans son pays (les affres de la Shoah étant encore récentes, le fait qu’un juif travaille pour des allemands est plutôt mal vu), il doit affronter l’ignorance de sa femme et de sa mère et la honte de ses filles.
Il rencontre Deniz, autre personnage contrait de fuir son pays, une musulmane turque qui est à la recherche de son mari disparu. Les deux vont se trouver, se faire écho l’un l’autre. Car après tout ils sont deux étrangers qui ont mis une distance avec leur pays, et veulent revivre leur passé, lui à travers son père disparu, elle en recherchant son époux. D’ailleurs la thématique de la paternité est chère à Eran Riklis et très présente dans son film: la fille de Deniz en manque d’amour paternel, le capitaine de l’équipe de basket qui semble entretenir une relation ambigüe avec son père décédé, et bien sûr Max dont le dernier souvenir de son père réside dans la déception qu’il croit lui avoir causée avant sa disparition lors des rafles nazies.
Un duo troublant
Le film souffre parfois d’être un peu trop contemplatif: longs plans sur les visages et sur l’introspection de Max. Mais cette mollesse est à peu près tout ce qu’on peut lui reprocher tant le réalisateur a construit une histoire intéressante et profondément humaine. Danny Huston et Amira Casar forment un duo tendre et d’une justesse incroyable. Le personnage de Max est d’une telle pudeur qu’on est fortement ému lorsqu’il ne pourra s’empêcher de verser quelques larmes devant la fille de Deniz.
Sans réellement entrer dans le sujet le film fait un constat des relations judéo-musulmanes, devant l’absurdité des conflits au Moyen-Orient, sans être moralisateur ni faire de la religion le thème central du film. Le tout est amené de façon plutôt subtile et jamais de manière vindicative.
Résumé
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=5D2ShfYuNOg[/youtube]