Critique : Piège de Cristal (Die Hard, 1988)

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Piège de Cristal

États-Unis : 1988
Titre original : Die Hard
Réalisateur : John McTiernan
Scénario : Roderick Thorp, Jeb Stuart, Steven E. De Souza
Acteurs : Bruce Willis, Bonnie Bedelia, Alan Rickman
Distribution : 20th Century Fox France
Durée : 2h06
Genre : Action, Thriller
Date de sortie : 21 septembre 1988

Note : 5/5

Déjà 24 ans se sont écoulés depuis la sortie du mythique Piège de Cristal, et ce film reste encore à ce jour un des plus grands succès de Bruce Willis, en plus d’être le film ayant rendu célèbre le flic le plus coriace de New York, John McClane. Il existe déjà trois suites et un cinquième volet est prévu pour 2012. Les suites n’ont jamais égalé le succès du premier opus, et très peu de films d’action ont pu arriver à la cheville de celui-ci depuis 1988.

John McClane, policier de New-York, rend visite à sa femme à Los Angeles pour les fêtes de Noël. Séparés depuis plusieurs mois, ils veulent tout deux essayer de reconstruire leur couple. Sa femme travaille dans une grande multinationale japonaise, Nakatomi Corporation. Alors que la fête de Noël de l’entreprise bat son plein, des terroristes s’emparent de l’immense gratte-ciel et prennent 40 personnes en otage. Alors que John s’était isolé, il assiste de loin à cette prise d’otages et se donne comme mission de sauver le building et ses occupants…

John McClane : anti-héros mais classe

John McClane c’est l’anti-héros de base. Insolent, têtu, cynique mais plein d’humour, il se retrouve toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. Si John nous a tous séduit (surtout « toutes »), c’est en partie grâce à son merveilleux créateur, John McTiernan.

Il faut dire que John n’a pas été gâté. Il est marié mais séparé, ne voit pratiquement jamais ses enfants, d’ailleurs sa fille lui en fera voir de toutes les couleurs (Die Hard 4.0), il souffre de migraines et se retrouve souvent seul face à une bande de méchants sanguinaires. Que peut-on envier à John McClane, me direz-vous ? Une chose a su rendre McClane inimitable et inimité :  son humour et son auto-dérision présents 24/7. Il est aussi très doué pour jouer au narrateur dans toutes les situations, en ne prenant rien au sérieux

« Nine million terrorists in the world and I gotta kill one with feet smaller than my sister. »
« Come out to the coast, we’ll get together, have a few laughs… »

Bruce Willis impose une grande attitude à son personnage, des répliques mythiques comme le « Yippe-ki-yay, motherfucker » amenées par une mise en scène précise, des cadres incroyablement bien composés, doublés par de vraies performances physiques. Il faut dire que John McClane n’hésite pas à morfler dans ses escapades. Abattre des terroristes avec des bouts de verre énormes dans la plante de ses pieds, il n’y a que John McClane pour le faire. Dans ce film, il se fait surnommer « John Wayne » ou « Cowboy », et ce n’est pas pour rien, il représente la réincarnation du cowboy sans peur et sans reproche du Far West.

« Oh, John, what the fuck are you doing? How the fuck did you get into this shit ? »

Mais ce John McClane n’est pas dénué de tout sentiment et nous offre une très belle scène d’émotion, lorsqu’il se met à larmoyer en parlant avec Powell. Mais ce n’était que pour nous attendrir un peu plus, car deux secondes plus tard il a réussi à comprendre le petit manège de la bande de terroristes. Qui aurait pensé à se scotcher une arme dans le dos ? Il est fort ce John, qu’il soit pied nu, torse nu avec une balle dans le bras et une jambe cassée.

S’il se sort de toutes les situations, presque indemne, on va dire qu’il ne fait rien pour les éviter non plus. Que ce soit un terroriste, des agents du FBI ou de simples truands, il a le chic pour mettre tout le monde en rogne. Sa femme l’a d’ailleurs tout de suite compris lorsque Gruber découvre le premier cadavre.

Hans : – « Who are you then ?
John : – « Just a fly in the ointment, Hans. The monkey in the wrench. The pain in the ass. »

John McTiernan : conteur merveilleux et réalisateur de génie

Si Bruce Willis a fait le succès de John McClane, John McTiernan a rendu Bruce Willis célèbre. John McTiernan est un génie de la narration visuelle. Dès le début, le spectateur est pris dans l’engrenage. On ne s’en rend pas compte tout de suite, mais ce film est pauvre en dialogues et très riche en musiques. McTiernan nous a déjà prouvé avec Predator l’année précédente qu’il est capable de s’imposer, simplement avec une scénario visuel et un mélange de genres (action + thriller = succès). Ce genre de mise en place est trop peu exploitée de nos jours, et c’est bien dommage.

L’action de ce film se déroule uniquement dans le Nakatomi Plaza, tout le reste de l’attention n’est fait que de déplacements de caméra, de travelling arrière et de fond musicaux. John McTiernan nous présente un spectacle total au rythme qui ne faiblit jamais. Mais si McTiernan s’impose, il impose aussi un nouveau genre. Le triangle principal du film – McClane, Grubber, Powell – ne communiquent qu’avec des talkie-walkies, un grand réalisme pour l’époque. Si on y regarde de plus près, l’intrigue n’est pas complexe : des terroristes qui ne sont en fait que des voleurs, des personnages secondaires sublimes (je pense notamment au téméraire mais brillant Alan Rickman), des rebondissements plausibles et un récit solide. Voila la recette utilisée par McTiernan pour son deuxième, et non dernier, succès.

Piège de Cristal est un succès mondial et ne vieillit pas. Mettez de côté le style vestimentaire et capillaire et vous vous rendrez compte qu’il est absolument impossible que Die Hard devienne un jour démodé, il subit le poids du temps et impressionne toujours grâce à sa modernité et son style unique.

Lors de sa sortie, il est passé par des critiques abusives, « faire passer les pays de l’Est pour des méchants », « déshonorer les soldats de la guerre du Vietnam (propos tenus par un agent du FBI qui s’emporte à la fin du film) » ou encore « montrer au grand public des situations immorales et malsaines (mort d’Ellis se faisant passer pour l’ami de McClane) », « honte morale vis à vis de la police de Los Angeles » (il faut dire que les policiers qui viennent au secours de John ne sont pas très compétents).  Mais ces critiques n’auront été que minimes, car tout le monde a alors reconnu John McTiernan comme un génie et John McClane comme un héros.

Petits détails sans importance

L’ours que McClane transporte est un acteur fétiche de McTiernan, que l’on retrouve aussi dans A la poursuite d’octobre rouge, du même réalisateur. Bruce Willis commence le film avec un débardeur blanc et fini avec un débardeur kaki sans que personne ne s’en aperçoive, le détail est resté sur demande de McTiernan après la sortie du film au cinéma. Les agents du FBI ridicules, Johnson & Johnson, se voient attribuer un honneur dans Die Hard 4.0 : Retour en enfer ; en effet, John McClane doit de nouveau traiter avec un Johnson et en fait même la remarque « Johnson, hein ? » avec son petit sourire propre à lui.

En bref, premier volet d’une longue saga, réalisé par une main de maître et joué divinement bien le tout surmonté d’une bande son impeccable. Si Bruce Willis ridiculise la police de Los Angeles en réglant leurs comptes aux terroristes d’après certaines critiques, John McClane restera le plus grand rôle de sa vie.

Gruber : – « This time John Wayne does not walk off into the sunset with Grace Kelly. »
John : – « That was Gary Cooper, asshole. »

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