Zig Zig
France : 1975
Titre original : –
Réalisation : László Szabó
Scénario : László Szabó
Acteurs : Catherine Deneuve, Bernadette Lafont, Walter Chiari
Éditeur : Pathé
Durée : 1h30
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 1 janvier 1975
Date de sortie DVD/BR : 26 mars 2025
Marie et Pauline sont deux amies inséparables qui tentent de financer leur maison de rêve en étant chanteuses de cabaret, mais aussi et surtout en faisant le ZIG ZIG. Un soir, une vieille chanteuse d’opéra se fait kidnapper et le monde de Marie s’effondre lorsqu’elle découvre que Pauline est impliquée dans l’affaire…
Le film
[3,5/5]
Zig Zig est sans aucun doute un des films les plus oubliés – et par conséquent l’un des plus méconnus – de la carrière de Catherine Deneuve. Et pour cause : il fut en son temps très mal reçu par la critique, et en n’attirant qu’un peu moins de 300.000 spectateurs dans les salles en 1975, on peut également parler d’échec commercial. Volontairement outré, violemment surréaliste, Zig Zig est une véritable curiosité filmique, mise en scène par László Szabó, acteur et cinéaste d’origine hongroise. Proche des cinéastes de la Nouvelle Vague, Szabó se laissa convaincre de jouer dans une poignée de films, et réalisa deux longs-métrages dans les années 70, dont ce fameux Zig Zig. Si le film ne suit pas réellement de logique narrative claire, et donne souvent l’impression d’avoir été semi-improvisé au moment du tournage, Zig Zig est tout de même globalement centré autour de Marie et Pauline, deux danseuses / chanteuses / prostituées de Pigalle, qui rêvent de construire un chalet dans la montagne, et économisent tout l’argent de leurs passes pour se l’offrir.
Catherine Deneuve et Bernadette Lafont ne sont pas crédibles une seconde en putes, mais Zig Zig en prend rapidement son parti, multipliant les scènes volontairement grotesques, absurdes, délirantes. Dans une interview accordée à So Film en 2016, Catherine Deneuve raconta qu’il s’agissait d’un des tournages les plus chaotiques qu’elle ait vécu, le réalisateur László Szabó étant constamment bourré sur le plateau : cet état d’ébriété avancé se retrouve quasiment à l’écran. Car Zig Zig, c’est aussi un inspecteur de police qui parle avec philosophie – et non sans une certaine émotion – de son ver solitaire, c’est un ministre qui déclare gaiement à la presse, suite à l’enlèvement de sa femme, que « les femmes sont si facilement emportées », c’est un amant qui se coince le doigt dans un robinet mais choisit de se le trancher pour ne pas affronter les foudres du mari cocu… Au fur et à mesure que le récit avance, entre deux séquences ridicules ou absurdes, pointent par moments quelques touches de poésie. Zig Zig mélange la comédie burlesque, le mélo, le happening… Et du côté des acteurs, on notera la présence d’Hubert Deschamps, second rôle incontournable de la comédie française des années 70/80, ou encore de Jean-Pierre Kalfon en guitariste chtarbé. Et si vous avez l’œil affûté, vous pourrez reconnaître Claude Berri, Noël Simsolo et Jean-François Stévenin dans le défilé des clients de Marie et Pauline au début du film.
Le Blu-ray
[5/5]
Zig Zig débarque donc aujourd’hui au format Blu-ray sous les couleurs de Pathé. Restauré en 2K à partir du négatif original, le film de László Szabó intègre la prestigieuse collection « Version restaurée par Pathé » et s’impose aujourd’hui dans un master éblouissant. On se trouve en effet en présence d’une copie littéralement sublime, lumineuse et propre, aux contrastes soignés et à la colorimétrie impeccable. Le niveau de détail est d’une précision absolue. Le transfert respecte par ailleurs à la lettre la granulation argentique d’origine, mais la définition et le piqué sont au rendez-vous. Côté son, le film nous est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 et mono d’origine : la bande son est claire, parfaitement propre et équilibrée, et s’avère respectueuse du rendu acoustique d’origine, tout en finesse, se concentrant essentiellement sur des ambiances habilement distillées.
Du côté des suppléments, on commencera avec une présentation du film par Sébastien Le Pajolec (41 minutes). Il reviendra sur la carrière de László Szabó, en commençant par évoquer son parcours d’acteur, puis ses films : Les gants blancs du Diable tout d’abord, puis Zig Zig. Il évoquera les influences, le tournage, les thématiques, les acteurs/actrices et bien sûr la réception du film. On trouvera également des entretiens croisés avec Raphaëlle Bacqué et Esther Hoffenberg (32 minutes). L’une reviendra sur la carrière et la personnalité de Catherine Deneuve, l’autre sur celles de Bernadette Lafont, et leurs analyses se rejoindront de façon assez intéressante sur le film de László Szabó.
