Les linceuls
Canada, France : 2024
Titre original : The shrouds
Réalisation : David Cronenberg
Scénario : David Cronenberg
Interprètes : Vincent Cassel, Diane Kruger, Guy Pearce
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 2h00
Genre : Drame, Science Fiction, Thriller
Date de sortie : 30 avril 2025
1.5/5
Synopsis : Karsh, 50 ans, est un homme d’affaires renommé. Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met en quête des coupables.
D’une manière générale, la mort n’a pas bonne presse et, afin d’en cacher la réalité, on s’empresse le plus souvent de dissimuler les cadavres aux yeux de tous à l’aide de ce qu’on a coutume d’appeler un linceul. Il faut avoir le cerveau un peu dérangé d’un Cronenberg pour imaginer un linceul connecté qui, loin de dissimuler le cadavre, permet aux personnes vivantes de rester en contact avec le défunt ou la défunte afin, en particulier, de suivre la décomposition de son corps. Il parait que cette idée morbide, David Cronenberg l’a eue en 2017, à la suite du décès de Carolyn Zeifman, son épouse, vaincue par un cancer. Dans Les linceuls, il met en scène Karsh, un homme d’affaire dans la cinquantaine, propriétaire de la moitié d’un cimetière et du restaurant qui le jouxte, un homme qui a perdu sa femme 6 ans auparavant et qui, depuis, est inconsolable. De toute façon, impossible pour cette défunte de religion juive de procéder à son incinération, l’explication donnée dans le film, mais qui n’est pas la seule, étant que, dans le religion juive, l’âme doit rester un long moment au dessus du corps en train de se décomposer. Un geek qu’il connait très bien va lui permettre de mettre en œuvre cette invention de cercueil connecté. Cette possibilité de rester en contact avec les disparu(e)s qu’on a aimé(e)s, il a décidé de la proposer à d’autres que lui, moyennant finance, bien évidemment, chaque acheteur pouvant donc suivre « son » mort dans ce cimetière connecté qu’il a créé, « son » mort, mais pas les autres morts. Ne voulant pas se limiter à un scénario basé uniquement sur la technologie et le morbide, David Cronenberg a ajouté un côté thriller à son film, en injectant des actes de vandalisme et de profanation se déroulant dans le cimetière connecté.
On connait depuis longtemps l’appétence du réalisateur canadien pour les mutilations des corps, pour l’érotisme, pour le fantastique, la science fiction et les nouvelles technologies. On retrouve tout cela dans Les linceuls. Après tout, nous sommes dorénavant dans un monde dans lequel les connexions entre personnes à base de technologie remplacent progressivement les rencontres réelles, alors pourquoi ne pas continuer à être technologiquement connecté lorsque la mort fauche un proche. Toutefois, là où le bât blesse dans Les linceuls, c’est que cette idée de connexion entre un(e) défunt(e) et une personne vivante aurait apporté une réflexion beaucoup plus riche sur le travail de deuil qui pourrait en être tiré si elle ne s’était pas limitée au suivi de la décomposition du corps. De plus, on n’arrive pas trop à comprendre quelle peut être l’opinion du réalisateur sur cette invasion des réseaux sociaux dans notre vie de tous les jours. Dans ce film à l’esthétique très froide, coproduit par Saint Laurent et présenté en compétition au Festival de Cannes 2024, Vincent Cassel, l’interprète de Karsh, s’est physiquement métamorphosé en réplique de Cronenberg deux ou trois dizaines d’années plus jeune qu’aujourd’hui. Quant à Diane Kruger, elle interprète avec un certain brio et une dose d’humour 3 rôles différents : Becca, l’épouse de Karsh, sa sœur jumelle et un avatar créé par l’intelligence artificielle.