Critique : Terraferma

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terraferma AFFICHETerraferma

Français, italien : 2011
Titre original : Terraferma
Réalisateur : Emanuele Crialese
Scénario : Emanuele Crialese , Vittorio Moroni
Acteurs : Donatella Finocchiaro, Filippo Pucillo, Claudio Santamaria
Distribution : Bellissima Films
Durée : 1h 28min
Genre : Drame
Date de sortie : 14 mars 2012

3/5

Avec Respiro, puis Golden Door, Emmanuele Crialese avait placé la barre très haut. Danger ! lorsqu’on attend beaucoup d’un réalisateur, que risque-t-il d’arriver ? Une certaine déception. C’est un peu ce qui arrive avec Terraferma, qui, loin d’être un mauvais film, est quand même un brin trop caricatural pour arriver au niveau de ses deux films précédents.

Synopsis : sur l’île de Lampedusa, entre Sicile et Tunisie, la vie des pêcheurs est de plus en plus difficile. Ne vaut-il pas mieux, pour gagner sa vie, louer sa maison à des touristes et utiliser les bateaux pour les emmener en mer ? Par ailleurs, l’île est devenue le point d’arrivée en Europe pour de nombreux clandestins venus d’Afrique. Lorsqu’on sauve certains d’entre eux de la noyade, quelle attitude faut-il adopter : respecter les traditions maritimes, faites de solidarité ou bien les dénoncer aux autorités ?

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Lampedusa : l’entrée en europe

Durant l’été de 2009, Emmanuele Crialese est retourné sur l’île de Lampedusa, là où il avait tourné Respiro il y a déjà 10 ans. Une île qu’il a trouvée profondément changée. Située à 167 km de la Tunisie et à 205 km de la Sicile, donc de l’Italie, donc de l’Europe, cette île italienne de 20 km carrés et de 6000 habitants est devenue une terre frontalière entre l’Afrique et l’Europe. Chargés jusqu’à ras bord d’africains essayant de fuir leur misère quotidienne et de trouver ce qu’ils pensent être un Eldorado, des barques en plus ou moins bon état arrivent sur cette île. Très souvent, une partie des passagers n’a pas survécu lors de la traversée. Quant aux milliers d’autres qui, chaque année, arrivent vivants, les difficultés sont loin d’être terminées. A partir de ce constat, Emmanuele Crialese a décidé de faire un film, en s’inspirant tout particulièrement de l’histoire vraie de Timnit T.. Cette dernière, originaire d’Afrique Centrale, a été une des cinq survivants d’une de ces traversées qui tournent à l’enfer. Dans la barque qui avait dérivé pendant 3  semaines, à côté d’elle, 65 cadavres. Timnit vit dorénavant aux Pays-Bas, elle est mariée, l’enfant qu’elle attend sera européen. A la demande du réalisateur, elle a accepté de revenir à Lampedusa pour interpréter le rôle de Sara, une clandestine sauvée par un pêcheur.

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Quel avenir pour les insulaires ?

Dans la construction du scénario écrit en collaboration avec Vittorio Moroni, Emmanuele Crialese a souhaité élargir son film à d’autres sujets que celui des immigrés africains. Sur cette île, vit une population dont, pendant très longtemps, la source de revenue principale était la pêche. Aujourd’hui, le tourisme est devenu une source de revenues importante et, grâce à des subventions européennes, les insulaires peuvent gagner davantage en détruisant leur bateau qu’en affrontant les dangers et la pénibilité du métier de pêcheur. Avec Filippo, le fils, Ernesto, son grand-père, Giulietta, sa mère, et Nino, son oncle, tous les comportements des insulaires sont pris en compte. Ernesto ne peut s’imaginer autrement qu’en pêcheur, il ne comprend pas les aspirations des jeunes de son île qui rêvent aux biens matériels de l’époque et à une vie moins rude ; Giulietta  a perdu son mari dans un accident en mère et elle souhaite un futur différent pour son fils ; Nino, lui, ne se voit plus travaillant comme pêcheur : les bateaux, cela peut servir à emmener des touristes en excursion, tâche plus facile, moins dangereuse et plus lucrative. Quant à Filippo, lui qui représente l’avenir de l’île, il est au centre de ce triangle, quelque peu indécis. Toutefois, toutes ces interrogations deviennent mineures lorsque, un jour, Ernesto et Filippo sauvent un groupe de clandestins de la noyade ? Dès lors, l’interrogation majeure consiste à savoir quel comportement adopter avec ces malheureux : traditions maritimes envers des naufragés face aux autorités qui interdisent toute aide, tout accueil.

Terraferma, Donatella Finocchiaro sexy dangling, feet, shoes, high heels

Très crédible mais …

Filippo Pucillo qui joue le rôle de Filippo avait 9 ans lorsque Emmanuele Crialese l’a découvert sur l’île de Lampedusa et l’a fait jouer dans Respiro. Il en avait 16 pour Golden Door. Il en a 20 aujourd’hui, et il dégage toujours une grande vérité dans son jeu. Mimmo Cuticchio (Ernesto), Donatella Finocchiaro (Giulietta) et Giuseppe Fiorello (Nino) sont tous des artistes professionnels. Certes, ils ne sont pas originaires de Lampedusa mais ils sont tous les trois siciliens. Quant à Timnit T., une des clandestins sauvés par Ernesto et Filippo, elle ne peut être que très crédible puisqu’elle joue une histoire proche de celle qu’elle a réellement vécue. Dans ces conditions, il est dommage que le réalisateur ait cru bon de parsemer son film de scènes caricaturales, en particulier dans sa peinture des touristes. Loin d’apporter un plus, ces scènes empêchent souvent de rentrer dans un film qui, sans cela, aurait été beau et émouvant. Une émotion que l’on ressent toutefois lorsque, pendant le générique de fin, on entend Sophie Hunger interpréter magnifiquement la chanson « le vent nous portera » du groupe Noir Désir.

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Résumé

On peut se retrouver face à un film qui a obtenu Le Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise 2011, un film du même réalisateur que Respiro et Golden Door, un film sur des sujets forts et émouvants et rester quelque peu sur sa faim tout au long de la représentation, tout cela à cause de quelques scènes caricaturales. Quel dommage !

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