Shock
USA : 1946
Titre original : Shock
Réalisateur : Alfred L. Werker
Scénario : Albert DeMond
Acteurs : Vincent Price, Lynn Bari, Franck Latimore, Anabel Shaw
Distribution : Twentieth Century Fox Film Corporation
Durée : 1h10
Genre : Thriller
Date de sortie : 10 janvier 1946
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Alfred L. Werker, réalisateur assez obscur, a été un de ces cinéastes « spécialistes des séries B des années 30 à 50. Shock ne déroge pas vraiment aux codes du genre même si le scénario aurait pu inspirer magistralement un réalisateur plus ambitieux et plus talentueux (révons d’un Hitchkock par exemple. ..)
Synopsis : Un hôtel à San Francisco. Janet Stewart, doit retrouver son mari Paul, lieutenant dans l’armée américaine, qu’elle n’a pas vu depuis quatre ans et qui avait été considéré, pendant un certain temps, comme mort durant le dramatique conflit de la Seconde Guerre Mondiale. Souffrant d’insomnie, victime d’un rêve traumatisant, elle est en plus le témoin involontaire d’un meurtre commis dans une chambre contiguë. En effet, le célèbre psychiatre Richard Cross vient de tuer son épouse Margaret qui lui reprochait sa liaison avec son infirmière en chef, Elaine Jordan. Janet, déjà fragilisée par sa situation personnelle, tombe dans un état cataleptique dans lequel va la trouver le lendemain son mari, à son arrivée. Le docteur Cross, appelé à son chevet propose de la soigner dans sa clinique.
Une vraie série B des années 40
Shock est bien une série B telle qu’on peut l’imaginer de manière même un peu caricaturale : un psychiatre tente de faire passer pour folle la femme qui l’a surpris en train de commettre un meurtre, des acteurs de second plan, pour la plupart aux talents modestes. Seule Lynn Bari, actrice spécialisée de ces séries B compose une « femme fatale » de bonne facture, sensuelle sous son costume d’infirmière, jouant de son emprise, prête finalement à tout. Anabel Shaw est elle plutôt remarquable pour un jeu suffisamment faux qui nous fait remercier le scénariste de l’avoir plongé pour une bonne partie du film dans le sommeil, des seconds rôles convenus (le malade à qui l’orage déclenche une crise de folie), un réalisateur cantonné aux séries B (avec cependant un Sherlock Holmes remarqué à l’époque), un scénario a priori sans surprise et truffé d’invraisemblances (Vincent Price tue sa femme dans une chambre d’hôtel (et bien évidemment personne n’ a vu la pauvre victime). Il lui fracasse le crane avec un chandelier mais apparemment sans laisser aucune trace . Puis il fait « livrer » le corps dans une malle jusqu’à sa maison de campagne en la confiant à des transporteurs… C’est vraiment un réel manque de chance qu’il soit surpris par une Janet réveillée en sursaut d’un cauchemar…
Mais un personnage qui fait toute la différence
En effet Vincent Price, acteur au talent incontesté (il jouera l’année suivant dans le « Dragonwick » de Mankiewicz) est ici utilisé dans un rôle beaucoup plus riche que le film n’aurait été censé lui offrir. Son personnage de psychiatre meurtrier est en effet d’une jolie complexité rendant le film véritablement intéressant. Assassin sans préméditation de son épouse qui le menaçait de révéler publiquement sa liaison avec sa secrétaire, il n’organise son innocence que sous la pression de sa maîtresse mais ne se départ pas d’un remords persistant : Elaine méritait-elle ce crime ? Il se pose la question mais elle sait lui rappeler alors leur rencontre pour le convaincre de supprimer celle qui peut les perdre par son témoignage. Pris dans un engrenage qui le dépasse il refuse dans un dernier sursaut de commettre ce nouveau crime et dans la colère étrangle celle qui l’y incitait.
Meurtrier une seconde fois, il épargne celle qui détenait la preuve de sa culpabilité. Une rédemption dans le crime en quelque sorte.
Résumé
Ce personnage donne ainsi un vrai caractère au film. Il fait d’une série B au départ voué au quelconque un vrai suspens qui se laisse regarder avec plaisir.
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