Critique Express : Little Jaffna

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Little Jaffna

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Lawrence Valin
Scénario : Lawrence Valin, Yacine Badday, Arthur Beaupère, Malysone Bovorasmy, Gaëlle Macé, Marlène Poste
Interprètes : Lawrence Valin, Puviraj Raveendran, Vela Ramamoorthy
Distribution : Zinc Film
Durée : 1h39
Genre : Drame, Policier
Date de sortie : 30 avril 2025

2/5

Synopsis : Le quartier de « Little Jaffna » à Paris est le cœur d’une communauté tamoule vibrante, où Michael, un jeune policier, est chargé d’infiltrer un groupe criminel connu pour extorsion et blanchiment d’argent au profit des rebelles séparatistes au Sri Lanka. Mais à mesure qu’il s’enfonce au cœur de l’organisation, sa loyauté sera mise à l’épreuve, dans une poursuite implacable contre l’un des gangs les plus cachés et puissants de Paris.

Alors que certains conflits ont été très largement exploités au cinéma, ce n’est pas le cas de la guerre civile du Sri Lanka qui a opposé durant des années le gouvernement du Sri Lanka dominé par une majorité cinghalaise bouddhiste, et les Tigres tamouls, une organisation séparatiste luttant pour la création, pour la minorité hindoue tamoule, d’un État séparé, leTamil Eelam, dans l’Est et le Nord du pays. Cette guerre civile a fait environ 100 000 morts ou disparus. Il y a 10 ans, Jacques Audiard, avec Deephan, Palme d’or 2015, nous avait narré l’histoire d’un combattant des Tigres tamouls réfugié en France pour fuir la guerre civile, mais Lawrence Valin, lui même issu d’une famille franco-tamoule et dont  Little Jaffna est le premier long métrage en tant que réalisateur, a cherché à nous donner une représentation beaucoup plus riche de la communauté tamoule de Paris. Une communauté qu’on retrouve en grand nombre dans le quartier de La Chapelle et qui vaut à ce quartier le surnom de Little Jaffna, en référence à la ville de Jaffna, la capitale de la Province du Nord du Sri Lanka dont la population est presque exclusivement tamoule. C’est dans ce quartier que se déroule chaque année la traditionnelle fête de Ganesh, l’ouverture du film ayant d’ailleurs été filmée à cette occasion, donnant au film une approche documentaire dans laquelle le réalisateur est venu plonger sa fiction. Le film tourne autour de 3 personnages principaux : Michael Baulieu, arrivé en France à l’âge de 4 ans, un orphelin sri-lankais, fils d’un tigre noir, que sa « ammamma », grand-mère en tamoul, va élever et qui, devenu policier et depuis peu à la DGSI, va être choisi pour infiltrer le gang des Killi’z, une organisation criminelle qui soutire de l’argent à la communauté tamoule de Paris et qui le fait parvenir via la Suisse aux Tigres du Tamoul ; Aya, qui, sous une couverture d’épicier, est en fait le représentant local des Tigres du Tamoul ; Puvi, le bras droit d’Aya qui va introduire Michael, avec qui il a sympathisé, au sein des Killi’z.

On connait tous l’expression « Qui trop embrasse, mal étreint », une expression que nombre de spectateurs auront en tête à la sortie de Little Jaffna. En effet, même si on éprouve de la sympathie pour Lawrence Valin qui, en tant que comédien, a toujours rencontré des difficultés pour sortir des rôles secondaires dans lesquels sa couleur de peau le cantonnait et qui a décidé de s’offrir un premier rôle dans un film se déroulant dans un environnement où presque tout le monde a la même couleur de peau que lui, on regrette un peu qu’il soit tombé dans le si fréquent piège du premier film, piège consistant à vouloir parler de tout ce qu’on a en tête, à vouloir ne rien oublier des influences qui, consciemment ou inconsciemment, vous ont plus ou moins marqué. On se retrouve in fine avec un film très brouillon qui tient par moment du thriller, par moment du film d’espionnage, par moment du « film de baston », par moment du film politique, par moment du film social sur les dilemmes que vivent les immigrés partagés entre la loyauté envers leur communauté d’origine et celle envers leur pays d’accueil et même, par moment, de la tragédie shakespearienne versant « Roméo et Juliette » revue à la West side story, avec les rivalités entre bandes ennemies à propos d’une histoire d’amour dans laquelle Puvi est impliqué. Dans sa manière de filmer, Lawrence Valin se revendique surtout de l’influence de Martin Scorcese, mais aussi de celles de James Gray et de Quentin Tarantino, tout en reconnaissant des clins d’œil donnés au cinéma de Sergio Leone et à celui venu du sud-est asiatique, coréen ou hongkongais sans oublier les films en langue tamoule de Kollywood dans lesquels joue le comédien Vijay. La plupart des acteurs de Little Jaffna sont des amateurs à l’exception bien sûr du réalisateur qui interprète le rôle de Michael, de Radikaa Sarathkumar, grande star du cinéma indien qui interprète le rôle de la grand-mère de Michael, de l’écrivain et acteur indien Vela Ramamoorthy, l’interprète de Aya, et de Marilou Aussilloux, qu’on avait fort appréciée récemment dans La pie voleuse de Robert Guédiguian. Lawrence Valin tenait à tourner son film en scope. Maxence Lemonnier, le Directeur de la photographie, fait un très bel usage de ce format, montrant, en accord avec le réalisateur, la stabilité qu’apporte la grand-mère en tournant en plan fixe les scènes qui la concernent et utilisant la caméra à l’épaule pour tourner les scènes d’action pleines d’énergie.

 

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