Amador

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Amador de Fernando León de Aranoa photo du film

AmadorAmador

Espagne : 2010
Titre original : Amador
Réalisateur : Fernando Leon De Aranoa
Scénario : Fernando León de Aranoa
Acteurs : Magaly Solier, Manolo Solo, Celso Bugallo
Distribution : Sophie Dulac Distribution
Durée : 1h52
Genre : Drame
Date de sortie : 15 février 2012

Globale : [rating:3.5][five-star-rating]

Dans la lignée des films indé « connaissance du monde » voici Amador, nouvelle réalisation de Fernando León de Aranoa (Les lundis au soleil). Le film, prix du jury au festival de Valenciennes 2011, est une chronique sociale narrant un segment de vie d’une jeune péruvienne expatriée. Le film est distribué de justesse en France par Sophie Dulac, directrice des « Écrans de Paris », un groupe de salles indépendantes de la capitale. Attendez-vous tout de même à une exposition limitée.

Synopsis : Marcela, une jeune femme démunie, trouve un petit emploi pour l’été : s’occuper d’Amador, un vieil homme malade et alité dont la famille est loin. Elle pense ses problèmes résolus mais Amador meurt peu après ce qui la met dans une situation précaire. Le décès du vieillard la laisse sans travail et elle ne peut l’envisager. Confrontée à un dilemme moral, Marcela prouvera que la mort ne peut pas toujours arrêter la vie.

Amador de Fernando León de Aranoa photo du film

Zen tu restera

Un détail que l’on remarque dés les premières minutes du film et qui ne lâchera pas 1h50 durant est la nonchalance de Magaly Solier, l’actrice principale. Les mouvements sont exagérément lents de même que les réactions qui mettent beaucoup trop de temps à arriver: elle paraît blasée de tout et semble avoir du mal à comprendre les enjeux. On ne sait pas s’il s’agit d’une indication scénique du réalisateur ou si cela tient du caractère de son actrice. Alors bien sûr nous ne sommes pas dans un film d’action, c’est une histoire contemplative, mais on a vraiment envie de la remuer un peu pour la réveiller car elle semble totalement endormie, c’est mou du genou!

D’ailleurs l’ensemble du casting est à peu près amorphe et en introspection quasi permanente: on s’exprime peu si bien que le spectateur ne comprend pas toujours où le réalisateur veut nous emmener. Un exemple tout bête : le personnage de la femme en fauteuil roulant, totalement nébuleux et chacun pourra l’interpréter à sa façon. Nous avons vue la projection officielle en présence du réalisateur qui n’a pas pu lui-même expliquer l’existence de ce personnage, légitimant sa création par un élan artistique, comprenne qui pourra. Le vieil homme, incarné par Celso Bugallo, présenté comme acteur principal, meurt au bout d’une demi-heure et quatre lignes de dialogue. Ce n’est pas vous gâcher l’intrigue que de vous révéler cela, la bande annonce le montre également. Seule Fanny Castro – la prostituée – apporte un peu de lumière dans ce monde terne et mélancolique. Les personnages sont des fantômes et bien souvent l’ombre d’eux-mêmes.

Amador de Fernando León de Aranoa photo du film

Une chronique atypique

Pourtant, passé ce désagrément, force est de reconnaître que le film se suit sans déplaisir. Le pitch est assez original même s’il se place dans un cadre qui l’est moins. Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, le métrage n’est nullement centré sur l’émigration ni même sur la basse classe espagnole extrêmement pauvre et qui survit. Ces thèmes sont survolés car ce n’est pas le propos. Il raconte simplement l’histoire de cette péruvienne venue en Espagne pour un homme qui ne lui apportera ni avenir ni bonheur, et qui va être obligée de travailler chez ce vieil homme. Et il y a de vraies envolées lyriques très émouvantes comme cette scène pourtant très simple où Marcela va nous faire la lecture d’une lettre. Le film n’est pas dénué de jolis passages tout en émotion, en poésie et en finesse.

Dans sa deuxième partie il se meut en dilemme moral (convention sociale face à la mort) et religieux (ne pas empêcher la vie après la vie) opposé à la nécessité purement terrestre de toucher un salaire. En cela la conclusion apportée par le réalisateur est carrément mordante et plutôt appréciable. Pourtant il y a un décalage de ton à noter : le film est présenté comme une comédie dramatique et le public riait aux éclats dans des scènes pas forcément appropriées, sapant l’effet dramatique au passage. Alors que parallèlement il y a des scènes très amusantes où la vieille péripatéticienne raconte des anecdotes sur ses clients et sur son métier à 30€ la passe. Mauvaise compréhension des spectateurs ou mauvaise explication du réalisateur, chacun jugera.

Résumé

Amador a tout du film intéressant sur le papier: un scénario original et inspiré ainsi qu’un bon casting. Malheureusement la prostration de l’actrice principale ainsi que la répétitivité d’une intrigue beaucoup trop longue et limitée dans ses enjeux finit par endormir le spectateur. Restent de jolis moments pleins de tendresse et d’émotion.

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