#Noël approche : Coffret Roger Corman / Edgar Allan Poe (Blu-ray)

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Coffret Roger Corman / Edgar Allan Poe (Blu-ray)


États-Unis : 1960-1964
Réalisation : Roger Corman
Scénario : Richard Matheson, Charles Beaumont, Robert Towne
Acteurs : Vincent Price, Hazel Court, Barbara Steele
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 11h30 environ
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 8 novembre 2022

Ces 8 chefs-d’oeuvre font partie du passionnant cycle Edgar Poe, qui ont donné à Roger Corman ses lettres de noblesse en Europe. Les histoires se déroulent dans de superbes décors de studio très colorés : manoirs hantés, paysages fantastiques, marécages envahis de brouillard…. La mise en scène est soignée, et Roger Corman affectionne particulièrement les effets oniriques. Formidable découvreurs de talents, Roger Corman à fait de l’acteur Vincent Price, un monument du cinéma d’épouvante. Ces films possèdent une certaine analogie avec les productions de la Hammer, mais avec un goût prononcé pour le théâtral et une mise en scène presque expressionniste…

Ce n’est un secret pour personne : les fêtes de Noël approchent, et les familles s’organisent, petit à petit, afin d’organiser les événements dans une ambiance de liesse de plus en plus extatique. Le réveillon du 24 décembre dans la belle-famille, la journée du 25 de l’autre côté de la famille, ou inversement. Le sapin est garni de ses boules les plus affriolantes, le foie gras vegan et le champagne éco-responsable sont au frais. Et surtout, les cadeaux sont tous prêts. Tous ? Non… Car au dernier moment, vous vous rendez compte avec effarement qu’il vous en manque un.

C’est le genre d’imprévus auxquels nous devons tous faire face tous les ans, et qui pourrait vous occasionner un AVC si les éditeurs vidéo français n’avaient pas pensé à vous, en inondant littéralement les linéaires de vos magasins de coffrets DVD et Blu-ray. Mais lequel choisir ? Hé bien figurez-vous que parmi la profusion de coffrets que nous proposent les éditeurs à l’approche des fêtes de Noël, il en est un qui a su, par sa singularité et sa classe, attirer notre attention : il s’agit du Coffret Blu-ray Roger Corman / Edgar Poe édité par Sidonis Calysta.

Véritable Saint-Graal pour les cinéphiles, ce coffret réunit les huit films du « Cycle Edgar Poe » réalisés par Roger Corman entre 1960 et 1964. Très influencé, d’un point de vue formel et thématique, par ce qu’on appellerait plus tard « l’âge d’or » du cinéma gothique de la Hammer Films, Roger Corman était avec cette série de films littéralement au sommet de son Art. La plupart des longs-métrages du « Cycle Edgar Poe » ont pour tête d’affiche le formidable Vincent Price, et ont été écrits (ou « librement adaptés ») par des auteurs comme Richard Matheson, Charles Beaumont ou Robert Towne. Extrêmement populaires à l’époque, ces huit films – dont un n’est en réalité pas une adaptation d’Edgar Poe mais de H.P. Lovecraft – ont depuis été largement reconnus comme autant de chefs d’œuvres absolument incontournables.

Ayant connu un succès considérable avec ses adaptations d’Edgar Allan Poe La Chute de la Maison Usher (1960) et La Chambre des tortures (1961), Roger Corman délaissa Vincent Price le temps d’un film avec L’Enterré vivant (1962), le seul film du « Cycle Edgar Poe » qui ne mettait pas en vedette l’acteur du Grand Inquisiteur. C’est donc Ray Milland qui prend ici la relève, incarnant à l’écran un homme souffrant d’une maladie donnant l’impression qu’il est mort et, par conséquent, tourmenté par le fait de finir un jour enterré vivant. L’interprétation enfiévrée de Ray Milland contribue d’ailleurs à l’atmosphère macabre développée par le film, dans le sens où son jeu – toujours sur un fil ténu entre la justesse et le cabotinage – parvient de façon assez remarquable à faire passer le sentiment de panique et de menace latente désirée par Roger Corman. L’Enterré vivant marque également la première collaboration entre Corman et l’actrice Hazel Court, révélée par la Hammer, et qui tournerait par la suite dans deux autres films du cycle Edgar Poe. Se basant sur une nouvelle prenant la forme d’un monologue intérieur, le film laisse une large place aux dialogues, afin de respecter l’esprit de la nouvelle, mais l’intrigue fonctionne plutôt bien, notamment grâce à une poignée de scènes très efficaces, tournant autour de la folie du personnage principal.

