Un monstre à Paris
France : 2011
Titre original : Un monstre à Paris
Réalisateur : Eric Bergeron
Scénario : Stéphane Kazandjian
Acteurs : Vanessa Paradis, Mathieu Chédid, Gad Elmaleh
Distribution : EuropaCorp Distribution
Durée : 1h22
Genre : Animation
Date de sortie : 12 octobre 2011
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Eric (dit Bibo) Bergeron nous avait déjà agréablement surpris avec son Gang De Requins il y a quelques années. Il revient avec un film français, Un monstre à Paris, distribué par EuropaCorp, qui signe l’avènement du duo d’inséparables –M- et Vanessa Paradis. Alors, réussite ou échec ?
Synopsis : Dans le Paris inondé de 1910, un monstre sème la panique. Traqué sans relâche par le redoutable préfet Maynott, il demeure introuvable… Et si la meilleure cachette était sous les feux de « L’Oiseau Rare », un cabaret où chante Lucille, la star de Montmartre au caractère bien trempé ?
Cocorico
Un film français, par les français et …pour les français. C’est ce qu’on ressent en sortant de la salle. Paris est en effet le personnage clé de cette histoire incroyable qui nous transporte dans le Montmartre du début du 20ème siècle, lorsqu’il n’y avait encore que de l’herbe autour du Sacré-Cœur, pas de funiculaire et lorsque les cabarets étaient à chaque coin de rue.
Un monstre à Paris nous donne l’impression d’être une agréable carte postale vintage qui pourrait faire plaisir aux touristes, mais l’humour du film est beaucoup trop français pour cela. Ecrit clairement pour (et par) –M- et Vanessa Paradis, le film leur est presque dédié, avec des clins d’oeil ciblés qui passeront complètement au-dessus de la tête d’un étranger. De plus, et c’est une bonne surprise, Un monstre à Paris cache pleins de petites références cinématographiques qui font plaisir à voir. Seulement, ces dites références à Bourvil, je ne suis pas certaine qu’elles évoquent quoi que ce soit dans d’autres pays…
Mais après tout, on s’en fiche non ? C’est même plutôt flatteur de voir enfin un film qui nous est destiné, drôle et intelligent, avec les moyens d’une production « à l’américaine » mais pour faire rêver les Français… Cette faiblesse pour certain, fait donc selon moi toute la force de ce film qui nous touche d’autant plus. Et puis avec ce titre, vous êtes prévenus en même temps.
Un princesse et la grenouille revisitée
L’histoire de ce film en plus, est banale me direz-vous. Avec une morale sur la différence vu et entendu des dizaines de fois dans des dessins animés de tous genres, on se demande ce qui fera la différence cette fois-ci. Et bien, tout comme « La princesse et la grenouille » avait fait renaitre le Disney de notre enfance, Un monstre à Paris ramène les adultes et les enfants dans les salles.
Dans les deux dessins-animés, on parle d’amour, de transformation physique, de rejet…et de musique. Jazz dans l’un, jazz manouche dans l’autre. Et autant dire que c’est efficace. Les enfants seront ravis d’entendre de la musique, et vont rire au comique de situation, tout en frissonnant devant le grand méchant avide de pouvoir. Les adultes eux, écouteront les paroles et jeux de mots recherchés au-delà de la musique, et apprécieront les sous-entendus et le second degré présents dans les dialogues.
Le film fait donc le bonheur de toute la famille, offrant de beaux moments, de franches rigolades, des références cinématographiques qui plairont aux adultes, de sublimes chansons, une histoire qui fait chaud au cœur et une image qui ne ressemble à aucune autre.
Les puristes de l’animation seront peut-être déçus par les dessins pas toujours parfaits et aux traits exagérés, mais c’est ce qui fait le charme de cette histoire selon moi. Les couleurs sont chaudes, le Paris de la Belle Époque identifiable et reconstitué dans le détail, et quand c’est comme ça, on s’en tamponne un peu des problèmes de perspectives dans le fond. Même le « monstre » finit par être beau, sans parler de son petit bruit significatif que l’on entendra dans les couloirs à la sortie du film comme des pigeons qui roucoulent (et ce ne sont pas des enfants qui s’amusaient à l’imiter. Je dis ça, je dis rien).
Le casting qui change tout
Avoir un panel de stars qui doublent les voix de dessins animés, c’est devenu commun. Mais celui là, il a été écrit pour M et Vanessa Paradis, avec des chansons de –M-. Résultat, les voix collent parfaitement aux personnages, ou l’inverse on ne sait plus trop. Outre les têtes d’affiche, on retrouve tout de même Gad Elmaleh excellent dans le rôle d’une sorte de François l’embrouille amoureux, François Cluzet géant en méchant préfet taré, Bruno Salomone délirant en serveur avant-gardiste ou encore Ludivine Sagnier parfaite en demoiselle en détresse. Le reste des personnages, même sans des voix célèbres, sont tous hauts en couleurs et apportent leur pierre à l’édifice.
Du coup, le jeu d’acteur est très bon, et passe par dessus les dessins qui peuvent en repousser certains. Mais à côté de cela, on retrouve des chansons qui se marient parfaitement à l’histoire et (grâce à M) qui ont des paroles un peu plus évoluées que dans les Walt Disney. Bibo Bergeron accordait déjà beaucoup de place à la musique dans son Gang de Requins, il en fait de même ici pour nous offrir un bel hommage au cabaret, au cinéma et à Paris. En fait, la seule raison pour laquelle vous auriez le droit de ne pas aller voir le film, c’est si vous détestez M, ou Vanessa Paradis, ou les 2…pour les autres, c’est le film à ne pas manquer et le CD à acheter en sortant, puisque de toute façon, les airs du film risquent de ne pas vous lâcher de la journée après la projection. Tant pis, on en redemande !
Résumé
Un bonheur animé made in France qui plaira aux petits comme aux grands pour son humour, sa bande-originale, ses personnages, son histoire, ses couleurs chaleureuses et son ode à Paris qui vous procureront un plaisir…monstrueux. Rien de mieux comme remède anti coup de blues !
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