Visitors
France : 2022
Titre original : –
Création : Simon Astier
Acteurs : Simon Astier, Vincent Desagnat, Damien Jouillerot
Éditeur : Warner Bros. Entertainment France
Durée : 4h00 environ
Genre : Série TV, Science-fiction, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 21 septembre 2022
Richard, Bob et Mitch, trois amis d’enfance, vivent à Pointe-Claire. Richard suit les traces de son grand-père et intègre la police, mais l’accueil qui lui est réservé n’est pas des plus chaleureux. Le soir même, à la nuit tombée, deux lueurs étranges se percutent dans le ciel. C’est alors que de mystérieux événements surviennent dans la ville…
La saison
[4/5]
Quelques années après la fin de Hero Corp (2008-2017), la série qui l’avait fait découvrir et avait permis au public de différencier assez nettement sa sensibilité de celle de son demi-frère Alexandre, Simon Astier est donc revenu sur les écrans au printemps 2022 avec Visitors, qui se trouve également être la toute première série française produite spécifiquement pour la chaîne Warner TV.
Assez typique de l’écriture de son auteur / réalisateur, la série Visitors aborde donc la science-fiction par le biais d’une écriture comique, mais empreinte d’un profond respect pour le genre. Les gags absurdes et les situations franchement cocasses s’enchaîneront donc au fil des huit épisodes du show – en partie grâce aux retransmissions des émissions de TV de la chaîne WKP, qui jouent la carte de la satire féroce – mais l’univers développé par Simon Astier et son équipe reste toujours absolument cohérent, de même que la partie « sérieuse » de cette histoire d’extraterrestres.
Mine de rien, cet équilibre entre l’humour et le sérieux est probablement la clé de la réussite de Visitors. Car en dépit de sa tendance à faire rire de façon franche et vraiment efficace (qui se retrouve même parfois jusque dans la structure de certains épisodes, tels que le septième, construit à la manière de Rashomon, et racontant les mêmes événements de plusieurs points de vue différents), les enjeux dramatiques introduits au fil des épisodes ne sont jamais traités par dessus la jambe, et la série parvient vraiment à susciter un intérêt non seulement pour ses personnages, mais également pour les événements mystérieux qui se déroulent à Pointe Claire.
Il faut dire aussi que Pointe Claire et ses habitants dans Visitors, c’est un peu de Twin Peaks, un peu de X-Files dans l’atmosphère, un peu de Hero Corp bien sûr (on y retrouve Gérard Darier, François Frapier, Arnaud Tsamère et Alban Lenoir dans une petite apparition). Et bien sûr, on ne va pas mentir, un peu de Stranger Things également, même si Simon Astier et son équipe créative s’en défendraient probablement avec véhémence : Stranger Things et Visitors partagent en effet le même terreau de références et de culture populaire (anciennement appelée culture geek).
Visitors n’en pourtant pas pour autant une resucée de Stranger Things, et encore moins le Stranger Things français, même si on imagine volontiers que beaucoup n’hésiteront probablement pas à utiliser cette formule, qui claquerait bien sur la jaquette du coffret Blu-ray ou DVD de la série. Les frères Duffer et Simon Astier aiment les mêmes choses : le cinéma des années 80, Amblin Entertainment, les comics, l’imaginaire autour de la guerre froide… Les deux séries partagent de fait le même amour sincère du genre, mais on ne pourrait les confondre.
Dans Visitors, Simon Astier utilise de nombreuses références connues et identifiées de la part des spectateurs afin de créer à l’écran un univers qui lui paraîtra immédiatement familier. Pour autant, la ville de Pointe Claire n’en est pas moins étrange, créant une espèce de flottement par rapport à la réalité, surtout en ce qui concerne la notion de « technologie ». La police ainsi que par les militaires est tirée des ordinateurs des années 80 ; les voitures sont tous des modèles des années 90 ; les téléphones portables existent, mais pas de trace d’Internet. Le fait de nous plonger dans une espèce de réalité parallèle était également au cœur d’une autre réussite du genre à la française, la série Zone Blanche (on retrouve d’ailleurs Tiphaine Daviot au casting des deux séries).
