Week-end
Grande-Bretagne : 2012
Titre original : Week-end
Réalisateur : Andrew Haigh
Scénario : Andrew Haigh
Acteurs : Tom Cullen, Chris New, Jonathan Race
Distribution : Outplay
Durée : 1h36
Genre : Drame, romance
Date de sortie : 28 mars 2012
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Brève histoire d’amour entre deux hommes comme si elle se passait entre un homme et une femme. Andrew Haigh réussit à se singulariser des productions où caricature et schématisation inondent le scénario et livre un film où l’homosexualité transcende l’universalité du propos pour mieux conjuguer le verbe aimer à tous les temps, toutes les tendances…. Les deux comédiens y sont prodigieux.
Synopsis : Russel et Glenn se rencontrent dans une boite gay quelque part au Royaume-Uni. La liaison, sur fond de sexe et de drogue, ne dure qu’un week-end mais va se parer d’exception et marquer les deux hommes à vie. Tout les oppose. Tout va les réunir : leur solitude, leur attraction réciproque, leurs confidences, leur différence et leurs différences…
Comme les autres…
En traitant son histoire d’une manière tout ce qu’il y a de plus « normal », Andrew Haigh réussit à donner à son film les accents d’un humanisme universel. En effet, ses deux personnages, qui vivent entourés d’une homophobie sous-jacente dans une banlieue britannique sordide dont de nombreux plans montrent la triste réalité, n’ont de prime abord aucun signe distinctif d’orientation sexuelle. Et leur histoire va être filmée comme s’il s’agissait d’un couple hétéro, avec les mêmes doutes qui habitent deux êtres qui se rencontrent, se plaisent, se questionnent.
La chronologie de cette histoire est jalonnée des habituelles étapes d’une rencontre avec une vraie solitude chez chacun des protagonistes. Une solitude marquée non seulement par le décor lourd et imposant de l’immeuble où vit Russel ou de la piscine où il travaille comme maître-nageur (référence discrète mais efficace à Jerzy Skolimowski et son « Deep end »…), mais aussi liée à sa différence. Entouré mais de manière très superficielle par des amis « normaux », il va rencontrer une autre solitude, celle de Russel. Mais le ressort dramatique du scénario va tenir aussi dans tout ce qui oppose les deux personnages.
Deux comédiens exceptionnels
Si celui qui s’apprête à partir n’est qu’urgence de vivre vite pour aller voir ailleurs si les étoiles brillent avec plus d’éclat, celui qui reste est son pendant de calme, de réflexion. Leur rencontre n’est toutefois jamais filmée de manière schématique et leurs agissements ne font l’objet d’aucun jugement. Nous sommes dans la vie, la vraie, celle de deux personnes confrontées à leur existence et tout ce qu’elle charrie d’impondérables, de cicatrices, de tumultes.
Mené par deux comédiens exceptionnels, ce film, qui s’est vu déjà décerner plusieurs prix internationaux, mériterait une exploitation dépassant le cercle communautaire circonscrit du 4ème arrondissement de Paris, entre Saint-Paul et Hôtel de Ville… Ce n’est d’ailleurs pas forcément là qu’il y serait le mieux accueilli, voire compris. Loin de tout prosélytisme et situant l’Homme au cœur du sujet, à des lieues de ces délires masturbatoires pour voyeurs patentés qui sont souvent l’apanage des films pour public gay, cette œuvre forte et intelligente conjugue avec lucidité le verbe aimer. Avec pudeur aussi. Sans sensiblerie.
Résumé
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