Torpédo
Français, belgique : 2011
Titre original : Torpedo
Réalisateur : Matthieu Donck
Scénario : Matthieu Donck
Acteurs : François Damiens, Audrey Dana, Christian Charmetant
Distribution : Bac Films
Durée : 1h29
Genre : Comédie
Date de sortie : 21 mars 2012
Globale : [rating:3.5][five-star-rating]
Injustement assez peu distribué en France, Torpédo est le premier film d’un jeune réalisateur belge, Matthieu Donck. François Damiens, que l’on connaît surtout pour son personnage de François l’Embrouille, y joue un personnage assez éloigné de ses habitudes et réussit à convaincre.
Synopsis : Michel Ressac 35 ans sans situation précise passe son temps à ne rien réussir… Sa vie va pourtant changer du tout au tout quand un matin un appel téléphonique va lui annoncer qu’il vient de gagner le repas de sa vie avec son idole Eddy Merckx. C’est pour lui l’occasion inespérée de se « rabibocher » avec son père avec qui à son grand regret il ne partage plus grand chose mis à part la passion du vélo…
Des personnages en marge
Matthieu Donck aime incontestablement les figures un peu cabossées, malmenées par la force des choses. Le personnage de Michel Ressac est réellement celui d’un homme à la dérive, visiblement pauvre et sans situation précise. De ce fait, ce qui n’était au départ qu’un coup marketing classique va peu à peu devenir une sorte de raison de vivre pour lui qui y voit en quelque sorte une façon de renouer avec ses meilleurs souvenirs d’enfance. Et au delà de ça, on se rend vite compte que celui-ci cherche avant tout à retrouver l’insouciance et la simplicité de sa jeunesse, lorsqu’il pouvait se reposer sur sa famille pour exister et être accepté par la société. En effet celui-ci, au-delà de son aspect pathétique et ses approximations, se révèle être un personnage très humain et donc touchant, qui représente presque un enfant, un être presque pur au milieu d’un monde violent et hypocrite.
A partir du moment où les trois personnages principaux se trouvent réunis par hasard, le réalisateur fait ressortir leur marginalité et leurs faiblesses en les confrontant à des clones secs et hypocrites qui les jugent et les prennent de haut. Ce décalage aboutit à des situations souvent drôles et de nombreux quiproquos, servis par des dialogues absolument savoureux. L’ensemble fonctionne très bien, notamment grâce à la musique de Renaud Mayer qui accompagne les courtes scènes d’action.
Une affaire de famille
La question placée au cœur du film est la suivante : qu’est-ce qu’une famille ? Nous sont proposées deux visions radicalement opposées ; celle de Pascal Dumont, contraint de voyager avec les trois personnages dans le camping-car, qui est marié depuis des années et prend de haut le désir candide de Michel de fabriquer une famille sur le vif. Il considère que la famille est un ensemble « organique », basé sur les liens du sang. Or, on apprend très vite que celui-ci est en instance de divorce. A cette vision s’oppose l’acharnement de Michel, qui écoute l’avis de Pascal et s’investit au mieux pour souder l’ensemble et se rapprocher de Kévin et Christine.
Au final, aucune vision n’est vraiment privilégiée ; la famille selon Matthieu Donck se baserait surtout sur une complicité et un échange tout à fait simple et naturel. La scène finale représente parfaitement cette idée puisque même si la réalité les rattrape, on s’aperçoit que Michel a trouvé autre chose que ce qu’il cherchait à l’issue de ce voyage ; de vrais liens filiaux et une famille qui ne partage pas son sang mais qui a été construite à partir d’une réelle complicité.
Résumé
Matthieu Donck réussit le pari de réaliser un premier film rafraîchissant et humain et fait beaucoup avec pas grand-chose. Si l’ensemble n’est pas transcendant et le sujet assez commun, il est traité de façon originale et permet au spectateur de passer un bon moment grâce à un scénario bien pensé et des acteurs qui réussissent à convaincre. On attend de voir comment le jeune réalisateur évoluera !
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