Livide

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Livide - Film de Bustillo et Maury (1)

Livide - Film de Bustillo et Maury AfficheLivide

France : 2011
Titre original : Livide
Réalisateur : Julien Maury, Alexandre Bustillo
Scénario : Julien Maury, Alexandre Bustillo
Acteurs : Chloé Coulloud, Marie-Claude Pietragalla, Catherine Jacob, Béatrice Dalle
Distribution : La Fabrique 2
Durée : 1h30
Genre : Fantastique
Date de sortie : début 2012

Globale : [rating:3.5 ][five-star-rating]

La vague française de films d’horreur a probablement fait échoué sur votre rivage les deux compères Alexandre Bustillo et Julien Maury, réalisateurs du slasher radical « À l’intérieur ». Fidèles au cinéma de genre, ils nous invitent avec Livide à pousser la porte d’un manoir lugubre au beau milieu des landes bretonnes.

Synopsis : En Bretagne, la nuit d’Halloween, la jeune Lucie Clavel et ses deux acolytes qui s’ennuient à mourir dans leur petite ville de Province décident sur un coup de tête de cambrioler la maison d’une vieille femme plongée dans le coma. La légende veut que cette maison renferme un trésor…. Après avoir traversé la lande de nuit, le trio arrive chez Deborah Jessel et pénètre dans sa maison plongée dans les ténèbres. Ils ne tarderont pas à découvrir un « trésor » surprenant, ainsi que la véritable identité de Déborah Jessel …

Livide - Film de Bustillo et Maury (1)

Papillon de lumière

Livide fut projeté en avant première européenne au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2011. A cette occasion l’équipe de Critique-film eu l’immense plaisir de cueillir Alexandre Bustillo et Julien Maury à la descente de leurs lits, dimanche 18 septembre, pour une interview de près d’une heure consacrée à leur second film et leur apport au cinéma de genre français. Inutile de préciser qu’à nos yeux leur apport est considérable. Et si À l’intérieur était une proposition extrême, un film destiné à un public cible, Livide adopte un postulat fantastique, ancré dans une terre celtique gorgée de légendes où la France toute entière ferait bien d’aller se dégourdir les pattes pour saluer l’initiative.

Le film s’ouvre sur l’apprentissage de Lucie (Chloé Coulloud), future infirmière, qui visite de vieux patients à domicile en compagnie de sa tutrice plutôt rombière (Catherine Jacob). Tout comme leur précédent film, Bustillo et Maury ont le talent de nous présenter leurs personnages dans leur intimité du quotidien, ici sublimé par un folklore breton qui convoque taverne de pêcheurs, plages brumeuses et quelques éléments de mythologie celtique. Ils nous ont d’ailleurs confié avoir voulu rendre hommage à Claude Chabrol et ses portraits de classes moyennes provinciales. Pourtant le film se veut clairement tourné vers le fantastique et les lenteurs de son prologue servent un récit qui s’aventurera progressivement dans le surnaturel, par petites touches progressives. On comprend ainsi dès l’entame que les yeux verrons de Lucie sont une des clés de l’intrigue et que les papillons ne virevoltent pas sans symbolique.

Les jeunes acteurs forment un joyeux commando de cambrioleurs du dimanche. Même s’ils se sont bien impliqués dans leur rôle, on peut être agacé par cette tonalité teenager qu’il donne au film à grand coup de verlan et de comportements « tebé » pendant les crises. On est ravi de voir Catherine Jacob ramener sa gouaille pour porter le film dans ses premiers instants. Et Marie-Claude Pietragalla s’offre un rôle sur mesure en danseuse étoile à la beauté sinistre au bord de la crise de nerfs. Béatrice Dalle prête main forte au casting en faisant quelques rares apparitions fantomatiques plutôt anecdotiques.

Livide - Film de Bustillo et Maury (2)

Une atmosphère fouillée, parfois fouillis

L’abondance de références, aussi bien cinématographiques que littéraires, sont restituées avec une générosité incontestable. Le manoir où repose Deborah Jessel est plongée dans une atmosphère onirique et ténébreuse où les rampes en fer forgé dessinent des ombres qui dansent sur des murs ornés de trophées de chasse. Les meubles sont drapés, le plancher grince et les pièces sont truffées d’accessoires baroques qui flanquent les jetons. Lorsque l’on sait que le budget du film fut seulement de 2 millions d’euros, tout comme À l’intérieur, on ne peut que saluer la qualité de la direction artistique.

Mais cette générosité des réalisateurs fait malheureusement souffrir l’histoire lorsqu’elle s’embarque précipitamment dans des flashbacks et autres clés de lecture qui la parasitent de péripéties superflues. On en arrive à regretter les apparitions de tel ou tel protagoniste qui provoque une surenchère inutile. Cette obsession de vouloir offrir un maximum de divertissement au spectateur creuse une atmosphère fouillée, parfois un peu fouillis. C’est malheureux car le film est jalonné de sens cachés intéressants (dont je n’ai pris conscience qu’à la seconde projection) alors que certaines séquences s’appesantissent sur des digressions gratuites qui mériteraient de rester dans l’ombre (je n’en dis pas plus pour éviter de spoiler). Reste que chez Bustillo et Maury, tout est reconstruction. Et s’ils s’attaquent à des mythes fondamentaux de notre imaginaire collectif c’est toujours pour essayer de les dépasser et offrir une vision magnifiée des classiques ficelles du genre.

Résumé

Livide délaisse la cruauté du fait divers d’À l’intérieur pour nous transporter dans un manoir sépulcral regorgeants de secrets de famille. On est immergé dans une ambiance onirique généreuse qui s’égare parfois au détour de péripéties maladroites. Estampillé « qualité France », on salue cependant l’audace des réalisateurs qui s’aventure dans un genre déprécié en assumant totalement leur postulat fantastique.

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