Critique : Carnage

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Carnage

CarnageCarnage

France, Allemagne : 2011
Titre original : Carnage
Réalisateur : Roman Polanski
Scénario : Yasmina Reza
Acteurs : Jodie Foster, Kate Winslet, Christoph Waltz
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h19
Genre : Drame
Date de sortie : 7 décembre 2011

3,5/5

Pour son premier tournage après son arrestation pour viol sur mineur, Roman Polanski a choisi d’adapter la pièce de Yasmina Reza Le Dieu du Carnage. Attiré par cette pièce pour « son unité de lieu et de temps », le réalisateur de The Ghost Writer relève un vrai challenge, avec en plus un casting plus que brillant : Kate Winslet, Jodie Foster, Christoph Waltz et John C. Reilly. Alors, réussi ? Verdict.

Synopsis : Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et se blessent. Les parents de la « victime » demandent à s’expliquer avec les parents du « coupable ». Rapidement, les échanges cordiaux cèdent le pas à l’affrontement. Où s’arrêtera le carnage ?

Carnage

Une mise en scène réussie …

Concrètement, Carnage met en scène deux parents qui s’affrontent sur deux idéologies contraires concernant l’éducation et leur rôle à jouer. Et évidemment, petit à petit on va s’éloigner du sujet jusqu’à aborder les problèmes complexes du couple et assister à une mise en scène plutôt loufoque.

Le film est à l’image de son affiche : on assiste à une dégression d’humeur, ce qui va rendre la situation plutôt explosive ! Il n’y a pas d’intrigue particulière car tout se passe dans l’appartement des Longstreet (Parents de la victime). Ça faisait longtemps qu’un huit clos n’était pas sorti au cinéma, et Polanski livre une mise en scène plutôt originale et intéressante à étudier.

Avec un dialogue enrichi (rempli de jolies références aussi bien artistiques que politiques) et un jeu d’acteur plutôt scotchant, Polanski parvient à rendre progressivement les personnages monstrueux et au bout de la crise de nerf, tel le mercure du thermomètre qui n’en finit plus de grimper. Et le tout, sans que le spectateur ne s’en aperçoive. C’est en ça que Polanski confirme une fois de plus son talent. Malgré un rythme rapide et une mise en scène très intéressante, il n’est pas impossible que le spectateur décroche.

Comme ce film est l’adaptation d’une pièce de théâtre qui a cartonné dans le monde, on a bien évidemment droit à des références théâtrales. A savoir, une unité de temps et de lieu respectée : un appartement (Polanski joue avec les pièces et sait les mettre en valeur, la pièce principale étant le salon), un après-midi, mais aussi une tonalité et des genres.

Ce film est troublant car il ne s’attache pas à un seul genre, c’est d’ailleurs son principal atout. Mêlant humour, burlesque et drame sur fond réaliste, le film sait varier les genres avec talent. On rit lorsque Kate Winslet vomit et que les Longstreet s’attardent sur les catalogues tachés de vomi au lieu de s’occuper de la jeune femme malade. Tout est loufoque mais profond et sarcastique. C’est en cela que Polanski a su décrire une société occidentale matérialiste plus attachée à l’objet et à l’apparence qu’à l’humain. Il met subtilement en scène une forme d’hypocrisie.

Le film est comme un flan qui gonfle, gonfle, gonfle… et qui finit par retomber jusqu’à éclater. La fin en soit n’est pas intéressante, il fallait juste trouver une conclusion convenable et amusante. Connaissant Polanski (on se souvient de la fin spectaculaire et alletante de The Ghost Writer) on aurait pu s’attendre à une fin tragique (à ce qu’un personnage en tue un autre), mais il ne se passe rien de tel. Mais ce qui est intéressant n’est pas la fin, mais plutôt la dégression de l’humeur des personnages.

Carnage

… pour un film qui mise tout sur ses personnages

Pour que le film attire les spectateurs et ait un intérêt essentiel, il fallait qu’on mette en scène un quatuor d’acteurs connus. Ils ont déjà fait leurs preuves auparavant, et ils ne sont qu’ici pour démontrer tout leur talent. Et ça marche vraiment.

Polanski a mis au sein de l’appartement New yorkais quatre personnages complètement différents qui vont se déchirer. Au début, ils sont tous dans la retenue et la courtoisie, on mange un crumble, on boit du café, on essaye d’être détendu et de régler l’affaire malgré une situation plutôt crispante. Ils sont mal à l’aise, nous aussi. Alors que Penelope Longstreet, en bonne mère de famille sans cesse dans le politiquement correct insiste sur le fait que son fils a « quand même perdu deux dents, à savoir deux incisives et un nerf vraiment endommagé », Nancy Cowan, embarrassée et éhontée essaye de s’en sortir comme elle peut.

Les hommes, eux, ont des caractères plus directs et rentrent dans le lard sans délicatesse pour le plus grand bien du public qui s’esclaffe. Michael Longstreet est simple, bon vivant, et se soumet un peu à sa femme tandis que Michael Longstreet, avocat, est accro à son téléphone et a des tendances rebelles envers sa femme. Quoi qu’il en soit, on n’a pas grand-chose à reprocher à ces acteurs qui savent parfaitement incarner leurs personnages.

Leur jeu est tellement subtil et intense qu’ils parviennent à monter crescendo sans que le spectateur ne s’en rende compte. Brillants, on ne peut rien leur reprocher. Sauf lorsque Madame Longstreet (Jodie Foster) crie et dramatise. Elle finit par être exaspérante. Seul bémol du jeu d’acteur qui mêle toutes les émotions possibles.

Enfin, dans ce film ils commencent par être courtois, puis plus irrités et enfin explosent, pour finalement obtenir le même comportement que leurs enfants. Tel père, tel fils, non ?

Résumé

Ce film n’est pas un chef-d’œuvre mais reste intéressant grâce à sa mise en scène peu commune au cinéma et aux acteurs qui s’impliquent au maximum pour rendre chaque situation crédible. Le public sera pris par ce film profond et burlesque grâce aux dialogues loufoques. Mais il sera sans doute déçu par la fin.

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