Le Policier

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Le Policier, photo du film de Nadav Lapid

Le Policier, l'affiche du filmLe Policier

Israël : 2011
Titre original : Hashoter
Réalisateur : Nadav Lapid
Scénario : Nadav Lapid
Acteurs : Yiftach Klein, Yaara Pelzig, Michael Moshonov
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h45
Genre : Drame
Date de sortie : 28 mars 2012

Globale : [rating:2][five-star-rating]

Un film traitant de sujets a priori passionnants ; un film bien reçu dans les festivals : Prix spécial du Jury international à Lugano, Prix du public au Festival des 3 Continents de Nantes, etc. ; et pourtant un film qu’on peut trouver décevant et plutôt ennuyeux !

Synopsis : Yaron se trouve au cœur d’un groupe de policiers d’élite, appartenant à une unité anti-terroriste israélienne. Ses compagnons et lui sont l’arme, le fusil pointé par l’Etat sur ses adversaires, « l’ennemi arabe ». Yaron adore l’unité, la camaraderie masculine, son corps musclé, sa beauté.

Yaron est très excité, sa femme, enceinte est sur le point d’accoucher ; il pourrait devenir père d’un moment à l’autre. Sa rencontre avec un groupe peu commun, violent, radical, le confrontera à la guerre des classes israélienne et à celle qu’il livre à l’intérieur de lui-même.

Le Policier, photo du film de Nadav Lapid

Deux histoires de violence

On sort d’une semaine au cours de laquelle on s’est retrouve noyé dans des actes et des discours ayant le terrorisme comme point focal, un fondamentaliste islamique et un groupe de policiers d’élite comme acteurs principaux. Avec Le Policier, on retrouve la même atmosphère, sauf que l’action se déroule en Israël et que le groupe terroriste n’a rien d’islamique. En fait, avec Le Policier, premier long métrage de Nadav Lapid, on a deux histoires pour le prix d’une, deux histoires qui, bien sûr, finiront par se rencontrer. La première concerne la vie interne d’une unité anti-terroriste israélienne qui a commis ce qu’il est convenu d’appeler une grosse bavure. Petits arrangements entre amis : sur qui ce groupe va-t-il faire tomber la responsabilité de la dite bavure ? L’autre histoire nous plonge dans la vie politico-sociale d’Israël, un volet beaucoup moins souvent abordé par le cinéma israélien que le conflit israélo-palestinien. A l’origine pays socialiste à base égalitaire, Israël ne serait-il pas devenu un des pays du monde occidental où les inégalités sont les plus fortes ? C’est en tout cas ce que pense un petit groupe de jeunes contestataires issus de la bourgeoisie, un groupe radical prêt à tuer et à se faire tuer pour s’opposer à l’oppression qu’ils ressentent mais que leurs compatriotes acceptent, si tant est qu’ils la discernent. Deux histoires de violence, l’une institutionnelle, l’autre révolutionnaire.

Le Policier, photo du film de Nadav Lapid

Deux histoires qui ne se rencontrent pas (ou à peine)

La scène d’ouverture de Le Policier est assez étonnante : on y voit 5 ou 6 cyclistes pédaler au milieu du désert. Qui sont-ils ?  Très vite, on se trouve mêlé à un cas de conscience qui prouve qu’on peut trouver de la lâcheté au sein d’un groupe le plus souvent considéré comme héroïque. Yaron, le personnage central de cette unité anti-terroriste, est fier de son corps, de son travail, de son épouse sur le point d’accoucher.  Comme ses collègues, il n’a aucunement conscience d’être exploité. Cette conscience de l’exploitation, c’est un groupe de jeunes contestataires qui la ressent, au point de prendre quelques milliardaires en otage le jour de la célébration d’un mariage. Le personnage central est cette fois ci une jeune fille, Shira, qui s’exprime au travers de slogans et de poèmes. Les deux histoires sont traitées séparément, sans permettre aux protagonistes de se rencontrer. En effet, pour le réalisateur, quand des policiers et des révolutionnaires sont prêts à faire un pas les uns vers les autres, alors des changements radicaux se produisent : c’est ce qui s’est passé en Egypte. C’est peut-être ce qui se passera, un jour, en Israël.

A priori passionnant et, finalement, plutôt ennuyeux

Avec ces deux histoires très structurées, Nadav Lapid avait la matière pour faire un film passionnant, un de ces films israéliens qui étonnent le public européen par leur  franchise et leur liberté de ton. Il faut d’ailleurs remarquer que le film a eu quelques problèmes avec la censure israélienne, échappant de peu à l’interdiction aux moins de 18 ans. Malheureusement, la forme n’est pas au niveau du fond. On regrette, en particulier, que Lapid ait cru bon de s’attarder sur la fascination du corps chez les policiers et de remplir les conversations des jeunes contestataires de phrases sentencieuses totalement caricaturales. Au final, on n’échappe pas, malheureusement, à un certain ennui que les thèmes abordés ne laissaient pas imaginer.

Résumé

 Dans un pays polarisé par le conflit avec les palestiniens, le danger ne vient pas toujours de là où on l’attend. En effet, des failles peuvent apparaitre dans la cohésion revendiquée entre tous les juifs contre un ennemi extérieur, décidé depuis des lustres à détruire le pays. Unité anti-terroriste d’un côté, jeunes contestataires s’en prenant à des milliardaires de l’autre. Il est dommage que ces sujets très forts ne soient pas traités de façon plus sobre et moins caricaturale.

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