36 films menacés dont le prochain Astérix

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Astérix & Obélix images du film 2012

36 films menacés de ne pas sortir après la fermeture des sociétés du groupe Quinta Industries

36 films menacés après la fermeture de plusieurs sociétés du groupe Quinta Industries.

La fédération des industries du cinéma à annoncé ce dimanche que plusieurs longs métrages étaient menacés suite à la fermeture des sociétés techniques du groupe Quinta Industries, chargées de leur post-production. Paris ces films, on retrouve entre autre le prochain « Asterix » et « La vérité si je mens 3 ».

Thierry de Segonzac, président de la fédération à declaré: « Nous avons procédé ces trois derniers jours à l’inventaire précis des films concernés et nous en avons identifié 36, dont douze en traitement immédiat dont la sortie est programmée dans les prochaines semaines et 24, dont le tournage est terminé et qui devaient entrer en post-production au cours du prochain trimestre ».

Le prochain  « Astérix – Au service de Sa Majesté » de Laurent Tirard, avec Gérard Depardieu et Edouard Baer tourné cet été en Irlande et en Hongrie, qui devait sortir à l’automne prochain fait donc partie de cette liste. Pour douze autres films, la sortie imminente risque d’être remise en cause: c’est notamment le cas du troisième volet de « La Vérité si je mens 3 », de Thomas Gilou (le 1er février) . Il en est de même pour « Une Nuit » de Philippe Lefèbvre avec Roshdy Zem et Sara Forestier prévu le 4 janvier; « 10 jours en Or » de Nicolas Brossette avec Franck Dubosc (le 11 janvier), « Sport de Filles » de Patricia Mazuy avec Josiane Balasko, Marina Hands et Bruno Ganz (25 janvier).

Sur la liste figurent également le premier film de Sylvie Testud, « La Vie d’une autre » avec Juliette Binoche et Mathieu Kassovitz ainsi que les sketches intitulés, « Infidèles », sur l’adultère réalisés par Gilles Lellouche, Jean Dujardin, Fred Cavayé et Emmanuelle Bercot.
Le groupe Quinta Industries, détenu majoritairement (83%) par l’homme d’affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar, spécialisé dans la post-production, a été placé jeudi en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre.

[COMMUNIQUE OFFICIEL DU 19 DECEMBRE 2012]:

Lorsqu’en 2002, l’un des deux grands laboratoires (LTC) dédiés au cinéma et à l’audiovisuel
s’est retrouvé au bord du dépôt de bilan, le groupe Quinta Communications a été le seul
disposé à injecter près de €5 millions pour le sauver. Cette initiative a tout de suite été
accueillie avec réticence par la profession qui se demandait « ce que je venais faire là ». Deux
ans plus tard, c’est le groupe Duran Duboi, très actif dans les métiers des effets spéciaux et de
la postproduction numérique qui déposait le bilan. Là encore, seul Quinta Communications
a présenté une offre de reprise pérenne dans le cadre de la présentation d’un plan de
continuation assortie d’une augmentation du capital de €3.0 millions.

Entre 2002 et 2011, ce sont plus de €100 millions de salaires et €80 millions de différentes
charges sociales qui ont été payées grâce à Quinta Communications qui a empêché la
disparition précoce de ces sociétés, en y injectant un total de €15 millions.

Durant cette période, notre groupe a apporté €30 millions de chiffres d’affaires sur des films
qu’il a produit ou co-produit en confiant des travaux de post production et de tirage à Quinta
Industries, et souvent à des conditions tarifaires moins avantageuses que ce que pouvait lui
offrir la concurrence nationale et internationale.

Nous n’avons pas hésité à « forcer la main » à des majors comme Warner ou The Weinstein
Company à tirer des milliers de copies chez LTC malgré les accords d’exclusivité qui les
liaient à Technicolor ou Deluxe.

En 2006, afin de constituer un groupe industriel solide, adossé au leader mondial de
l’industrie, Quinta Communications faisait rentrer Technicolor à son capital.

En outre, pour aider à la naissance d’un puissant pôle européen de tournage et de post-
production, Quinta Communications a accompagné Luc Besson et le Groupe Bolloré dans
le lancement de la Cité du Cinéma en investissant €4 millions. Cette Cité était destinée
à accueillir dès son lancement l’essentiel des activités de Quinta Industries reconverti au
numérique.

