Pater
France : 2011
Titre original : Pater
Réalisateur : Alain Cavalier
Scénario : Alain Cavalier
Acteurs : Vincent Lindon, Alain Cavalier, Bernard Bureau
Distribution : Pathé Distribution
Durée : 1h45
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 22 juin 2011
4/5
Alain Cavalier est un grand réalisateur de documentaire, notamment grâce sa série Portraits dans les années 90. Cette année, il n’a pas remporté de prix au Festival de Cannes 2011 avec Pater, simplement une belle ovation du public. Avec son nouveau film, il remet en question le lien étroit entre le documentaire et la fiction, le réel dans l’irréel et vice-versa. Pater, c’est l’histoire d’une relation entre deux hommes, un président et son premier ministre, mais aussi entre un réalisateur et son acteur.
Synopsis : Pendant un an ils se sont vus et ils se sont filmés. Le cinéaste et le comédien, le président et son 1er ministre, Alain Cavalier et Vincent Lindon. Dans « Pater », vous les verrez à la fois dans la vie et dans une fiction qu’ils ont inventée ensemble.
Pater et filius
L’histoire commence par un repas et se termine de la même façon. Alain Cavalier s’attache à des thèmes essentiels que sont les choses de la vie quotidienne mais aussi les relations entre les hommes. Malgré le fond politique, le réalisateur ne s’égare pas dans son discours engagé et ne fait qu’ « avancer » une idée tout le long du récit, sans pour autant perdre de la consistance. Il peut être intéressant de mettre en comparaison un film comme La Conquête et Pater. Deux approches totalement différentes, mais qui ont pour but de donner à réfléchir sur la nature humaine. Les deux films s’interrogent à la fois sur la figure publique et sur la figure privée.
Vincent Lindon (Welcome, Pour elle) est un acteur tout à fait particulier, au visage physiquement marqué, mais également avec de nombreux tics faciaux qui lui impose un rapport différent avec le public. Sa propre relation avec les spectateurs nous ramène au sujet même du récit et des rapports entre les individus. Alain Cavalier est un personnage étonnant qui, sans avoir l’air de peser chacun de ses mots, répond aux questions posées par la salle de manière très synthétique, parfois à côté, mais toujours dans une sorte de citation de lui-même. La manière dont il parle est comme sa manière de filmer, il va à l’essentiel pour nous dire des choses vraies auxquelles il croit.
Ce que Cavalier nous dit du Cinéma
Il y a une chose qui m’a toujours frappée : dans les soirées d’avant-première, les spectateurs posent plus de questions concernant le sujet de l’histoire que sur le film lui-même, ou sur le cinéma. Et sur celui-ci en particulier, les questions sur la politique allaient de bon train. Une personne a d’ailleurs demandé son avis à Vincent Lindon sur des faits d’actualités…. Or, il me semble qu’on s’égare en ramenant simplement ce film à son sujet. Car le réalisateur parle avant tout de cinéma au travers de sa petite caméra numérique et de son dispositif de création (à la manière d’une Agnès Varda dans Les glaneurs et la glaneuse). Il n’y a pas de scénario, ni de dialogues. Ce sont simplement des moments fictifs ou réels qui venaient dans l’instant présent.
Le générique doit être l’un des plus courts de tous ceux que j’ai pu voir, créant une véritable bulle de l’intime. Le choix du numérique accentue d’autant plus les frontières entre la fiction et la réalité, mais le cadrage et l’image nous rappellent que ce n’est pas une simple vidéo You Tube et qu’il y a bien un grand réalisateur derrière la machine. D’un autre point de vue, le numérique démystifie l’industrie cinématographique en la rapprochant de nous, la rendant accessible. Cette démystification de l’objet n’est qu’un leurre puisqu’il se mystifie lui-même. Montrer l’envers du décor n’est qu’une nouvelle façon de mettre en scène ce qui n’est pas censé l’être. Pourtant, la force de Pater est de nous faire croire que nous sommes tous capables d’en faire autant, et en même temps, de nous obliger à respecter son travail comme une véritable œuvre de cinéma d’auteur.
Résumé :
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