El Chino

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Ricardo Darin, Ignacio Huang, Muriel Santa Ana dans El Chino

El Chino l'affiche du film de Sebastian BorenszteinEl Chino

Espagne, argentine : 2011
Titre original : Un cuento chino
Réalisateur : Sebastián Borensztein
Scénario : Sebastián Borensztein
Acteurs : Ricardo Darin, Ignacio Huang, Muriel Santa Ana
Distribution : Eurozoom
Durée : 1h40
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 8 février 2012

Globale : [rating:4.5][five-star-rating]

La situation de départ est tellement cocasse qu’on pourrait la croire sortie de l’univers de Terry Gilliam, Andreï Konchalovski ou Aki Kaurismaki. Alors qu’elle émane tout simplement du fait divers authentique rapporté par un journal russe. Preuve que la réalité peut souvent venir au secours de la fiction et leur télescopage engendrer un petit bijou d’humour et d’intelligence.

Synopsis : En Chine, sur un lac paisible propice aux déclarations d’amour éternel, un couple sur une barque. Du ciel tombe une vache qui tue net la promise. Le fiancé part en Argentine pour y retrouver son oncle et tombe sur un brave quincailler qui va l’aider à se sortir d’une situation où l’a laissé un chauffeur de taxi peu scrupuleux. Les deux hommes vont apprendre à se connaître alors qu’aucun ne parle la langue de l’autre.

Ricardo Darin, Ignacio Huang, Muriel Santa Ana dans El Chino

Un ovni venu d’Argentine

A partir de cette malencontreuse chute bovine, Sebastian Borensztein a élaboré un scénario d’une intense richesse, dessinant un portrait tout en délicatesse des deux personnages principaux. Deux peuples antipodiques s’affrontent à travers eux. Tout les oppose et tout va les réunir. L’oriental, un peu distant, sur ses gardes et le latino, exubérant, sanguin. Sans jamais sombrer dans le cliché, Borensztein propose avant tout deux portraits d’hommes avec la solitude comme fêlure commune. L’un qui achète des cadeaux pour sa mère défunte, l’autre parti à la recherche d’un hypothétique parent, le seul qui lui reste.

Ricardo Darin, Ignacio Huang, Muriel Santa Ana dans le film El Chino

Rencontre de deux solitudes

Un juste équilibre est trouvé pour ne pas faire sombrer le propos dans le mélo facile ou la grosse artillerie parodique. Le comique de situation lorgnant du côté de Jacques Tati se taille la plus belle part dans toute la composante drolatique du sujet, contrebalancé par la puissance émotionnelle qui perce progressivement au fil de la domestication réciproque de ces deux errances. Le dialogue, même s’il se pare souvent de silences criants par la force des regards, n’est pas en reste. On retiendra notamment cette pique assassine à l’endroit de la perfide Albion, ennemie jurée d’une l’Argentine qui peine à cicatriser un conflit qu’elle a perdu ou encore des bribes de conversation avec ces barrages linguistiques qui seront dynamités par la langue du cœur. A faire s’effondrer la tour de Babel !

Bien sûr, ce film, qui fait rimer auteur et prometteur puisqu’il est le premier long de Borensztein, tient également sa force dans l’interprétation intense de Ricardo Darin. Ce comédien, vedette dans son pays, que nous avons déjà vu dans de nombreux films diffusés en France (Les neufs reines, Carancho, Dans ses yeux), derrière l’armure de la bougonnerie, de la violence pas toujours contenue (ah, ce coup de boule au flic !) laisse échapper des trésors d’humanité où prime la sobriété absolue. Ignacio Huang, son partenaire asiatique lui donne magnifiquement la réplique dans ce film désopilant, un brin absurde, drôle et amer. Une leçon de cinéma et d’humanisme.

Résumé

Le cinéma sud-américain a décidément de belles choses à nous proposer. Ainsi cette formidable ode à l’humanisme, à la solidarité qui sans misérabilisme va droit au cœur. Ricardo Darin est prodigieux dans cette comédie douce amère à l’écriture aussi sobre que finement ciselée.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=UscscUgaFlM[/youtube]

2 Commentaires

  1. Un film sur les rencontres..
    Et la difficulté de toutes les rencontres.
    Un film aussi sur le passé et sa difficile acceptation.
    Un film qui joue avec les images : de l’image la plus quotidienne et la plus terne à l’image la plus stéréotypée (la promenade amoureuse dans un décor chinois digne d’un tableau, la scène finale où Roberto s’en va retrouver celle qu’il aime, dans un lieu hors du temps et de l’espace, une petite maison dans la prairie…Le film se clôt d’ailleurs comme il a commencé…les faits divers que rêve Roberto…) Là où est la force du film c’est qu’il surprend toujours là où on ne l’y attend pas. La vache tombe du ciel t brise le décor et donne le ton du film…D’ailleurs la vache surgit toujours inopinément dans le film et annonce à chaque fois un impossible qui devient réel…
    La vache est un personnage à part entière…Il y a un tableau de Chagall et Franz Marc par exemple sur ce thème de la vache.

    Franz Marc est à l origine du Blaue Reuter, un rassemblement de peintres d’avant-garde, à l’origine de la peinture abstraite.

    La vache dans le film rappelle la force créative et artistique du cinéma.
    Même le fait divers se voit transfiguré par

  2. […] En Chine, sur un lac paisible propice aux déclarations d’amour éternel, un couple sur une barque. Du ciel tombe une vache qui tue net la promise. Le fiancé part en Argentine pour y retrouver son oncle et tombe sur un brave quincailler qui va l’aider à se sortir d’une situation où l’a laissé un chauffeur de taxi peu scrupuleux. Les deux hommes vont apprendre à se connaître alors qu’aucun ne parle la langue de l’autre. http://www.critique-film.fr/el-chino/ […]

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