Deux rapports préparés à la demande de l’Etat, l’un de Pierre Couveinhes et l’autre
intitulé « Adieu la Pellicule », préconisaient un certain nombre de mesures, parmi lesquelles
une consolidation des principaux acteurs du métier.

C’est précisément la voie que Quinta Communications a tenté d’emprunter, en prenant
d’abord une participation minoritaire au capital d’Eclair et en convaincant ensuite les
actionnaires de son concurrent de réaliser un rapprochement stratégique.
C’est ainsi qu’en décembre 2007, un accord était signé entre les deux groupes.

Immédiatement, le projet a suscité de nombreuses réticences. Madame Christine Albanel,
Ministre de la Culture s’était « émue de cette opération de concentration ». Différents
syndicats et groupements professionnels (ARP, SACD, SRF, CST, etc…) ont dénoncé la
menace d’une position dominante que faisait peser ce projet sur leur profession.

Cette opposition a certainement influencé la position de la DGCCRF consistant à ne pas
autoriser la fusion.

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A ces conditions de marché, est venue s’ajouter une intervention publique par le biais d’une
aide à l’investissement en matériel de projection numérique accordée aux exploitants de
salles.

Aussi d’un côté on refusait aux laboratoires les marges de se consolider et de préparer l’ère
du numérique, et de l’autre on accélérait brutalement leur mort en aidant à la numérisation des
salles.
Les subventions dont ils avaient cruellement besoin pour se restructurées étaient accordées
avec une grande largesse aux exploitants de salle pour assécher le marché photochimique.
C’était clairement une « double peine ».

Les difficultés structurelles du métier, et notamment les délais de paiement
exceptionnellement longs des clients producteurs et distributeurs, le niveau des impayés à
hauteur de €40 millions pour les deux laboratoires au cours des 15 dernières années et la
concurrence effrénée à laquelle se livraient les différents laboratoires dans un marché en
contraction, ont contribué à aggraver la situation du groupe, et ce d’autant plus que celui-ci
n’a pu bénéficier d’aucun concours bancaire.

Enfin, la défaillance de Technicolor qui n’a pas été en mesure de tenir ses engagements
d’acquérir le groupe Quinta Industries afin d’en faire son enseigne en France où
paradoxalement il n’a aucune présence.

Le dernier espoir de survie du groupe a été l’annonce du programme de numérisation du
patrimoine français dans le cadre du Grand Emprunt.

En attendant le lancement de ce programme, l’accélération de la chute du photochimique a
entraîné un besoin de trésorerie accru.

Afin de permettre la transition d’un modèle d’industrie à l’autre, le groupe a bénéficié depuis
plusieurs mois de l’assistance soutenue du Tribunal de commerce de Nanterre dans le cadre
du service de la prévention puis de celui des procédures collectives.

Dans les mois qui ont précédé le redressement judiciaire, le groupe a sollicité auprès de ses
banques un prêt hypothécaire sur son site de Saint-Cloud. Valorisé par une offre ferme d’un
gros groupe immobilier Malgré l’appui indéfectible des services de Bercy et notamment du
Ciri, dont il faut saluer les efforts constants pour aider à une solution, cette démarche n’a pu
aboutir en raison de la crise financière de l’été 2011, pas plus que n’a pu aboutir la démarche
de Bercy auprès de Technicolor pour demander à ce dernier d’apporter son soutien à la société
dont il est actionnaire.

Le constat de la situation des industries techniques n’est guère brillant : en 2009, le
laboratoire GTC était liquidé, Eclair était mis en procédure de sauvegarde. Aujourd’hui,
Quinta Industries et LTC sont contraintes de fermer définitivement.

Du fait de l’impossible restructuration des industries, Eclair se trouve être aujourd’hui le seul
grand acteur de l’Industrie, situation pourtant redoutée par les détracteurs du projet de fusion.

Il ne reste qu’à espérer que ce laboratoire dont Quinta est actionnaire à 43%, pourra résister
face aux difficultés grandissantes de l’industrie. A défaut, la France, leader européen de la
production cinématographique, se retrouvera sans aucun laboratoire de taille critique et se
contentera d’une offre de service fragmentée et donc nécessairement fragile.

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