La même année, Roger Corman mit également en scène L’Empire de la terreur, qui a la particularité notable d’être le seul film à sketches – on préfère aujourd’hui le terme d’anthologie – du Cycle Edgar Poe. Le scénario de Richard Matheson nous propose donc trois histoires illustrant la folie et la déchéance humaine, dans un ensemble sans doute un peu moins marqué par la patte « épouvante old school » du reste des films du cycle, même si bien sûr Vincent Price réapparait dans les trois sketches. La première histoire, intitulée « Morella », suit la visite de Lenora (Maggie Pierce) dans le château de son père, Locke (Vincent Price), un homme solitaire et alcoolique qui la considère comme responsable de la mort de sa femme Morella (Leona Gage). C’est le chapitre qui s’approche le plus de l’atmosphère habituelle des récits adaptés d’Edgar Allan Poe, et le final de cette classique histoire de revenant est porté par une énergie visuelle intéressante. Le deuxième sketch, intitulé « Le chat noir », fera office de brouillon du Corbeau (1963), avec un affrontement absurde et assez réjouissant entre Peter Lorre et Vincent Price. L’humour de l’ensemble apporte au film une espèce de respiration bienvenue, d’autant que « Le Chat noir » est placé entre deux histoires particulièrement sombres. Enfin, on terminera avec « Le Cas de M. Valdemar », avec Basil Rathbone en hypnotiseur cherchant à plongeant Valdemar (Vincent Price) dans un état quelque part entre la vie et la mort. L’ambiance de ce segment est très réussie, avec un basculement vers l’horreur au moment où les véritables motivations de tout un chacun sont révélées, ce qui nous mènera à un final plein de suspense permettant à L’Empire de la terreur de s’achever sur une excellente impression.

L’année suivante, après Le Corbeau, Roger Corman continue son Cycle Edgar Poe avec La Malédiction d’Arkham (1963), qui n’est en réalité pas une adaptation d’Edgar Allan Poe mais du roman « L’Affaire Charles Dexter Ward » de Howard Philip Lovecraft. S’ouvrant sur une citation d’Edgar Poe, le film évoque d’ailleurs plutôt pas mal La Chute de la Maison Usher, dans le sens où le manoir où se déroule l’action – ou du moins quelque chose dans le manoir – semble affecter ceux qui y habitent. Le film s’ouvre au XVIIIème Siècle, sur la mort de Joseph Curwen (Vincent Price), un sorcier, qui au moment de mourir dans les flammes jette une malédiction sur la ville d’Arkham, en mode Le Masque du Démon (Mario Bava, 1960). A la fin du XIXème siècle, l’arrière-arrière-petit-fils de Curwen, Charles Dexter Ward (Vincent Price toujours), s’installe dans la demeure familiale, accompagné de sa jeune et jolie épouse Anne (Debra Paget). Etrangement familier avec les couloirs labyrinthiques du palais familial, Ward commence à développer une obsession vis-à-vis du portrait de son aïeul, et Simon (Lon Chaney, Jr.), l’étrange gardien des lieux, en rajoute encore une louche dans la bizarrerie de l’ensemble. De fait, et en dépit des références à Lovecraft, La Malédiction d’Arkham s’intègre plutôt bien dans le Cycle Edgar Poe : l’ambiance générale est assez similaire à celle de nombreux autres films de la série, même si l’horreur est peut-être un poil plus « démonstrative ». Vincent Price est une fois de plus absolument génial, et le retour au scénario de Charles Beaumont ferme définitivement la parenthèse « humoristique » du Cycle, entamée par le sketch « Le Chat noir » et prolongée avec Le Corbeau. La photo de Floyd Crosby et le soin apporté par Corman à l’atmosphère générale de son film permettent à La Malédiction d’Arkham de faire grimper la tension crescendo et au film de s’imposer – contre toute attente ! – comme un des meilleurs du Cycle Edgar Poe.

