Test Blu-ray : Urban Legend 3 – Bloody Mary

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Urban Legend 3 – Bloody Mary

États-Unis : 2005
Titre original : Urban Legends – Bloody Mary
Réalisation : Mary Lambert
Scénario : Michael Dougherty, Dan Harris
Acteurs : Kate Mara, Robert Vito, Tina Lifford
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h33
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 17 août 2022

1969, Salt Lake City, bal de promo : Mary Banner est battue par son petit ami et enfermée dans un local du lycée où elle meurt de faim. 30 ans plus tard des adolescents invoquent son nom et la ramène d’entre les morts. Mary la sanguinaire n’aura de cesse de traquer les descendants de son meurtrier et de ses amis…

Le Film

[3/5]

Les deux premiers films de la saga Urban Legend, que l’on a récemment chroniqués dans nos colonnes (le premier / le deuxième), étaient nés du succès international de Scream en 1996 et constituaient deux des premiers représentants du « Néo-Slasher », un sous-genre du fantastique qui contribua à remplir les poches des producteurs Hollywoodiens – des plus modestes aux gros studios – pendant quelques années. Cependant, le Néo-Slasher, comme la plupart des modes adolescentes, ne dura que quelques années, et s’éteignit de sa belle mort au début des années 2000, le net déclin du genre ayant été annoncé par un Scream 3 qui commençait sérieusement à tourner en rond, et par la sortie de Scary Movie, qui tournait en dérision tous les poncifs du genre.

De ce fait, la mise en chantier d’une suite en 2005 avait de quoi surprendre. Mais la sortie de Urban Legend 3 : Bloody Mary n’était pas destinée aux salles de cinémas. Le film de Mary Lambert s’inscrivait en effet dans une vague – que dis-je, un raz-de-marée – de films horrifiques tournés et sortis en « DTV » (Direct To Video). En effet, une douzaine d’années avant la domination de Netflix sur le monde, l’explosion des chaînes câblées et du format DVD avait permis aux producteurs de multiplier les films d’horreur à petit budget, qui débarquèrent dans les foyers en telle quantité qu’il fallait parfois essayer de ruser pour se démarquer de ses concurrents. Le fait de s’inscrire dans la continuité d’une franchise déjà connue et identifiée du public fut une des ruses utilisées par une poignée de producteurs habiles. Comme pour certains films de la saga Hellraiser, l’idée fut donc de remanier des scripts qui n’avaient, à priori, rien à voir avec lesdites franchises, pour qu’elles s’intègrent dans l’univers des premiers films, et hop ! Le tour était joué, c’était parti pour Urban Legend 3, mais également pour Souviens toi… l’été dernier 3, qui sortirait l’année suivante.

Le scénario de Urban Legend 3 : Bloody Mary est signé Michael Dougherty et Dan Harris, qui avaient déjà travaillé ensemble sur le script de X-Men 2 (Bryan Singer, 2003). Par la suite, Michael Dougherty écrirait et réaliserait des films tels que Trick ‘r Treat (2007), Krampus (2015) ou encore Godzilla II : Roi des monstres (2019). Comme quoi il y avait du beau monde au générique du film, à commencer par Mary Lambert bien sûr, derrière la caméra : pour les plus étourdis d’entre nous, elle est la réalisatrice du formidable Simetierre (1987), qui l’imposa sans doute un peu hâtivement comme une véritable « Master of Horror » au féminin, respectée à jamais de tous les fanboys. Par la suite, sa carrière se résumerait essentiellement à du clip et de la série TV, mais très occasionnellement, elle réalise encore un film. Mais un peu comme Terrence Malick, elle ne revient au long-métrage qu’à l’occasion de films véritablement triés sur le volet, comme par exemple avec Mega Python vs. Gatoroïd en 2012, reprenant à cette occasion un script abandonné de Stanley Kubrick, ou encore avec Un château pour Noël, une romance produite par Netflix retrouvant tout le charme des comédies romantiques de l’Âge d’or du cinéma Hollywoodien. Du côté des acteurs, Urban Legend 3 : Bloody Mary met en scène Kate Mara dans un de ses premiers rôles, mais également sa sœur cadette Rooney Mara, dans un tout petit rôle (elle est d’ailleurs créditée au générique du film sous son véritable prénom, Patricia).

Pour le reste, et étant donné que le Néo-Slasher était passé de mode, Urban Legend 3 : Bloody Mary abandonnerait le concept du tueur masqué décimant les étudiants pour jouer sur une intrigue et une ambiance résolument tournés vers le J-Horror, très populaire au début des années 2000 grâce à une série de remakes américains des classiques de la terreur à la japonaise de l’époque – on pense bien sûr à The Ring – Le cercle (Gore Verbinski, 2002) et The Grudge (Takashi Shimizu, 2004), qui seront suivis de The Ring – Le cercle 2 (Hideo Nakata, 2005) et The Grudge 2 (Takashi Shimizu, 2004). On aura donc droit tout au long de Urban Legend 3 au fantôme d’une jeune fille toute blanche surgissant d’une malle ou du dessous du lit, mais le film contient néanmoins quelques séquences de meurtres intéressantes : on pense notamment à celle durant laquelle la malheureuse victime se réveille avec une colonie d’araignées sous la peau, où à celle de la cabine à UV, reprise du film Killer Aerobic (David A. Prior, 1987), mais précédant de quelques mois celle de Destination finale 3 (James Wong, 2006).

Le Blu-ray

[4/5]

Côté technique, l’image du Blu-ray de Urban Legend 3 : Bloody Mary édité par ESC Éditions est d’une précision étonnante, et fait honneur à la photo du film, pourtant le plus souvent plongée dans l’obscurité. Les couleurs sont éclatantes sur les scènes diurnes, surtout concentrées sur la première bobine, les contrastes laissent s’affirmer des noirs profonds et denses, et on ne dénote pas de souci de compression : si les arrière-plans laissent par moments apparaître de légers fourmillements, l’éditeur compose parfaitement avec le matériau dont il dispose et nous offre un travail d’encodage remarquable, dont l’impact est encore renforcé par la présence de deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 (VF / VO), immersifs en diable et extrêmement efficaces lors des séquences de flippe. Du beau travail.

Dans la section suppléments, on passera rapidement sur le making of (17 minutes), intéressant mais un poil trop superficiel, ainsi que sur la traditionnelle bande-annonce pour se concentrer sur la suite et la fin de l’intéressante discussion autour de la trilogie Urban Legend, avec Marie Casabonne, Guillaume Le Disez et Claude Gaillard (19 minutes), entamée il y a quelques mois sur le Blu-ray du premier film. Bien entendu, aucun des trois intervenants ne criera au génie en évoquant le cas Urban Legend 3, mais comme votre serviteur, ils sont adeptes d’une certaine bienveillance critique, et trouveront un certain nombre de qualités au film, Guillaume Le Disez le qualifiant même de supérieur au deuxième opus. Claude Gaillard nous apprendra également qu’un quatrième film existe dans la saga Urban Legend : il s’agit du film Ghosts of Goldfield (Ed Winfield, 2007), qui devait initialement s’appeler Urban Legends : Goldfield Murders.

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