Mais la direction artistique absolument remarquable de Visitors ne fait pas tout. Simon Astier avait déjà prouvé avec Hero Corp qu’il était un vrai amoureux des acteurs et des personnages, et il parvient ici à nouveau à faire vivre une petite quinzaine de personnages : un sacré tour de force si l’on considère que la série ne compte que huit épisodes ! Mais chacun est là, et bien là au cœur de Visitors, avec sa personnalité, ses punchlines. Des acteurs venus de chez Golden Moustache (Jérémie Dethelot, Adrien Ménielle, Aziz Aboudrar) aux deux lascars du PalmaShow (David Marsais et Grégoire Ludig), en passant par la « vieille garde » du cinéma populaire français (Henri Guybet, Bernard Le Coq) ou aux acteurs plutôt habitués aux rôles dramatiques (Damien Jouillerot, Delphine Baril…), tous parviennent réellement à « exister » à l’écran, avec une personnalité bien dessinée.
En deux mots comme en cent, on ne pourra que saluer l’immense réussite de Visitors, la dernière création en date de Simon Astier. Avec ses décors superbes et singuliers (les divers lieux importants de la ville de Pointe-Claire ont été créées en studios à Reims), sa direction artistique éblouissante, sa passionnante galerie de personnages et – surtout – son humour ravageur et irrésistible, Visitors s’impose sans peine comme une série 100% plaisir, que l’on prendra sans doute plaisir à revoir plusieurs fois. Et même si le dernier épisode n’appelle pas forcément à une suite, on prolongerait bien le plaisir sur une deuxième saison…
Le coffret Blu-ray
[4,5/5]
Comme d’habitude avec cet éditeur, le coffret Blu-ray de Visitors édité par Warner Bros. Entertainment France s’avère tout à fait satisfaisant, répondant à toutes les normes Haute-Définition que le consommateur est en droit d’attendre : la série affiche un beau piqué, un niveau de détails remarquable, ainsi qu’une palette de couleurs éclatantes et naturelles. « Précis, pointu, affûté », comme le déclamait Eric Cantona il y a 25 ans dans une pub TV devenue culte. Seule petite ombre au tableau : un encodage en 1080i (25i/s) qui génère quelques saccades sur les travellings, même s’il correspond probablement au format de diffusion d’origine sur Warner TV. Côté son, la série s’offre une piste DTS-HD Master Audio 5.1 ample, puissante et immersive, aux basses surprenantes et omniprésentes, soutenant clairement l’ambiance finement distillée par la série. On notera d’ailleurs que la série est également disponible en DTS-HD Master Audio 2.0, option qui paraît la plus plus cohérente si vous visionnez le film sur un simple téléviseur, sans barre de son ou système de Home Cinema.
Niveau suppléments, le coffret 2 Blu-ray disponible dans le commerce ne contient pas de suppléments. En revanche, on soulignera l’existence d’une « Édition Spéciale FNAC » disposant d’un Blu-ray supplémentaire tout spécialement dédié aux bonus. On y trouvera donc un peu plus d’une heure de suppléments, divisés en plusieurs featurettes. Le première reviendra sur la genèse du projet (17 minutes). Simon Astier nous y révélera avoir écrit trois versions successives du script. Il insistera également sur la notion de « rapport au passé » (concernant les personnages comme la série en règle générale) et soulignera l’importance de tous les personnages au cœur de l’intrigue. Le sujet suivant sera consacré à la direction artistique (12 minutes), née de l’idée de Simon Astier de « fabriquer des trucs avec des gens ». On y reviendra sur la préparation soigneuse de l’atmosphère visuelle du show, sur l’idée de rétro-futurisme en dehors de toute temporalité. Le souci du détail semble avoir été porté à son paroxysme : on s’en rendra par exemple compte en admirant le décor du magasin de jeux vidéo, et notamment sur les fausses jaquettes de jeux créées tout spécialement pour la série. On continuera ensuite avec un sujet consacré au design des créatures (8 minutes), et à l’importance de revenir à des effets spéciaux traditionnels. L’influence d’Alien et des monstres de Giger est évoquée, et le boulot de Laurent Huet et Jacques-Olivier Molon largement salué. Le dernier segment de ce making of en quatre partie reviendra sur la post-production de la série (14 minutes). On y parlera du tournage sur fond vert, des nombreux plans à effets spéciaux ou encore de la musique de Polérik Rouvière, volontairement en mode 90’s et très premier degré. Le producteur Stéphane Drouet y évoquera également la possibilité d’une deuxième saison, et Simon Astier se félicitera de l’aspect singulier de sa série : « singulier comme tous les gens chelou… ». Enfin, on terminera le tour des suppléments de cette galette exclusive par un court bêtisier (2 minutes).