Kraven the Hunter
États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : J.C. Chandor
Scénario : Richard Wenk, Art Marcum, Matt Holloway
Acteurs : Aaron Taylor-Johnson, Ariana DeBose, Russell Crowe
Éditeur : Sony Pictures
Genre : Aventures, Super-Héros
Durée : 2h07
Date de sortie cinéma : 18 décembre 2024
Date de sortie DVD/BR/4K : 23 avril 2025
Kraven, un homme dont la relation complexe avec son père, l’impitoyable Nikolai Kravinoff, l’entraîne vers une vengeance aux conséquences brutales, l’appelant à devenir non seulement le plus grand chasseur du monde, mais aussi l’un des plus redoutés… [Même s’il ne veut absolument rien dire, il s’agit du synopsis officiel du film, validé par Sony]
Le film
[2,5/5]
Kraven the Hunter s’inscrit dans le Sony’s Spider-Man Universe, un univers partagé lié aux super-héros de chez Marvel dont il constitue le sixième et dernier épisode. Prêtant enfin l’oreille aux récriminations incessantes de la critique et du public fusant partout dans le monde depuis Venom en 2018, Sony a finalement annoncé suspendre la production des projets à venir au cœur du Sony’s Spider-Man Universe pour se consacrer uniquement à la production du quatrième Spider-Man avec Tom Holland (prévu pour 2026) ainsi qu’à celle de la très attendue série Spider-Noir centrée sur le personnage de Spider-Man Noir interprété par Nicolas Cage.
Comme son titre l’indique, le film de J.C. Chandor est basé sur le personnage de Kraven le Chasseur, bien connu des amateurs des aventures old school de Spider-Man : il s’agit d’un super-vilain créé par Stan Lee et Steve Ditko en 1964, et membre de la bande des Sinister Six, aux côtés du Docteur Octopus, du Vautour, d’Electro, de Mystério et de l’Homme-Sable. Le scénario de Kraven the Hunter reprend fidèlement certains aspects du personnage, mais le transforme assez rapidement en une espèce de justicier aux méthodes expéditives, travaillant aux côtés de Calypso afin de débarrasser de la pègre. Pour les lecteurs de séries Marvel, outre Calypso, le film nous donnera également à voir le Rhino (qui n’est plus joué par Paul Giamatti mais par Alessandro Nivola), l’Étranger et le Caméléon, dans des apparitions plus ou moins longues.
Prenant la forme d’une Origin Story des plus banales, et ne parvenant jamais à accrocher le spectateur Kraven the Hunter arrive non seulement avec vingt ans de retard, mais s’empêtre surtout dans les méandres d’un scénario trop timoré, qui ne parvient jamais à surprendre. Il y a beaucoup d’action, et les acteurs font de leur mieux, mais l’ensemble ne décolle pas. Si le film s’en était tenu à 90 minutes d’action digne d’un film de série B, il aurait pu être plus divertissant, et même peut-être relativement digeste, en dépit des trahisons au personnage opérées par le scénario. Au lieu de cela, nous avons eu droit à des séquences inutilement exagérées de dialogues stériles et d’interactions artificielles entre les personnages. Trente minutes du film au bas mot auraient pu être écartées du montage final, et Kraven the Hunter n’en fonctionnerait que beaucoup mieux.
Il y avait pourtant du potentiel, le personnage de Kraven ayant été à l’origine d’une poignée de comics aujourd’hui devenus des classiques de la maison Marvel, tels que « La Dernière chasse de Kraven » de J. M. DeMatteis et Mike Zeck en 1987. Par ailleurs, on avait trouvé une incarnation plutôt réussie du personnage dans Marvel’s Spider-Man 2, le jeu vidéo développé par Insomniac Games pour la PlayStation 5 en 2023. En deux mots comme en cent, si Kraven the Hunter ne vaut peut-être pas la haine féroce qu’il a provoqué sur les réseaux depuis sa sortie dans les salles, il demeure tout de même une sacrée occasion manquée pour le Sony’s Spider-Man Universe. Dommage.
Le Blu-ray
[4/5]
L’éditeur n’ayant cette fois pas été en mesure de nous faire suivre un exemplaire de Kraven the Hunter au format Blu-ray 4K Ultra HD, nous nous contenterons d’un simple test Blu-ray. Peut-être aurait-on davantage apprécié le film au format 4K ? Le mystère reste entier, la Ultra Haute-Définition ayant parfois – tel un revers de la médaille – la particularité de mettre en évidence les effets spéciaux numériques les plus médiocres, on se dit qu’avoir découvert Kraven the Hunter en Blu-ray est peut-être une bonne chose. Comme d’habitude avec Sony Pictures, le Blu-ray disponible en France depuis quelques jours est tout simplement remarquable : le film affiche un piqué saisissant, un niveau de détails assez ahurissant, ainsi que des couleurs littéralement explosives et des contrastes au taquet. Les teintes de peau sont convaincantes, les couleurs primaires vibrantes et des niveaux de noir sont abyssaux. Côté son, la version française et la version originale sont encodées en DTS-HD Master Audio 5.1, dans des mixages immersifs, riches en effets d’ambiance (brouhaha, échos) et très spectaculaires durant les séquences d’action. Le caisson de basses est agressif, surtout lorsque le Rhino entre en jeu, mais d’autres séquences offrent également beaucoup de grondements dans les basses. L’activité des enceintes arrière est également très réussie, créant un environnement sonore immersif.
De façon traditionnelle, la section suppléments est composée d’une poignée de featurettes qui survoleront la production du film de façon informative, mais sans jamais évoquer les problèmes de production, les revers ou l’avenir du Sony’s Spider-Man Universe. On commencera par une featurette à la gloire d’Aaron Taylor-Johnson (5 minutes) et à sa performance dans la peau de Kraven. Il semble clair que l’acteur ait désespérément voulu apporter quelque chose de plus à son personnage, mais qu’on ne l’ait pas forcément laissé faire. Le sujet suivant est consacré aux cascades du film (5 minutes), et reviendra sur les risques du métier, et la volonté de l’équipe de « tout faire pour de vrai ». Cela a de quoi faire sourire quand on voit Kraven escalader des immeubles en CGI foireux, affronter un lion en CGI foireux, ou se battre contre un homme-rhino géant en CGI foireux. La featurette suivante est consacrée au réalisateur J.C. Chandor (5 minutes), qui se fait sucer par ses acteurs qui tentent de nous faire croire qu’il est le nouveau Stanley Kubrick. On continuera ensuite par un regard rapide sur le reste du casting de Kraven the Hunter (6 minutes), et on terminera avec une poignée de scènes coupées (4 minutes) et le traditionnel bêtisier (3 minutes).