Mais le meilleur restait encore à venir, et débarquerait en 1964 avec Le Masque de la Mort Rouge, chef d’œuvre absolu du cinéaste et réussite la plus éclatante du Cycle Edgar Poe. Plus majestueux et détestable que jamais, Vincent Price y incarne l’odieux prince Prospero, héros de l’un des films les plus atypiques et les plus originaux de Roger Corman. Hazel Court nous offre également une performance merveilleuse dans le rôle de Juliana, la compagne de Prospero qui voit d’un mauvais œil l’arrivée dans le château de Francesca (Jane Asher). La photographie du film est signée du légendaire Nicolas Roeg, futur réalisateur de Walkabout – La randonnée (1971) et de Ne vous retournez pas (1973), et contribue à donner au film un style visuel époustouflant, mélange de gothique et de baroque flamboyant, très coloré – ce qui permet au film de se démarquer son modèle assumé, à savoir Le Septième Sceau (Ingmar Bergman, 1957). La même année, Roger Corman nous proposerait également le tout dernier film du cycle Edgar Poe avec La Tombe de Ligeia.

Le Coffret Blu-ray Roger Corman / Edgar Poe édité par Sidonis Calysta nous propose donc de revoir les huit films du Cycle Edgar Poe en Haute-Définition, par le biais d’éditions Blu-ray extrêmement attendues des cinéphiles. En plus des films au format Blu-ray + DVD, le coffret contient par ailleurs également un DVD « Bonus » contenant le passionnant documentaire Le Monde de Corman – Les exploits d’un rebelle à Hollywood (Alex Stapleton, 2011), qui fut en son temps diffusé lors du 19ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer en 2012, le film ayant d’ailleurs déchaîné l’enthousiasme des quelques centaines de spectateurs présents dans la salle il y a dix ans.

En plus des films en Blu-ray et DVD, on trouvera également au sein du Coffret Blu-ray Roger Corman / Edgar Poe édité par Sidonis Calysta un superbe livret inédit signé Marc Toullec et intitulé « Roger Corman – Edgar Allan Poe : Les Démons de l’esprit » (158 pages). Il s’agit d’un très beau travail de recherche et d’archives concernant le Cycle Edgar Poe, et on peut que saluer le boulot abattu par l’ancien rédacteur en chef de Mad Movies sur ce livret extrêmement complet et richement illustré.

Enfin, en plus des masters Haute-Définition qui permettront aux plus – et aux moins – jeunes de découvrir les huit films de Roger Corman dans des conditions absolument inédites, on notera que chaque film dispose de nombreux suppléments, dont voici le détail :

La Chute de la Maison Usher :
Présentation par Christophe Gans (2022, 47 minutes)
Entretien avec Vincent Price (1986, 11 minutes)
Bande-annonce

La Chambre des tortures :
Présentation par Olivier Père (2022, 26 minutes)
Séquence TV ajoutée (5 minutes, VOST)
Bande-annonce

L’Empire de la terreur :
Présentation par Olivier Père (2022, 19 minutes)
Bande-annonce

L’Enterré vivant :
Présentation par Olivier Père (2022, 19 minutes)
Hommage à Roger Corman par Bertrand Tavernier et Joe Dante (2011, 13 minutes)
Entretien avec Roger Corman (2002, 9 minutes)
Bande-annonce

Le Corbeau :
Présentation par Olivier Père (2022, 25 minutes)
« Richard Matheson, raconteur d’histoires » (Greg Carson, 2003, 7 minutes)
« Corman et la comédie de Poe » (Greg Carson, 2003, 8 minutes)
Bande-annonce

La Malédiction d’Arkham :
Présentation par Patrick Brion (2022, 8 minutes)
Présentation par Christophe Gans (2022, 43 minutes)
« Un autre Edgar Poe » (Greg Carson, 2003, 11 minutes)
Bande-annonce

Le Masque de la Mort rouge :
Présentation par Olivier Père (2022, 34 minutes)
Présentation par Alain Schlokoff (2009, 14 minutes)
Entretien avec Roger Corman (2002, 18 minutes)
« Roger Corman et le cinéma fantastique » par Éric Paccoud (2022, 10 minutes)
Bande-annonce

La Tombe de Ligeia :
Présentation par Bertrand Tavernier (2011, 35 minutes)
Présentation par Olivier Père (2022, 23 minutes)
« Souvenirs de Roger Corman » par Joe Dante (2022, 14 minutes)
Bande-annonce

DVD bonus :
Documentaire Le Monde de Corman – Les exploits d’un rebelle à Hollywood (2011, 1h26)

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